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11/11/2011

171. Cerveau et relations sociales


Texte lu


Ce fut une conversation parmi bien d’autres avec un ami. Il était empressé de s’exprimer et cherchait une oreille attentive.

Bien que la thématique de l’échange ne s’y prêtât pas, il s’arrêtait périodiquement et soudainement, alors un bref sanglot suivait le silence. Reprenant contenance, il disait : « C’est ridicule ! »

Pourquoi ce jugement péremptoire ? Car un homme, cela ne pleure pas, notamment pour des circonstances futiles !

Est-on bien certain de cela ?

Cette réponse prend sa source dans l’éducation classique que l’on inculque aux enfants afin qu’ils sachent comment se comporter plus tard en société.

Mais les larmes révèlent simplement un « trop-plein » émotionnel.

Or, il y a souvent un fossé entre l’éducation et la sagesse corporelle, riche de millions d’années d’expérience.

Pleurer évite de contenir les émotions, de les maintenir sous pression et peut-être, avec le temps et le renouvellement, à favoriser l’émergence de certaines pathologies.

Il est possible de ne pas vivre sous dépendance émotionnelle en recourant à l’attention, y substituant la sensibilité, mais cela demande compréhension et constance.

Mais venons-en à l’objet essentiel de cette conversation : il avait changé, c’était comme une révélation ; dorénavant, il allait s’adonner à voir du monde, provoquer des rencontres, fréquenter des groupes afin de partager nombre d’activités.

« Connaissant cet ami de longue date, il émit ce propos : « C’est bien. Le cerveau est programmé pour faciliter les relations sociales, si l’on s’engage dans cette expérience, il adore cela et active la zone de récompense ! »

Alors la réponse fusa : « C’est toi qui me dis ça ? »

Connaissant bien le parcours de son interlocuteur, l’étonnement était pratiquement la seule réaction possible.

En effet, sans être reclus, vivant dans le monde sans être du monde, il essayait de vivre le contact avec les personnes par l’attention, mais ne participait à aucune activité organisée, de nature sportive, ludique ou culturelle.

Etait-il une exception, comme le lui rappelait fréquemment l’ami qui avait changé ?

La réponse immédiate est oui !

Seulement, doit-on se contenter de cet affect primesautier ? Ne serait-ce pas là simplement le vernis auquel nous nous sommes tellement habitués, tant il recouvre et masque si bien la superficialité des événements ?

Essayons de dépasser ce stade habituel, peut-être y découvrirons-nous des enseignements susceptibles de connaître notre nature plus en profondeur !

Tout d’abord, le bons sens : être une exception relève de l’arithmétique basique ; pour une personne cela détermine, dans une population représentative (caractéristiques, appartenance au groupe, nombre significatif), le pourcentage des êtres que l’on qualifie ainsi. Si ce taux est faible, et que ces personnes diffèrent par leur comportement, on peut effectivement les considérer comme des exceptions.

Mais au-delà de cela, essayons d’envisager la situation de manière objective, en l’occurrence, sans passer par le filtre émotionnel qui va impressionner le mental.

L’exception s’apprécie au regard de la normalité, qui elle-même reflète un modèle particulier, le modèle sociétal.

Que prône ce modèle ? Il est facile de s’en rendre compte en observant l’état du monde : les divergences, les inégalités et les souffrances générées.

Mais il semble que l’on s’éloigne du sujet, d’ailleurs, le titre nous le rappelle : « Cerveau et relations sociales ».

La relation sociale, donc, est au cœur du cerveau, elle fait partie de sa programmation et s’exerce par la recherche de comportements grégaires.

Dès lors, ne serait-ce pas antinaturel de se poser en exception face à cette manière d’être innée ? Cela mérite effectivement réflexion !

En préalable, un constat : si le cerveau facilite la relation sociale, pourquoi tant de conflits ?

C’est la résultante de deux composantes : la conscience avec ses schémas mémoriels (éducation, réflexions, sentiments...), et l’influence du modèle sociétal, notamment la place que l’on occupe en son sein.

Considérons maintenant le rôle du cerveau dans la mémorisation. Pour cela, faisons le parallèle avec un système informatique. Ce que l’on appelle l’ordinateur, c’est l’unité centrale (UC), elle contient tous composants nécessaires à son fonctionnement : processeur, carte-mère, disque dur, mémoire vive, carte réseau (Internet)...

De cette configuration, retenons les périphériques de stockage : les disques durs. Ils sont nommés par des lettres majuscules, à partir de C (disque principal), suivi de deux points (C :).

Par défaut, tous les nouveaux programmes installés sont dirigés sur C. Si le système comporte plusieurs disque durs, l’opérateur peut choisir l’un d’eux à condition que cette option soit possible.

Peut-on transposer cette technique avec le cerveau ? Oui, et mieux encore ! Il s’agit de la reprogrammation cérébrale.

Comment procéder ?

En discernant les schémas mentaux ; en choisissant de ne plus subir certains ; en choisissant sa manière d’être. Pour ce faire, maintenir une vigilance par l’attention.

Ainsi se manifeste l’impression que l’on ne peut agir autrement. Ce sentiment peut être le point de départ d’une prise de conscience : est-ce inéluctable ? Ne peut-on que constater une conscience réduite au rôle d’automate ? N’est-il pas possible de se ressaisir ? Ce n’est pas facile, mais pas impossible. Alors commence un travail patient, reconstructif, par lequel on se réapproprie sa personnalité.

Lorsque cela s’installe progressivement, jusqu’à remplacer les anciennes représentations mentales, les attentes de l’existence changent radicalement :

     - Le désir de nouer de nouvelles relations s’estompe, disparaît, et avec lui la grégarité.

     - Cela implique-t-il la survenue d’une misanthropie à toute épreuve ? Non, bien au contraire, cela est vécu comme une libération à partir de laquelle l’ouverture aux autres se manifeste, sans attente, simple et naturelle.

