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31/01/2012

120. Biologie, éducation et conscience

     Texte lu 



     La biologie, science de la vie, décrit notamment le fonctionnement de l’organisme : l’être humain, créature pensante, mais aussi biologique. Dans cette perspective, il est assujetti à certaines lois vitales et manifestations évolutives.

     Au centre de ce développement, le cerveau qui, pour la peine, se met en trois !
     Le cerveau reptilien, ou primitif, contrôle notamment : la respiration, le rythme cardiaque, la tension artérielle, la température ; les besoins vitaux : alimentation, sommeil, et la reproduction, une fonction particulière que la vie a trouvée pour se perpétuer.
     Le cerveau mammalien arrive ensuite, gérant les émotions et la capacité d’apprendre de ses erreurs : le lien émotionnel puissant entre parents (surtout la mère) et enfants, renforcé par les facultés d’apprentissage, mêlent harmonieusement éducation et dévouement, des éléments propices à l’épanouissement des nouveau-nés.
     Enfin, le cortex, la partie cérébrale dévolue à l’intellect, la réflexion et l’imagination, offre une ouverture particulière sur le monde.

     Si, au sens strict, la pulsion reproductrice logée dans le cerveau primitif assure bien la continuité de l’espèce, les autres parties du cerveau, et surtout le cortex, ont « leur mot à dire ! »
     En effet, l’évolution des espèces continue : très peu visible sur l’apparence, car nécessitant des bouleversements de l’environnement et une adaptation qui s’inscrivent dans la durée, elle devient essentiellement culturelle, forgée par la société et les modes.
     Dans cette perspective, l’enfantement revêt des aspects bien éloignés de la continuité du vivant, il répond à des attentes en phase avec cette nouvelle donne : aboutissement désiré d’une union, maillon nécessaire à la pérennité d’une lignée familiale, héritier indispensable à la conservation et la transmission d’un patrimoine, espoir d’une réussite sociale...
     L’éducation va donner forme au projet de vie, elle inscrit l’enfant dans un schéma fluctuant, résultant du modèle sociétal (définition, rôle et place de la famille au sein de la société) et de l’attitude parentale.

     Tout cela constitue de nombreuses couches, de multiples strates avant d’atteindre l’essentiel : la conscience.
     Car l’enfant est d’abord et avant tout une conscience, il conviendrait de l’aborder ainsi, de l’éclairer sur cette notion primordiale, et lui donner les moyens de s’accomplir comme tel.
     Comprendre cela, l’accepter et agir en conséquence, éviterait bien des conflits.
     Convaincu par l’usage, l’imitation et l’exemplarité, on peut maintenir ces schémas stéréotypés, validés par la transmission intergénérationnelle , mais porteurs également d’inégalités, d’indifférence et d’intolérance. Ou bien, l’on peut quitter cette structure hiérarchique et rigide, déposer le « costume » d’ascendant, quel qu’en soit le rang, et saisir l’opportunité d’un échange de conscience à conscience qui ouvre des perspectives insoupçonnées dans la connaissance de soi.

     Aborder les relations familiales sur cette base devient possible lorsque l’attention soutient le dialogue.

30/01/2012

121. Une impression fugace

     Texte lu 



     Un jour, au hasard des chemins et des lieux, croisant brièvement une personne, il y eut cette impression rapide, mais suffisante pou être remarquée, qu’il émanait d’elle une paix profonde, une bienveillance naturelle. Puis ce fut tout, car bien vite, tout en poursuivant sa route, les sollicitations sensorielles et la multitude des pensées envahirent à nouveau l’espace mental, reléguant on ne sait où cette distraction furtive.

     Le temps passe. Plusieurs années après cet évènement anecdotique, cela ne va pas très fort, des problèmes de tous ordres s’accumulent, et dans ce marasme quotidien la pensée tourne en boucle.
     Soudain, une brèche paraît dans cet agrégat de pensées parasites, et de l’interstice surgit le souvenir de cette personne aperçue rapidement, il y a bien longtemps. Plus exactement, c’est la perception d’alors qui refait surface, ces quelques secondes à peine où la pensée semblait s’être retirée comme une vague, dévoilant un espace de quiétude et de sérénité.
     Secouée par cette réminiscence, la personne en peine développa la réflexion suivante :

 « Serait-il possible, oh ! non, pas d’atteindre cet état entrevu, mais de tendre dans cette direction ? De modifier passablement son attitude mentale afin de vivre ce répit ? »

     La réflexion soudaine résonnait dorénavant comme une invitation, un encouragement à explorer des pistes susceptibles d’engendrer une transformation personnelle. Pourtant, à l’origine, rien : pas de contact, aucun regard échangé, encore moins de suggestions proposées. Rien, vraiment ? Presque rien : le croisement d’une présence qui, si éphémère fut-elle, laissa une empreinte profonde et durable, réapparaissant opportunément.