     - Mais alors, qu’en est-il des relations anciennes ? Elles perdurent, mais s’avèrent dépourvues d’attentes personnelles, on ne donne pas son amour ou son amitié pour, par réciprocité, en recevoir de la satisfaction émotionnelle.

Donc :

     - Si ce comportement est considéré comme une exception, il l’est simplement de façon statistique, au regard de la conduite la plus employée dans un modèle sociétal donné.

     - Il n’est pas antinaturel : il envisage simplement les « autres » comme des consciences, fondamentalement identiques à la sienne, différentes simplement par la façon d’aborder les expériences.

S'atteler à cette reprogrammation relève de l'intime, elle repose sur le libre arbitre et la volonté.



10/11/2011

172. Mise en résonance vibratoire


Texte lu


Il parlait vite ; il avait beaucoup à dire ; ce n’était pas facile car il se confondait en excuses pour des propos récents qu’il regrettait d’avoir exprimés.

La réaction première fut d’affirmer qu’il n’y avait aucun problème, que des excuses n’étaient pas nécessaires, mais les mots émis pour le dire furent à peine entendus, ne parvinrent pas à surmonter le flot de paroles déversées ; il fallait que cela sorte, la meilleure posture restait l’écoute.

Une situation courante entre personnes qui se fréquentent régulièrement, ou se connaissent de longue date.

Cette situation baigne dans le « subjectif » le plus banal, tentons alors une approche « objective » des faits. Cela conduira peut-être vers de nouveaux chemins, plus agréables à emprunter ?

Pourquoi entendons-nous les sons qui nous entourent ?

Par la vibration du milieu qu’ils provoquent en s’y propageant.

En effet, le son est une onde (on parle d’onde sonore) qui a besoin d’un milieu de propagation (air, eau, matériaux...). Si l’on se trouve dans le milieu de diffusion d’où l’émission sonore a lieu, et à une distance où la perception reste possible, le son est entendu.

Mais en l’absence d’un milieu propice, comme le vide, l’onde sonore ne peut se propager et parvenir jusqu’à l’auditeur.

On peut donc résumer ainsi les éléments nécessaires à l’expérience acoustique :

     - Emission d’un son sous la forme d’une onde.

     - Milieu de propagation, que l’on nommera « champ ».

     - Mise en vibration du milieu par l’onde.

     - Résonance avec la vibration et perception.

Cette expérience, qui relève de la physique des ondes, peut ainsi être décrite objectivement.

Revenons à la scène initiale, et voyons comme il est possible de l’interpréter selon des critères similaires.

Faisons alors l’hypothèse de l’existence d’un champ informationnel produit par les consciences.

- Emission : à partir de la conscience, une information est produite, éventuellement imprégnée émotionnellement.

- Milieu de propagation : le champ informationnel.

- L’information passe d’une conscience à une autre (par exemple, dans le cas d’un dialogue) et, selon sa nature, peut être enveloppée d’une charge émotionnelle.

- Il y a alors résonance par mise en vibration lorsque l’une au moins des personnes impliquées déploie un potentiel émotionnel suffisant.

La mise en vibration :

Elle nécessite certes l’intervention de la conscience émotionnelle, mais reste dépendante du libre arbitre et de la volonté de la personne qui vit cet état particulier.

Si l’attention se maintient, l’émotion, même ressentie, ne troublera pas l’attitude initiale, elle restera en condition rudimentaire, incapable d’interférer.

C’est comme si le champ informationnel filtrait l’information, la délestant de son contenu émotionnel.

L’appréhension et la connaissance du monde passent par la conscience, sans elle, plus rien n’existe car plus personne ne peut vivre et manifester ce qui EST.

La conscience possède des états, et celui qui caractérise la conscience globale de l’humanité est de nature émotionnelle, cela explique l’emprise sur le monde des inégalités, de la violence et de  la misère.

Alimenté par la quasi-intégralité de l’humanité, le champ émotionnel peut ainsi maintenir sa puissance et son ascendant sur chaque être lorsque la vigilance se relâche.

Par ailleurs, si l’on n’y prend garde, que l’on se laisse accaparer par des propos émis sous l’impulsion de la conscience émotionnelle, on renforce ce champ global destructeur en y participant volontairement.

Que faire ?

Les religions invoquent la notion de pardon, qui repose entièrement sur le principe d’action et de réaction, et donc très sensible aux interactions émotionnelles.

Pourquoi ne pas essayer la compréhension, première phase d'une certaine façon d'être, s'appuyant sur quatre principes : comprendre, accepter, s'adapter, ne pas juger.



09/11/2011

173. Le temps et le changement de niveau de conscience


Texte lu


« Tu vas encore parler du temps ? ! »

« J’en ai bien peur, oui... »

« C’est moi qui aie peur, en appréhendant le TEMPS que cela va durer ! »

« Je vais essayer de synthétiser. »

« Oui, car tu sais ce qu’on dit entre nous (les amis) ? »

« Non. »

« Il y a un mot qu’il faut éviter de prononcer avec Patrick, c’est le temps. »

« D’accord. Message reçu. Mais c’est important. »

« Bon, alors vas-y... »

« Nous sommes cernés par le temps, il s’impose dans toutes nos actions. »

« C’est normal. »

« Oui. »

« Alors ? »

« C’est le temps de la conscience ordinaire. »

« C’est-à-dire ? »

« Celle par laquelle nous existons dans le modèle sociétal, et qui intègre le facteur temporel. »

« Comment ? »

« Par exemple en estimant la durée nécessaire à l’accomplissement d’une tâche, au sens large. »

« C’est plutôt une bonne chose, cela permet d’estimer, de choisir, de planifier. »

« Pour les tâches « techniques », c’est évident. »

« Donc, où est le problème ? »

« La contamination. »

« La contamination ? »

« Oui. La notion de temps se propage, envahit tout le mental, et l’on devient persuadé que rien ne peut se produire sans lui, notamment le changement. »

« C’est vrai. »

« C’est vrai pour tout ce qui nécessite un savoir-faire ou un apprentissage. »

« Et où veux-tu en venir ? »

« A la thématique abordée : le temps et le changement de niveau de conscience. »

« Bah là aussi il faut du temps pour intégrer ce concept. Ainsi, lorsque tu évoquais l’attention et la respiration consciente comme moyen d’y parvenir, cela nécessite bien une durée pour prendre connaissance des instructions et des explications, notamment sur le fonctionnement de la conscience, et de la réaction du cerveau. »

« En effet. »

« Encore une fois, où est le problème ? »

« C’est le parasitage lié au temps. »

« Explique-toi. »

« Accéder à des informations, les comprendre et les appliquer prend du temps, inutile de revenir sur ce point. »

« Mais c’est après cette phase que le temps interfère et perturbe le processus. Etre réellement attentif provoque un « saut de conscience » à l’origine de ce changement de niveau. Bien sûr, cela peut être très bref, surtout au commencement, mais l’effet escompté s’est produit, et cela suffit pour l’éprouver et le renouveler. Une fois revenu dans l’état de la conscience ordinaire, le temps fait son office, aidé en cela par la mémoire, il réintroduit des pensées parasites : c’est compliqué, c’est trop tard, pour quel résultat, à quoi bon... »

« D’accord, je comprends, et comment remédier à cela ? »

« En revenant à l’attention, au besoin par la respiration consciente, plaçant ainsi la conscience dans une « zone » exempte du temps psychologique. »

« C’est bien, ça n’a pas été trop long. »

« Ouf ! Je le redoutais... »

08/11/2011

174. L'être multidimensionnel


Texte lu



« J’ai trouvé de l’information concernant la nature multidimensionnelle de l’être humain. »

« Oui. Et alors ? »

« Tu sais, les différentes dimensions, dont chacune correspond à un plan particulier, de la matière où la conscience est incarnée, jusqu’à la Source. »

« Ce sont effectivement des informations que l’on retrouve dans différentes traditions spirituelles lorsque l’on aborde la nature globale de l’être humain. Quelle est la question ? »

« Qu’en penses-tu ? Et pourrais-tu développer ? »

« Je vais effectivement parler de multidimensionnalité de l’être humain. »

« Ah !!! »

« Mais, dans le cadre limité de la conscience ordinaire. »

« Oh... »

« Tu aurais dû inverser les onomatopées. »

« Comment cela ? »

« Dire d’abord : « Oh... », puis : « Ah !!! » »

« J’espérais.. »

« C’est bien là le problème. Voyons d’abord là où nous sommes : une conscience incarnée dans un corps. »

« Bien sûr. Mais le préambule « Voyons d’abord... » laisse entrevoir une incursion dans la thématique spirituelle, j’ai hâte... »

« Pas dans ce sujet en tout cas. J’évoquerai ce thème dans un texte assez vaste, à venir, où une partie y sera consacrée. »

« C’est bien ! »

« Cela fait partie du patrimoine humain, qu’on y adhère ou qu’on le rejette. Cela sera aussi l’occasion de l’intégrer dans une dimension plus vaste et moins polarisante. Mais revenons au sujet qui nous occupe présentement. »

« D’accord. J’attendrais. »

« La multidimensionnalité de l’être humain résulte des différentes composantes de sa conscience. On retiendra l’intellect et l’émotionnel, ses  composantes essentielles avec lesquelles il se débat au quotidien. »

« C’est peu de le dire ! »

« La multidimensionnalité implique l’indépendance qui, aussi étrange que cela paraisse, s’exerce dans un contexte unitaire. »

« Ça se complique... »

« Confronté à un événement contraignant, celui-ci pourra faire l’objet d’une interprétation divergente, voire opposée, avec des conséquences dommageables. »

« Vite, un exemple ! »

« On va considérer une personne qui est amoureuse d’une autre personne qu’elle côtoie régulièrement, mais sans oser lui avouer les sentiments qu’elle éprouve à son égard. Cela dure depuis quelque temps déjà, puis elle finit enfin par se déclarer, et là... »

« C’est le drame ! »

« Oui ! Car la personne courtisée en secret n’est pas disposée à nouer une relation sentimentale. »
« On reste cependant bons amis ! »

« C’est cela même. »

Ah oui, je connais bien ! La suite, la suite !...»

« La réponse étant nette, l’amoureux éconduit a bien compris la situation. »

« Cela concerne donc la dimension de l’intellect. »

« Tout à fait, je vois que tu as bien saisi le concept de multidimensionnalité. Poursuivons. »

« Ils restent donc bons amis, et après un certain temps... »

« Disons, le temps de la « digestion » des sentiments ? »

« Si c’était cela, ce serait bien. Mais non... »

« Alors ? »

« Donc, quelques mois après, le contact est rétabli et les deux personnes se revoient régulièrement. Mais la dimension émotionnelle n’a pas suivi : la personne éconduite est toujours amoureuse... »

« Et continuer à fréquenter l’objet du désir n’arrange rien ! »

« Eh oui ! Voilà le problème ! »

« Je comprends maintenant la notion de multidimensionnalité, et son expression au quotidien. Pour vivre sereinement, il faut engager un travail personnel, aligner en quelque sorte les dimensions de l’être sur les faits objectifs. »

« Je ne saurais exprimer mieux ce concept de multidimensionnalité qui trouve sa résolution dans l’alignement : la conscience est certes  multidimensionnelle, mais unitaire avant tout. »

« Et quel problème cela peut-il engendrer ? »

« A terme, des soucis de santé peuvent se produire. »

« Comment cela ? »