     Nous pouvons être ce « presque rien », cette présence silencieuse qui n’oblige pas, n’impose rien, mais se révèle comme une balise dans la tempête. Comment ? Tranquillement, en douceur, par un travail quotidien sur la conscience lui permettant d’accéder à d’autres niveaux d’expression, celui de l’attention par exemple.

29/01/2012

122. La réforme intime

     Texte lu : Partie I





     Texte lu : Partie II





     Voici un texte écrit pour une amie qui anime des réunions dans un centre dédié à la philosophie spirite.
     Il présente « la réforme intime », un thème fondamental dans cette approche de l’existence, abordée sous l’angle de l’attention.
     Il constitue en outre un résumé des idées exposées dans « Un dialogue entre amis », et c’est à ce titre qu’il trouve sa place ici.
    

PARTIE I : L’ABORDER NATURELLEMENT

A.     Introduction


     Toutes les religions, les spiritualités et les philosophies qui proposent une explication de la destinée humaine au-delà de son existence terrestre, proposent des voies pour se réformer.
     Si des similitudes existent bien naturellement entre ces différentes voies, elles diffèrent selon la vision exprimée et les cultures concernées.
     Il est cependant possible de retenir l’essentiel en considérant que la réforme intime consiste à remplacer les défauts et les faiblesses du caractère par des vertus.
     Sur cette base, il est proposé un système qui s’appuie sur les principes suivants :

  • Compréhension de la conscience ;

  • Méthode accessible reposant sur des fonctions naturelles de l’être humain ;

  • Permettre à toute personne de changer sa nature, quelle que soit ses convictions.


B.     Le cerveau et la conscience

1.     Généralités

     Avant d’aborder la conscience, et indépendamment du fait qu’elle soit locale (elle apparaît et disparaît avec le cerveau), ou non locale (indépendante du cerveau), un constat s’impose : elle subit son influence. Il nous faut donc considérer le cerveau et son évolution afin de mieux comprendre les différents états de conscience que nous pouvons éprouver.

     Le cerveau humain est l’aboutissement de trois développements correspondant à des étapes essentielles de l’évolution du vivant :

  • le cerveau reptilien (système cérébral des poissons, amphibiens, reptiles et oiseaux), datant de 400 millions d’années, régulant les fonctions vitales de l’organisme (respiration, rythme cardiaque, tension artérielle), et assurant les besoins élémentaires (alimentation, sommeil, reproduction...)

  • le cerveau mammalien, apparu avec les premiers mammifères il y a 65 millions d’années, apporte deux éléments fondamentaux dans l’évolution : les émotions et la capacité d’apprendre de ses erreurs ;

  • le néocortex, « dernier né de la trilogie » il y a environ 3,5 millions d’années, c’est le siège notamment du langage, de l’intelligence et de l’abstraction

     On pourrait donc discerner plusieurs formes de conscience, assimilables aux fonctions du cerveau correspondantes :
    
§         la conscience instinctive, reliée au cerveau reptilien ;

§         la conscience émotionnelle, dépendante du cerveau mammalien ;

§         les consciences : intellectuelle, morale et intuitive, relevant du néocortex.

     La conscience globale exprime une interaction de l’ensemble des réactions cérébrales qui n’ont pas une force identique, respectant le plus souvent la hiérarchie évolutive : instinct (ce qui est vital), émotion, intellect.
     On peut exclure les fonctions vitales sur lesquelles la conscience n’a pas, ou très peu de prise. Il reste donc les émotions et la réflexion. On s’attardera avec intérêt aux manifestations émotionnelles, estimant par expérience leur capacité à s’imposer et influencer l’état de conscience général de l’humanité.
    