« Dans le cas évoqué, la charge émotionnelle s’avère puissante, même si l’intellect affirme que l’information est bien passée et que tout est sous contrôle. Un point très important : on peut mentir aux autres, on peut se mentir à soi-même, MAIS L’ON NE PEUT MENTIR A SON CORPS ! Or, le seul langage que les cellules comprennent, c’est celui des émotions, cela les affecte et il peut en résulter un affaiblissement du système immunitaire. »

« Donc, il ne faut pas développer des émotions ? »

« Bien sûr que non ! Notamment lorsqu’elles témoignent de l’affection et des sentiments entre deux êtres. Elles sont alors stimulantes pour le corps et l’esprit ! »

« Mais... »

« Mais il faut que ces sentiments soient partagés, sinon cela crée un déséquilibre, et c’est le vécu de cette disparité qui pourra provoquer des désordres organiques. »

« Donc, ce n’est pas une injonction à rompre avec la personne qui provoque le trouble  émotionnel, mais de comprendre la portée de cette expérience, et d’engager un travail personnel au niveau de la conscience émotionnelle afin qu’elle accepte le fait, retrouvant ainsi l’équilibre et l’alignement souhaité. »

« Voilà ! Respect du libre arbitre et transformation personnelle : cela peut mener très loin dans la connaissance de soi. »


07/11/2011

175. La conscience ordinaire


Texte lu


- L’irruption fulgurante et déstabilisante (la charge émotionnelle).

- La douce survenue, parfois quasi inaperçue (la charge de l’intellect) : on suit le fil de la pensée en l’alimentant, et il arrive que l’on oublie qu’auparavant on était dans l’attention, ainsi la pensée s’accapare du mental, l’investi à son insu.

Ces deux intrusions parviennent à une même fin : distraire de l’attention ; mais la plus insidieuse n’est pas celle que l’on croit, la charge émotionnelle avec sa violence, car elle porte en elle le souhait de s’en délivrer.

C'est tout le contraire lorsque la pensée issue de la raison, même et surtout parasitaire, provoque de la satisfaction à travers les méandres et les scénarios qu'elle construit au fur et à mesure des développements qu'elle puise dans la mémoire liée à l'imagination.


06/11/2011

176. La véritable simplicité


Texte lu


Ils venaient toujours par deux pour apporter la bonne nouvelle, celle d’un monde futur où, sous l’égide d’un sauveur, cela serait le paradis sur Terre. Alors un dialogue s’instaurait, respectueux, mais laissant chaque protagoniste évoluer sur sa trajectoire, comme s’il ne pouvait y avoir de sillon commun.

Avant de partir, l’un des visiteurs énonça ces propos en guise de conclusion : «  Il faut revenir et rester dans la simplicité ». Puis il poursuivit et acheva en citant quelques paroles issues des évangiles, attribuées au Christ.

Dans cette perspective, était-ce vraiment la simplicité même ?

Il ne s’agit pas ici de critiquer un messager et un message dont l’origine et la teneur résonnent dans le cœur et l’esprit de nombre de personnes dans le monde, qui constitue la base de leur existence, mais d’estimer la notion de simplicité, mise en exergue, à l’aune de l’engagement personnel et du contenu exposé.

- La croyance, sa multitude, et le choix.

- La construction mentale qui en résulte et l’obligation de maintenir cela constant, de le renouveler chaque jour.

- L’application de préceptes ambitieux et ardus dans un modèle sociétal évoluant à contre-courant : « aimer son prochain comme soi-même », « tendre l’autre joue »...

- Cela relève bien souvent d’une lutte interne entre ses sentiments et les obligations scellant l’appartenance au mouvement religieux ou spirituel.

Voyons maintenant du côté de l’attention :

- Etre simplement attentif, une attitude qui, si elle est certainement intégrée dans différentes voies spirituelles, n’est considérée ici que comme une capacité de la conscience.

- Elle place en retrait les pensées perturbatrices responsables de comportements inappropriés.

- Elle n’est reliée à aucune croyance, aucune espérance...aucune crainte ! Ce n’est que lorsqu’elle s’amenuise et disparaît que ces orientations se manifestent.

A chacun de choisir sa simplicité.


05/11/2011

177. Le meuble et la conscience


Texte lu


Voici une petite scène entre trois interlocuteurs.

« Tu vas déménager... Quand tu vendras ton appartement, comme tu en as beaucoup, tu laisseras les meubles ? »

« Je ne sais pas. En tout cas, je garderais et j’emporterais le meuble qui me vient de ma grand-mère. »

« La troisième personne ne disait rien. Un silence qui ne passa pas inaperçu. L’un d’eux lui lança : « Oui, je sais ce que tu vas dire ! » »

« Je n’ai rien dit. »

« Mais tu l’as pensé si fort ! »

« Ah bon. Et de quoi s’agit-il ? »

« Qu’il ne faut pas s’attacher aux objets. »

« C’est une possibilité. »

« Ah, tu vois ! Mais toi, je suppose que tu n’as pas de meubles ou d’objets qui appartenaient à tes parents ? »

« Si. »

« Ah, quand même ! Et alors ? »

« J’ai notamment deux meubles de mon grand-père : l’un faisait partie de la chambre qu’il acheta lorsqu’il s’installa après son mariage, l’autre qu’il confectionna lui-même (il était ébéniste) : une commode. »

« Parlons donc de cette commode. C’est un souvenir particulier, une création de ton grand-père. »
« C’est effectivement le cas pour la création. »

« Et cela n’évoque pas des souvenirs, un attachement spécial à cet objet ? Et d’abord, t’en séparerais-tu ? »

« Beaucoup de questions, aussi, dans l’ordre : des souvenirs : oui ; un attachement spécial : non ; pourrais-je m’en séparer ? Oui. »

« Incroyable. Et pourquoi gardes-tu ces meubles ? »

« Pour leur utilité. »

« Et le fait que cela soit ton grand-père, que tu aimais bien, qui l’a conçu, t’en séparer ne te ferais vraiment rien ? »

« La conception de ce meuble procédait d’une expérience de conscience parmi d’autres, vécue par mon grand-père. Ce qui importe, c’est lui en tant que conscience, une conscience fondamentalement identique à toutes les autres, notamment lorsqu’elle n’est pas accaparée par des expériences, quelles qu’elles soient : cela se produit lorsque l’attention emplit le champ de la conscience. Donc, par l’attention, je suis mon grand-père comme élément d’une conscience universelle, non pas au niveau de la personnalité ou de l’ego. »

« Je ne sais pas si je te comprendrais un jour ! »

« Qui sait... »


178. De la nouvelle année à l'évolution en conscience


Texte lu



Ce texte reprend l’essentiel des notions abordées jusqu’alors afin de proposer de façon synthétique, mais compréhensible et directement applicable, une façon de vivre consciemment dans le modèle sociétal où nous sommes plongés.

1. En guise d’introduction

Il est de coutume, à l’aube d’une nouvelle année, de souhaiter à ses proches, ses voisins, ses collègues...le meilleur en matière de santé et de réalisation de projets.

Mais plus personne n’est dupe, cela ne modifiera en rien ce que l’année réservera à chacun, il suffit de se donner rendez-vous douze mois plus tard pour effectuer le bilan des événements. Mais voilà, une tradition parmi d’autres, et qui a la vie dure !

Cela pose-t-il un problème ? Non. Alors ? Simplement une occasion de réfléchir sur notre condition, et peut-être de se donner les moyens de la transformer véritablement, de l’améliorer, plutôt que de se cantonner à des vœux pieux !

2. Reconsidérer la notion de temps

Pour des raisons pratiques de repérages saisonniers, de gestion des différentes activités, le temps, cette dimension bien énigmatique lorsque l’on consent à y prêter attention, se retrouve circonscrit, découpé en années, elles-mêmes fractionnées en différentes unités. Ainsi, une « tranche d’existence » peut se maintenir bien calée et répartie sur les feuillets d’un agenda.

Au-delà de l’usage fonctionnel, n’y aurait-il pas moyen de réviser cette notion ? Et qu’est-ce que cela apporterait de nouveau dans l’existence ?

Pourquoi ne pas considérer le temps, et donc l’année qui s’écoule, comme une succession d’instants ? Cela n’empêcherait pas de conserver le référentiel classique (mois, jours, heures...) pour des raisons d’usages évidents.

Alors, chaque instant peut devenir précieux par son contenu, car il révèle en lui-même des vécus particuliers ou des changements d’états qui nous échappent.

Voyons un exemple : on peut passer de l’apaisement à la colère en l’espace imperceptible d’un instant. On ne se rend pas compte de la transition, comme mû par une force qui nous submerge.

Si l’on parvenait à demeurer attentif d’instant en instant, on « reprendrait la main », plus exactement on ne la perdrait pas ! Ce vécu particulier de l’instant empêche l’égarement, inhibe cette attitude qui nous verrait répondre à la question : « Qu’est-ce qui t’arrive ? » « Je ne sais pas, c’est plus fort que moi ! »

3. La mort pour donner un sens à la vie

La mort donne du sens à la vie, cela se conçoit bien lorsque l’on se projette mentalement, que l’on soit matérialiste ou spiritualiste, que l’on souhaite profiter de l’existence, ou qu’elle serve de modèle pour la vie future.

Mais si l’on reste sensible au présent, la mort n’est qu’un point de basculement dans l’existence, un seul parmi les instants innombrables qu’elle comporte.

Faisons donc le choix de l’existence, et voyons ce qui la façonne.

4. Que sommes-nous ?

L’existence s’exprime par un être vivant. La Palice n’aurait pas trouvé mieux !

Et cet être, qu’est-ce qui le compose ? Une conscience présente dans un corps physique. L’esprit et la matière en somme.

Les deux sont inséparables, liés par le processus du vivant, mais n’ont pas les mêmes besoins.

Le corps nécessite des apports réguliers pour sa survie et son entretien : respirer, boire, manger, se vêtir et se loger.

La conscience se manifeste essentiellement sur trois niveaux : instinctif, émotionnel et intellectuel.

L’interaction entre le corps et la conscience génère des répercussions tangibles, on évoque des réactions psychosomatiques (effets du psychisme sur le corps) ou somato-psychiques (influence du corps, des réactions biochimiques sur le psychisme). L’influence peut être positive ou négative.

La logique et le bons sens voudraient que l’on s’efforce de maintenir un équilibre entre le corps et l’esprit pour le bien-être de l’hôte. Tout cela serait satisfait si chaque personne pouvait disposer au moins du nécessaire à l’entretien du corps.

C’est ici, dès ce niveau initial, que surgit le premier obstacle : le modèle sociétal.

5. Le modèle sociétal

Il définit le cadre de vie dans lequel les êtres humains mènent leur existence.

Il survient avec l’apparition de la sédentarisation (environ 9 000 ans avant l’ère actuelle). S’il a évolué et s’est diversifié au cours des âges, il tend à s’uniformiser avec la mondialisation.

Les bases de ce modèle :

Le matérialisme : la conscience émerge de la matière, c’est une production du cerveau.

L’affirmation de soi.

Dans un tel système, cette affirmation de soi trouve naturellement sa réalisation dans la consommation (biens, services) et le pouvoir.

Le désir et les émotions y sont fortement stimulés comme moteurs du consumérisme.

Ce paradigme prend place dans un Monde aux ressources et aux places limitées.

Conséquences :

Accroissement des inégalités : en 2010, 388 personnes détenaient un patrimoine équivalent à celui de la moitié de l’humanité (3,5 milliards de personnes) la moins riche ; en 2019, cette richesse est concentrée entre les mains de 26 personnes.