2.     La conscience émotionnelle

2.1. Origine et fonction initiale

     Nous avons vu que la conscience émotionnelle apparaît avec le cerveau mammalien, qu’elle est donc bien antérieure à l’intelligence et la réflexion. Sa fonction originelle était de créer un lien privilégié entre la femelle et sa progéniture. Cette affection s’exprime naturellement, spontanément, sans qu’il soit nécessaire d’acquérir des connaissances.
     Les premiers sentiments du bébé s’expriment par le biais de la conscience émotionnelle. Le sentiment précède de loin la connaissance,  car cette fonction d’attachement va permettre l’éducation et le développement futur du nourrisson.


2.2. Evolution

     Si l’on considère que la conscience émotionnelle s’est construite sur la base de deux émotions essentielles : la joie et la tristesse, les racines de « l’arbre émotion » en quelque sorte, celui-ci s’est bien développé depuis, multipliant les branches et les feuilles au gré de l’enrichissement des expériences, et surtout des choix de société.
    

2.3. Nature

     La conscience émotionnelle est dualiste, c’est-à-dire qu’elle contient en elle toutes les émotions, similaires ou opposées.
     On peut concevoir cette conscience comme un réservoir immense où toutes les émotions sont disponibles et non séparées.
     Aussi, en stimulant régulièrement une émotion quelconque (même positive), on entretient cette conscience, lui donnant suffisamment d’énergie pour intervenir avec vigueur lorsqu’il s’agira d’émotions négatives.


2.4. Pour résumer

§         Le cerveau a permis la manifestation d’une conscience particulière qui est le réservoir de toutes les émotions ;

§         il n’y a pas de cloisons, pas de séparations entres les émotions positives et négatives ;

§         rechercher une émotion particulière revient à stimuler l’ensemble du processus émotionnel ;

§         la conscience émotionnelle est très puissante : son accès est immédiat, sans connaissances préalables, elle s’impose à la réflexion et l’intellect.


C.    Des moyens pour changer

     Respectant les règles exprimées en introduction, il est proposé ici deux méthodes : simples, naturelles, respectant les convictions de chacun, et susceptibles de donner les moyens aux personnes qui les suivraient de se réformer psychologiquement, de changer son niveau de conscience.
     Il s’agit de l’attention et de la respiration consciente que nous allons aborder.


1.     L’attention

1.1. Présentation

     Pour bien comprendre ce qu’est l’attention, il faut préciser...ce qu’elle n’est pas ! C’est à priori paradoxal, mais quelques exemples vont nous permettre de saisir le sens de cette affirmation.


1.2. Ce que n’est pas l’attention

§         La concentration ;

§         La méditation.


     1.2.1. La concentration

     La concentration consiste à fixer ses pensées, sur un objet, une idée, un concept ; bref, sur tout ce que le mental peut appréhender.
     On peut se représenter deux récipients : le premier contient de l’huile qui verse goutte à goutte dans le second. Chaque goutte montre le mental concentré, tandis que l’espace séparant chacune d’elles révèle la distraction et l’effort nécessaire pour se recentrer.


     1.2.2. La méditation

     On conserve les deux récipients, mais ici, l’huile s’écoule de l’un à l’autre en un filet ininterrompu. La méditation peut être définie comme une concentration constante, un lien psychique permanent entre le méditant et l’objet de sa méditation.


1.3. Comprendre l’attention

     1.3.1. La théorie

     Ayant assimilé ce qu’elle n’est pas, il convient maintenant d’approcher l’attention pas à pas pour bien la distinguer des notions précédentes, car leurs effets diffèrent sur le mental, et ce que nous souhaitons, c’est parvenir à être attentif pour bénéficier des effets de cette attitude particulière.

     La concentration et la méditation se rejoignent sur un point : l’effort mental exigé pour conserver cet état en permanence.
     Par ailleurs, se concentrer, et surtout méditer, suppose des préalables : choix du moment, installation dans une posture particulière. Ces contraintes que l’on s’impose accentuent la perception de l’échec que l’on ressent lorsque l’on ne parvient pas à maintenir ces états mentaux souhaités.
    
     Si la concentration et la méditation peuvent être perçues comme un rayon (un rayon laser pour fixer les idées) reliant la personne à l’objet de sa concentration ou de sa méditation, l’attention peut être visualisée comme une sphère dont chaque rayon recueillerait une partie des informations captées par nos sens : vue, ouïe, odorat...


     1.3.2. La pratique

     Le téléphone sonne, trois cas peuvent être envisagé :

-          moyennement absorbé par l’état de concentration, on sursaute et décroche ;

-          complètement absorbé, on n’entend pas la sonnerie ;

-          totalement attentif à ce qui se présente dans l’environnement sensoriel, on perçoit le signal (un parmi d’autres), et décroche l’appareil sans ressenti particulier…et avec bienveillance ! Quelle que soit la personne qui appelle : c’est l’une des propriétés de l’attention, dissiper les émotions, on verra comment par la suite.

     Etre attentif, c’est développer une sorte « d’éventail sensoriel » dont chaque brin apporte son type d’information que l’on capte naturellement par l’esprit de simple observation, et parmi l’ensemble des informations qui affluent au mental, distinguer immédiatement celles qui sont d’importances pour agir en conséquence, et de façon optimum.


1.4. Les effets de l’attention

     1.4.1. La base

     Elle offre une vision aiguë des événements, en facilite la compréhension, et surtout ne porte pas de jugement ! L’objectivité de l’information est garantie par le retrait de la conscience émotionnelle.

    
     1.4.2. L’appel mémoire

     L’appel mémoire se produit lorsque nous ne sommes plus attentif, alors les informations perçues peuvent s’unir librement à d’autres éléments contenus dans la mémoire. Ces associations, notamment lorsqu’elles concernent des matériaux émotionnels puissants, peuvent entraîner des changements d’humeur et de comportements soudains et vigoureux. Cela se produit quand  l’identification à l’information stimulée s’avère intolérable, du moins est perçue comme telle.

     Prenons les insultes comme exemple, et suivons le processus mental impliqué : la pensée « insulte » fait intrusion dans la mémoire, une autre crée l’état d’identification, et la dernière enclenche la réaction émotionnelle appropriée. Stimulé à l’adrénaline par l’événement conflictuel, l’esprit est vif, prompt à répondre sur le même mode.
     L’attention analyse lucidement la situation, mais n’implique pas l’ego dans cette observation.

     Si l’on ne comprenait pas le sens des insultes, alors la réaction émotionnelle ne se produirait pas. Ici, l’attention donne une compréhension pleine et entière, mais empêche l’appel mémoire qui provoquera le choc émotionnel.
     L’absence de réaction ne résulte pas de la volonté, d’une lutte interne entre : « j’ai bien compris le sens des injures...cependant je me contiens pour ne pas réagir », mais de l’absence de connexion entre les insultes et les pensées émotionnelles associées.

     Une précision nécessaire : le fait de ne pas réagir aux insultes peut être considéré comme de la faiblesse ou de la dévalorisation de soi. Cela fait partie du jugement social, des valeurs et considérations de la société dans laquelle on vit, la réforme intime comprend ce phénomène circonstanciel mais doit le dépasser, agir au-delà.


     1.4.3. Petit exercice

-          S’installer confortablement, et lorsqu’on le décide, observer ce qui se produit dans le mental.

-          Le plus souvent on assiste à « la ronde » incessante des pensées.

-          Maintenant, laisser venir à soi les informations que perçoivent les  sens (vue, ouïe…), en prendre simplement conscience, sans tension, mais sans relâchement non plus, bref, en étant attentif ! 

-          Analysée ensuite, cette expérience montre que l’attention chasse les pensées parasites.


     1.4.4. Conséquences

     L’attention crée un espace entre deux pensées. Le flux de pensées n’est pas continu, simplement, une production abondante peut le laisser croire, comme l’on est persuadé que l’eau qui coule du robinet est un flot incessant. Mais si notre vision avait la capacité d’un microscope électronique, nous verrions que les molécules d’eau (la plus petite partie de ce liquide qui en conserve les propriétés) qui se succèdent sont séparées.
     Quelle est la nature de cet espace ? Celui où s’exprime notre être véritable qui ne s’identifie plus aux limites et aux restrictions du mental ordinaire.

     Et pour les vieilles pensées importunes, souvent liées à un événement douloureux du passé dont elles emplissent la conscience, que faire ?
     Que les pensées parasites soient récentes ou anciennes, le principe reste identique : revenir à l’attention chaque fois qu’elle se manifestent. Avec le temps et la pratique, il devient plus facile d’acquérir cet état d’attention, et les effets sont plus rapides.
     Il n'y a pas de miracle : chaque fois que les tourments affluent à la conscience, il faut donner l’impulsion, « le coup de pied » au fond de l’eau qui nous fait remonter à la surface !