Progression de la misère.

Banalisation de la violence.

Est-ce inéluctable ? On pourrait y souscrire en citant deux acteurs d’un changement de niveau de conscience :

Gandhi : « Il y a assez de tout dans le monde pour satisfaire aux besoins de l'homme, mais pas assez pour assouvir son avidité. »

Krishnamurti : « L’homme est resté tel qu’il était, il est toujours brutal, violent, agressif, cupide, compétitif, et il a construit une société sur ces bases. »

Le mode de pensée dominant crée un conditionnement amenant les personnes à se considérer par rapport au modèle sociétal, de s’y conformer, d’y trouver leur place.

Une perspective : « On ne peut pas résoudre un problème avec le même mode de pensée que celui qui a généré le problème. » (Albert Einstein).

6. Vivre en conscience dans le modèle sociétal

Une solution possible face à tous ces comportements déviants, considérer le modèle sous un autre angle, l’aborder selon une perspective radicalement différente.

6. 1. Vivre dans sa conscience

C’est la condition naturelle de l’existence, mais comme cela ne semble pas évident, il convient d’expliciter ce concept.

Une fois que les besoins du corps sont satisfaits juste ce qu’il faut (pour rappel : respirer, boire, manger, se vêtir et se loger), on vit dans sa conscience.

Voici un exemple :

On peut se trouver à l’aise dans un studio, et à l’étroit dans un château.

Considérons la situation suivante :

Une personne réside dans un château de 1 000 m². L’opportunité lui est offerte de séjourner une quinzaine de jours dans un château de 2 000 m² disposant de nombreux équipements de confort : piscine intérieure chauffée, salle de spectacle, sauna, caisson d’isolation...
Lorsqu’elle réintègre sa demeure, après avoir profité pleinement de tous ces éléments de bien-être, un sentiment de frustration l’envahi : celui-ci émane directement de la conscience.

On découvre bien évidemment l’environnement dans lequel on évolue en se déplaçant dans l’espace, et en recueillant des informations par l’intermédiaire des sens, mais l’ensemble de ces données trouve sa compréhension et son interprétation dans la conscience.
Au final, c’est l’interprétation émanant de la conscience qui dictera le ressenti et le comportement de la personne ayant vécu ces expériences diverses.

6. 2. La conscience ordinaire

Ayant affirmé ce postulat : « On vit dans sa conscience », il importe de mieux connaître cette structure psychique.

On retiendra pour cela deux des trois niveaux de conscience évoqués au § 4 : l’émotionnel et l’intellect. Ils caractérisent la conscience ordinaire, celle par laquelle s’affirment la majorité des êtres humains.

A partir de ces deux constituants, la personne se construit et se manifeste au fil du temps, par les conditionnements (éducation, environnement social) et l’accumulation d’expériences vécues.

L’ensemble regroupe une « collection » de pensées, donc une structure immatérielle, mais dont l’expression est suffisamment puissante (affirmation de soi) et suffisamment réelle pour enfermer solidement et durablement son hôte.

Un exemple :

L’attachement à certaines valeurs peut se traduire par une identification prégnante, empêchant d’appréhender la situation de façon lucide.

Ainsi, le rapport aux possessions peut amener à considérer les dépenses effectuées comme un véritable déchirement, l’ablation d’une partie psychique de soi.

La pensée construit l’être psychique auquel l’on s’identifie, et l’attachement aux possessions, donc les possessions elles-mêmes, en sont l’une de ses composantes.

L’influence du modèle sociétal :

Cet être psychique, c’est donc soi : il est plongé dans un modèle sociétal avec ses règles et son principe fondateur : l’affirmation de soi.

L’ascendant du modèle sociétal renforce cette perception de soi et facilite sa considération comme un modèle d’expériences : ce qui est bon pour moi est bon pour les autres, ou la déclinaison de l’affirmation de soi.

On entre ainsi dans le jugement, et la relation aux autres réduit ou exclut l’écoute et la compréhension.

Conséquence :

La séparation d’avec les autres consciences s’inscrit dans ce schéma et devient le mode normal de fonctionnement.

La communication entre les êtres devient alors de plus en plus difficile car, centré sur soi, on perd la capacité d’écoute, si tant est qu’on la possède.

Or, l’écoute, c’est ce dont ont besoin de plus en plus de personnes, ballottées, bousculées, meurtries par un modèle sociétal de plus en plus insatiable dans sa quête de possession, mais de moins en moins disposé à la considération.

6. 3. Changer de paradigme

6.3.1. Les expériences de conscience

En soi, une expérience de conscience contient tout ce qui peut nourrir la conscience ordinaire : pensées, paroles actions.

Le simple fait de vivre produit donc en permanence de telles expériences, un phénomène complètement naturel, il semble qu’il n’y ait donc rien à redire.

Cependant, ce constat objectif se décline rapidement en impressions subjectives dès lors que les « outils » de la conscience ordinaire s’en emparent, en clair, lorsque l’intellect et l’émotionnel colorent ces expériences .

Ces expériences sont à l’origine de la séparation entre les êtres, car si l’on pouvait les décrire dans leur intégralité, puisant jusqu’au plus profond des sentiments éprouvés, du raisonnement employé ou de la technique utilisée, on pourrait différencier les personnes à partir de leurs expériences.

Ces différences forment le terreau susceptible d’accueillir les graines de l’indifférence. En effet, trop saturé par une multitude de pensées, le mental ne dispose plus d’espace disponible pour la compréhension et l’écoute d’autrui.

6.3.2. L’appropriation des expériences de conscience

Comme cela fut énoncé (§ 6.3.1), l’ensemble des expériences vécues nourrit la conscience ordinaire. C’est le lot de tout être sensible, s’il n’en était pas ainsi, nous serions comme des pierres sur le chemin.