     On peut considérer que la personne attentive se maintient en équilibre, évitant de verser d’un côté ou de l’autre dans des « abîmes émotionnels », comme un funambule qui doit constamment veiller à se maintenir sur son fil. Avec le temps, la vigilance transforme le fil en voie élargie, et la progression s’en trouve de plus en plus assurée. Si les perturbations ne disparaissent jamais complètement, leurs effets s’estompent rapidement, et l’on y échappe plus facilement.

     Si l’attention offre une réponse admirable aux situations difficiles et conflictuelles, elle ne se limite pas à celles-ci, c’est aussi et surtout un merveilleux moyen de profiter pleinement de ces instants de bonheur que nous offre la vie : jouir de l’instant présent, apprécier le spectacle de la nature ou celui d’une œuvre artistique, et spécialement, retrouver la véritable relation entre les êtres, celle de l’écoute simple qui abolit tous les clivages et délivre de toutes les peurs : peur de la réaction, peur de décevoir, peur de l’échec.


2.     La respiration consciente

2.1. Pourquoi la respiration consciente ?

     Dans les moments émotionnels difficiles l’attention ne suffit pas à se recentrer, et plus encore à dissiper les pensées parasites.
     Que faire ? Abandonner ? Non, mais trouver un support simple et naturel à l’attention, et quoi de plus approprié que la respiration consciente.

     En effet, la respiration est une fonction inconsciente et spontanée du corps. Respirer consciemment, c’est simplement effectuer de manière consciente les mouvements respiratoires : inspiration, expiration. Si l’on cesse cela, on se trouve dans une phase de rétention de la respiration.


2.2. La pratique

     2.2.1. Prise de conscience

          2.2.1.1. Inspiration

-          Phase 1 : inspirer consciemment par le nez, de façon fluide et constante, jusqu’à cessation naturelle du mouvement par insuffisance de la force d’inspiration ;

-          Phase 2 : continuer, en forçant l’inspiration, toujours par le nez, jusqu’à impossibilité d’aller au delà ;

-          Phase 3 : poursuivre le mouvement, cette fois par la bouche, toujours jusqu’à impossibilité d’aller plus loin.


          2.2.1.2. Expiration

-          Phase 1 : expirer consciemment par le nez, de façon fluide et constante, jusqu’à cessation naturelle du mouvement par insuffisance de la force d’expiration ;

-          Phase 2 : continuer, en forçant l’expiration, toujours par le nez, jusqu’à impossibilité d’aller au delà ;

-          Phase 3 : poursuivre le mouvement, cette fois par la bouche, toujours jusqu’à impossibilité d’aller plus loin.


     Il s’agissait d’une respiration consciente et complète, menée jusqu’aux limites permises par l’appareil respiratoire.
     On retiendra ici, à l’inspiration comme à l’expiration, la phase 1.


     2.2.2. Aborder la respiration consciente

     Voici donc le détail de la respiration consciente :

-          effectuer chaque mouvement - inspiration, expiration - selon la phase 1 ;

-          veiller à la constance du mouvement : fluidité et force.

-          Trois éléments nous renseignent sur l’efficacité de cet exercice :

n       la respiration est silencieuse ;

n       le passage d’un mouvement à l’autre - inspiration, expiration - se fait naturellement, et non provoqué par un besoin physiologique ;

n       le plus important : on peut maintenir cette respiration consciente aussi longtemps qu’on le souhaite, et sans fatigue.


2.3. Les effets

-          Relaxation physique : les mouvements doux et harmonieusement rythmés du diaphragme - l’un des muscles les plus puissants du corps - imprimeront un massage bienfaisant et  salutaire aux organes internes de l’abdomen et de la cage thoracique.

-          Optimisation du rythme respiratoire : il s’installera naturellement si l’on respecte la fluidité et la constance des mouvements.

-          Rythme cardiaque : synchronisé d’une certaine façon à la respiration, il en retirera tous les bienfaits.

-          Cerveau : relié aux battements du coeur, il produira des ondes cérébrales de fréquences plus lentes, réparatrices ; si l’exercice est répété de manière régulière et prolongée, cela pourra générer un équilibre des deux hémisphères cérébraux. Ceci est dû au fait que la respiration consciente induit les mêmes effets que la méditation, notamment la stimulation du cerveau droit, bien souvent délaissé dans nos activités quotidiennes.