On peut dès lors associer chaque expérience à une vibration. A partir de cette oscillation, il est possible de distinguer plusieurs niveaux de mise en vibration, en voici les étapes :

Pour fixer les idées, imaginons une corde vibrante qui associerait une expérience, de quelque nature qu’elle soit, à la conscience.

Le simple fait d’être en éveil relie la conscience à l’environnement par les sens, ce qui s’ajoute au « bruit intérieur » (la production de pensées) : de fait, une vibration fondamentale s’active, spécifique à chaque être (comme les empreintes digitales, chaque cerveau est unique).

Soit une expérience particulière. Celle-ci est passée au tamis de la conscience ordinaire, susceptible d’engager : la mémoire, des émotions, une réflexion. Une mise en résonance se manifeste.

Si celle-ci s’avère trop importante, une réaction disproportionnée peut s’enclencher : colère, violence, burn-out. Ce mécanisme trouve une correspondance physique, lorsqu’un phénomène de résonance peut provoquer la rupture d’un édifice : effondrement d’un pont emprunté par une colonne de personnes marchant au pas.

Tout ceci constitue une appropriation des expériences de conscience. Ce cadre global est bien connu sous l’appellation d’ego.

Ce qu’il représente s’avère souvent dénigré, le comble dans un modèle sociétal reposant sur l’affirmation de soi !

Mais en fait, l’ego n’est qu’un outil, ni bon ni mauvais en soi, simplement fonctionnel.

Bien compris et convenablement utilisé, il ouvre la voie de la conscientisation.

6.3.3. La conscientisation

Conscientiser, c’est être attentif aux événements qui se présentent à la conscience.

Etre attentif, c’est ne retenir que la mise en vibration initiale.

Cela exclut les harmoniques dissipées par la conscience ordinaire, sous l’emprise des émotions et de l’hypermentalisation (multiplication en boucle des scénarios).

Sous l’effet de l’observation juste, il se produit un alignement des différentes parties de la conscience, il n’y a plus de tiraillements.
Ainsi, cela évite les conflits internes qui naissent souvent d’un décalage entre ces différentes parties qui gagnent en autonomie : on peut comprendre et accepter une information par le biais de l’intellect, mais continuer de l’ignorer émotionnellement, de faire comme si de rien n’était.

6.3.4. Faire éclore la conscientisation

L’attention est au cœur de la conscientisation. Cela mérite quelques explications.

6.3.4.1. L’attention

L’attention est une capacité de la conscience.

Etre attentif, c’est accueillir sans à priori, sans jugement, ce que captent les sens.
C’est accomplir les tâches naturellement.
C’est établir le calme intérieur, celui du mental.

Cela est rendu possible par l’effet principal de l’attention : placer en retrait la conscience ordinaire (émotionnel, intellect).

Cela ne signifie pas que l’on perde son affectivité et ses facultés intellectuelles.
La sensibilité fait place aux émotions, portant naturellement à la compréhension et la compassion.
L’intellect s’affine, mais renonce aux productions de l’hypermentalisation (scénarios en cascade).

L’attention n’est pas la concentration.
Par exemple, un tireur isolé est concentré sur sa cible, il applique méthodiquement et froidement un mode opératoire destructeur. La compréhension et la compassion sont totalement absentes de cette façon d’agir.

Il n’est pas aisé d’y parvenir. Certes, l’inattention émet le signal révélateur de la distraction, mais absorbé dans ses pensées, on peut le négliger.

La respiration consciente en facilite l’approche.

6.3.4.2. La respiration consciente

La respiration est une fonction physiologique à la fois consciente et inconsciente.
Pour l’essentiel elle s’emploie inconsciemment.
Respirer consciemment consiste simplement à exercer volontairement les mouvements respiratoires (inspiration, expiration).

Concrètement, il convient :

   - de ne pas forcer et respecter les besoins corporels ;
   - d’essayer de maintenir un flux d’air constant.

Cette pratique simple, toujours disponible, permet d’offrir un support à l’attention.

6. 4. Les obstacles rencontrés

S’engager dans le processus de l’attention au quotidien résulte naturellement d’une démarche personnelle.

Cependant, il ne faudrait pas oublier qu’elle modifie la conscience en profondeur, ouvrant des perspectives plus vastes, qui peinent à trouver une place dans un modèle sociétal étriqué et orienté.

Mais il y a pire : la réaction des proches (cercle familial, amis) qui, non concernés et suivant les lignes de force du modèle sociétal, s’exclameraient : « Qu’est-ce qui t’arrive ? On ne te reconnaît plus ! », prélude possible à de fortes dissensions.

Ce choix, initié par la volonté et le libre arbitre, doit être mûrement réfléchi.

7. L’évolution en conscience

7. 1. Les étapes et le principe

L’être humain au carrefour de l’évolution.

Il est tout d’abord le produit de l’évolution des espèces :

La paléontologie nous apprend qu’il y a environ sept millions d’années, la lignée humaine s’est séparée de celle des chimpanzés et des gorilles.

Des critères évolutifs, liés aux comportements en lien avec l’environnement et la modification du régime alimentaire, entraînèrent : la bipédie, l’augmentation de la taille du cerveau, la descente du larynx (capacité d’un langage articulé).

Tout cela conduisit à Homo sapiens, ou Homme moderne.

L’évolution culturelle :

Elle apparaît relativement tôt, les premières peintures rupestres (réalisées sur des rochers) datent de 40 000 ans.

De ces premiers témoignages d’une forme d’appropriation du monde au foisonnement des savoirs d’aujourd’hui, il apparaît que pour l’espèce humaine, l’évolution culturelle distance l’évolution biologique.