-          Mental : raréfaction, voire disparition du mouvement incessant des pensées, surtout celles que l’on peut qualifier de « parasites. »

-          Attention : c’est une voie royale pour se préparer à l’attention lorsque celle-ci ne s’installe pas spontanément, uniquement par l’observation naturelle de ce qui se présente à la conscience. On peut donc commencer, et on le fera avec profit, par être simplement attentif à sa respiration, que l’on souhaite consciente. Puis, progressivement, lorsque cette pratique régulière aura eut raison de l’agitation mentale, il conviendra d’étendre son attention aux autres perceptions sensorielles.


2.4. Conclusion étonnante sur la respiration consciente

     Dans les cas difficiles, pas nécessairement pathologiques, mais difficiles, lorsque la respiration consciente est impuissante à remettre les choses, c’est-à-dire les états de  conscience, dans l’ordre. Que faire ?

     Si l’on ne parvient pas à rester suffisamment attentif pour se livrer à l’exercice de la respiration consciente, car trop sous l’emprise des émotions, on se passera avec profit de l’eau fraîche sur le visage, voire, prendre une douche à température confortable, jusqu’à élimination des tensions émotionnelles, du moins, jusqu’à ce qu’elles soient suffisamment dissipées pour être enclin à pratiquer la respiration consciente.



PARTIE II : CONSEQUENCE  POSSIBLE - AU QUOTIDIEN - ALLER AU-DELA


A.     La réaction du cerveau

1.     Le constat

     Lorsque l’on débute dans la pratique de l’attention, et surtout si notre conscience émotionnelle est relativement « chargée » de pensées parasites qui attendent, regroupées  derrière la « porte », notre perception, aiguisée par l’attention, en prend soudainement conscience. En effet, au début, il n’est pas facile de gérer l’ensemble des impressions émanant de l’extérieur - le monde qui nous entoure - et de l’intérieur - notre conscience -, notamment lorsque nous initions un travail personnel pour s’affranchir des problèmes émotionnels.

     La pratique de la respiration consciente remplace souvent avantageusement le fait d’être simplement attentif pour dissiper les pensées parasites, en effet le support naturel de la respiration, disponible à chaque instant, mobilisant suffisamment les ressources mentales sans toutefois les accaparer, est une alternative idéale aux cibles de l’attention, trop mouvantes, pas assez délimitées.

     Mais parfois, une surprise de taille attend le nouveau postulant à cette technique prometteuse qu’est la respiration consciente : un « tsunami » émotionnel. Pourquoi ?


2.     Les deux réponses

2.1. L’insatisfaction

     Quand nous abordons de nouvelles connaissances, et surtout lorsqu’il s’agit d’une forme de défi qui doit nous mener d’un point bas - celui où nous sommes actuellement -, vers un point haut - celui que nous désirons atteindre -, nous souhaitons vivement constater les progrès réalisés, mais plus encore voire s’établir « l’effet cliquet » : ce qui empêche le retour en arrière lorsque l’on estime avoir franchi une certaine étape dans un apprentissage.

     Or, ce qui s’observe dans certaines pratiques, l’augmentation de la masse musculaire après des séances de « body building », par exemple, n’apparaît pas clairement dans un travail mental, ou du moins est susceptible de régression violente car : la conscience n’est pas un muscle, et les allers-retours entre la mémoire et les émotions peuvent être fulgurants, se manifester à tous moments...d’inattention.

     Cette perspective provoque des périodes de mécontentement où l’on est peu enclin à pratiquer. Or, c’est l’une des clés du succès : l’effort et la persévérance.
     À chaque fois que l’on commence à ressentir les symptômes d’une décharge émotionnelle, on pratique, juste quelques mouvements respiratoires le temps de faire retomber les émotions à un niveau acceptable. La volonté est à la base du changement de niveau de conscience.

     Mais ce n’est pas tout, il faut bien comprendre comment fonctionne le cerveau.


2.2. Le cerveau entre à nouveau en scène

     Une de ses fonctions est de faciliter l’existence d’une personne une fois que des comportements et des habitudes de vie ont été mémorisés. Il ne faut pas oublier que près de 90 % de nos actes quotidiens sont gérés de manière inconsciente par le cerveau ! Donc, lorsqu’il a repéré la conscience dominante, qui est la conscience émotionnelle dans le cas qui nous occupe, il va tout faire pour l’activer quand il se sera rendu compte que l’on essaye de la court-circuiter par l’attention ou des exercices réguliers de respiration consciente.

     C’est ce que l’on pourrait appeler la « force d’inertie cérébrale ». Pendant cette phase, dont l’on ne connaît pas la durée, il faut être extrêmement vigilant, ne pas céder un pouce de terrain à la conscience émotionnelle, agir presque automatiquement : signal émotionnel, respiration consciente ; signal émotionnel, respiration consciente... Et un jour, plutôt un beau jour : le cerveau aura épuisé sa force d’inertie et deviendra un allié il ne dépensera plus une partie de son énergie à stimuler la conscience émotionnelle.

     Mais il convient de demeurer vigilant.

     Lorsque l’on s’engage dans un travail sur la conscience par l’attention ou la respiration consciente, des signes nous indiquent que quelque chose change dans notre perception des événements, et plus généralement notre manière d’être. C’est de cette façon que l’on s’aperçoit que le cerveau intègre notre volonté de changement. Il semble délaisser quelque peu la conscience émotionnelle qui, il y a encore peu, était reconnue comme la conscience de base, celle qui filtrait notre perception du monde. On pourrait alors être tenté de délaisser la respiration consciente, voire l’attention seule si l’on a franchi la première étape. Ce serait une erreur fondamentale ! Il faut garder à l’esprit que la conscience émotionnelle est, et sera toujours présente comme une émanation de la partie la plus puissante du cerveau, après l’aire « reptilienne » qui assure les instincts vitaux !
     Les pensées parasites, messagères des émotions indésirables, peuvent se manifester à tous moments...et reprendre de la vigueur si l’on abandonne cette vigilance salutaire. N’oublions pas que notre société exalte les émotions ! Il ne faut donc pas « baisser les bras », mais profiter de l’aide du cerveau, qui désormais facilitera le recours à l’attention et ses incomparables bienfaits !


B.     Quelques applications quotidiennes

1.     D’abord comprendre

1.1. Petit rappel

     « Comprendre, accepter, ne pas juger », si l’on pouvait appliquer ce principe au quotidien, quels changements dans notre existence...et celle des autres personnes qui nous accompagnent ou nous croisent dans notre parcours !

     On va donc s’intéresser au premier de ces conseils, « comprendre », puisqu’il semble capable d’entraîner les deux autres, notamment si l’on est attentif ou que l’on pratique la respiration consciente lorsque cela s’avère nécessaire.


1.2. Le verre de bière

     1.2.1. Curieux, mais pourquoi pas

     La bière est une boisson bien connue dans le monde entier, il n’est donc pas besoin de la présenter.
     Par contre, on peut s’étonner de sa présence dans le thème abordé. D’abord, pour rassurer les esprits, il ne s’agit pas d’en faire la promotion, mais de comprendre simplement la source essentielle de nos difficultés dans un verre de bière.


     1.2.2. Description du concept

     Considérons trois verres identiques comprenant chacun des quantités différentes de bière.

-          Le verre représente un fait objectif.

-          Le liquide ambré (la bière proprement dite), c’est la description objective du fait en relation avec la situation personnelle du sujet.

-          Enfin, la mousse, la réaction émotionnelle de la personne à l’événement.


     1.2.3. Exemple

     Trois personnes se font voler 1 000 euros. Elles possèdent respectivement sur leur compte bancaire : 2 000, 10 000 et 100 000 euros.

-          Le verre constitue le fait objectif : le vol de 1 000 euros.

-          Le liquide ambré, l’impact objectif  du vol sur leur patrimoine, soit : 50 %, 10 % et 1 % de leur patrimoine bancaire.

-          La quantité de mousse révèle la réaction émotionnelle de chacune des personnes en apprenant le vol. Complètement subjective, rien n’empêche que la personne disposant de 100 000 euros développe une réaction émotionnelle plus vive que celle qui n’en détient que 2 000.


     1.2.4. Etude du cas présenté

     Cet exemple nous fournit trois enseignements :

-          L’existence nous confronte à des problèmes objectifs auxquels nous devons faire face : c’est la base, le socle immuable.

-          On peut décrire fidèlement ces difficultés selon notre situation personnelle : cela nous renseigne sur notre condition, qui peut évoluer avec le temps, mais ne nous apprend rien que nous ne sachions déjà.