Un pas considérable est franchi : l’évolution émane de la conscience, elle s’émancipe complètement des conditions environnementales. Par ailleurs, la technique permet de s’adapter à ces conditions, elle devance et annule la réponse lente et progressive de l’évolution biologique.

Mais l’individu subit l’influence du modèle culturel imposé, et ce dernier ne concerne qu’une partie de la conscience, celle de l’intelligence et de l’imagination, matérialisée par le néocortex cérébral.

L’évolution de la conscience :

Lorsque l’on évoque la conscience, son expression s’en trouve réduite à sa partie ordinaire, l’émotionnel et l’intellect. Etonnamment, c’est sur ces fondations que repose le modèle sociétal, surtout la partie émotionnelle, fer de lance du consumérisme ! Est-ce un hasard ?

Mais il existe d’autres parties de la conscience, notamment celles qui se manifestent par les ondes cérébrales delta et thêta, les plus lentes, signatures du sommeil profond (absence d’ego) ou de méditation profonde.

Si l’on considérait tous les états et les expériences de conscience observés, la conscience ordinaire serait la partie émergée de l’iceberg.

Dans cette perspective, il devient vraiment loisible d’évoquer la notion d’évolution se rapportant à la conscience.

Postulat : chaque personne se définit comme une conscience ; la conscience, c’est l’expression de l’être.

Sans porter de jugement (toute cette approche se veut guidée par les quatre principes suivants : comprendre, accepter, s’adapter, ne pas juger), à l’évidence, des différences de comportement notables existent entre les personnes. Cela s’observe aussi bien dans le temps que dans l’espace.
Des façons d’être peuvent correspondre ainsi à des niveaux de conscience.

Par un travail personnel, il est possible de changer de niveau de conscience : l’attention, en réduisant les pensées parasites, libère de l’espace mental, atténue l’égoïsme et le repli sur soi (produits en abondance par la conscience ordinaire), offrant de la disponibilité et de la compréhension envers autrui.

Ce changement de niveau de conscience dépend uniquement du libre arbitre et de la volonté : un joyau personnel !

Plus on est conscient dans nos actes au quotidien, plus la conscience évolue.

7. 2. L’opposition de fait

Le modèle sociétal reflète le niveau de conscience global de l’humanité : les dirigeants et les politiques ne sont « qu’autres nous-mêmes »... mais ils ont réussi ! (au sein de ce modèle sociétal).

Inspiré par cette réforme intime de la conscience, chaque personne participe au changement de ce modèle sociétal : « Soit le changement que tu voudrais voir dans le Monde. » (Gandhi).

Mais cet archétype dispose de fervents admirateurs, et non des moindres, une fraction, certes infinitésimale au regard de la population mondiale, mais disposant d’effets de levier considérables : pouvoir financier, influence médiatique, complicité des gouvernants.
Tout cela entretient une force d’inertie puissante au changement.

7. 3. La ressource intérieure

Ce changement de niveau de conscience résulte de l’attention.

Celle-ci, comme il fut dit, place la conscience ordinaire en retrait, le réceptacle de toutes les oppositions dualistes, tous les « à quoi bon », la peur de l’échec comme l’exaltation de la réussite.

Alors, mû par cette qualité d’être, on accepte naturellement le rôle de la goutte d’eau d’un futur océan que jamais l’on ne verra.

8. Un questionnement bien légitime

« Tu déplores que le modèle sociétal repose sur le matérialisme, mais tu abordes la conscience uniquement dans ce cadre, sans mentionner la spiritualité, pourtant a priori essentielle dans son parcours évolutif. »

« Je ne déplore pas ce choix, je l’énonce comme un fait. Maintenant, pourquoi je n’aborde pas la spiritualité dans le cadre de l’évolution de la conscience ? »

« Oui, pourquoi ? »

« Schématiquement, la spiritualité se rapporte surtout au cheminement de la conscience après la fin du corps physique. Dans cette perspective, on peut considérer la continuité de la conscience sur deux plans : le plan physique, et le plan spirituel, avec la mort comme ligne de démarcation. »

« On est d’accord sur cette présentation. »

« Cela ne fait que fractionner la conscience, alors que la démarche initiale suppose son alignement et son unité. Par ailleurs, cela fait intervenir la notion de croyance. »

« Et alors ? »

« La croyance n’est qu’une construction mentale, souvent à l’origine de peurs plus ou moins diffuses, elle n’est pas compatible avec l’attention. »

« On peut aborder le devenir de la conscience au-delà de la finitude physique à partir de sources fiables, non dogmatiques, et voir si cela crée un faisceau d’indices favorables à une persistance. Il ne serait plus question de croyance, mais d’informations fiables... »

« ...Et réconfortantes ? »

« Bien sûr ! Où est le mal ? »

« Nul mal à l’horizon. »

« Tu me rassures. Mais... »

« Simplement ceci. La curiosité, le souhait d’accroître ses connaissances sur quelques sujets que ce soit... »

« ...Et donc la spiritualité ? »

« ...Et donc la spiritualité, sont parfaitement légitimes. Mais ces recherches, et ce qu’elles peuvent induire dans l’espace mental, restent dans le champ de la conscience ordinaire. »

« Oui, toujours la même, celle qui se limite à l’émotionnel et l’intellect, des domaines exclus de celui de l’attention ! »

« Tu as tout compris ! »

« C’est toujours ça ! Dommage tout de même d’écarter la spiritualité, je pensais notamment à la citation de Teilhard de Chardin : « Nous ne sommes pas des êtres humains vivant une expérience spirituelle, mais des êtres spirituels vivant une expérience humaine.»

« Ne retenant que la conscience, on pourrait dire : nous ne sommes pas des êtres semi-conscients disposant d'un vaste champ de conscience, mai des êtres pleinement conscients que nos conditionnements et nos habitudes empêchent de révéler. C'est comme le petit nuage qui cache le Soleil, bien plus volumineux, mais très éloigné. »