-          La réaction émotionnelle nous définit complètement : nous nous instruisons à son contact, elle nous enseigne en permanence, nous avons la possibilité de la changer.


     Disposant des effets de l’attention et de la respiration consciente, il devient possible de réduire, voire de supprimer cette réaction émotionnelle impulsive. Nous avons le choix d’obtenir un verre de bière sans, ou avec très peu de mousse. À votre santé !


2.     La pratique des vertus
        
2.1. Une constante

     Toutes les religions et les spiritualités accordent une place essentielle à la pratique des vertus, et les adeptes de ces mouvements se doivent d’en cultiver l’usage.
     Non seulement la doctrine spirite ne fait pas exception à la règle, mais elle pose l’une d’entre elle en principe absolu, déclarant : « Hors la charité, point de salut ».
     Voyons comment aborder cette vertu.

    
2.2. Le chemin

     Lorsque l’on souhaite parvenir  au sommet d’une montagne, il existe souvent plusieurs voies pour y accéder. Elles diffèrent par leur accès, alpinisme ou randonnée, et le degré de difficulté.
     Considérant que la « Charité » est susceptible de nous conduire au sommet de la conscience, proposons également deux voies d’accès, deux approches possibles pour atteindre la cime à laquelle nous aspirons.

    
2.3. Les voies conduisant à la charité

     2.3.1. La voie classique

     Elle débute souvent par une introspection : quels sont les traits dominants de mon caractère ? Quelles vertus dois-je développer ?...
     La réponse conduit à s’imposer une certaine conduite au quotidien pour partir de : ce que je suis, et aboutir à : ce que je voudrais être.
     En cela, rien de répréhensible, bien au contraire. Mais, poursuivant dans cette voie, on rencontre souvent les difficultés suivantes :

-          Imposer une vertu demande beaucoup d’énergie (en sommes-nous capables ?) et peut provoquer des conflits intérieurs. D’où naissent ces conflits ?

-          La vision sociétale matérialiste conditionne nos aspirations, elle privilégie l’affirmation de soi à la connaissance de soi, et dans cette perspective la charité n’est pas un comportement que l’on adopte spontanément.

-          Dès lors, la conscience ordinaire s’empare de ce sujet, et cela peut se formuler ainsi :

§         La réflexion : pourquoi serai-je charitable ? Dans la société qui est la notre, il est préférable de penser d’abord à soi : « charité bien ordonnée commence par soi-même » affirme le proverbe.

§         L’émotionnel : plutôt que de donner mon argent, je vais le conserver pour m’acheter tel objet dont j’ai envi, qui me procurera une certaine satisfaction, et puis, je n’ai pas de liens affectifs avec cette personne, pourquoi l’aiderai-je ?


     Est-ce viable ? Y parviendrais-je ? Pas facile ! Faut-il abandonner ? Avant cela, voyons ce que propose l’autre voie d’accès.


     2.3.2. La voie de l’attention

     L’attention étant une fonction naturelle de la conscience, on peut espérer qu’elle nous conduise naturellement à la pratique des vertus, et donc de la charité.

-          La véritable attention met en retrait la conscience ordinaire, celle qui nous présente un maximum de raisons pour nous convaincre de renoncer aux élans vertueux.

-          Lorsque l’attention a fait « le vide intellectuel », et surtout « émotionnel », notre véritable nature apparaît, celle qui se dissimule derrière l’ego, qui manifeste spontanément la compréhension et la compassion : alors, si une aide est nécessaire et qu’on peut la prodiguer, nous le ferons.

-          Par ailleurs, cette posture évite les écueils et les excès : la perception de notre situation personnelle, de nos capacités à agir est aiguisée par l’attention : on donne ce que l’on peut donner, sans mettre son économie en péril, au besoin en faisant des trouvailles pour mieux gérer ses dépenses, permettant d’aider davantage, mais sans forcer la destinée : pourquoi vouloir se démunir en aidant autrui, obligeant ainsi la famille,  les proches ou la société de subvenir à nos besoins, si ce n’est sous l’impulsion de la conscience ordinaire qui espère une compensation, un retour sur « investissement spirituel » !


     2.3.3. Appréhender et réaliser la charité et les vertus

     On réduit souvent la charité, et l’action qui en découle, aux dons matériels. Cette limitation correspond à notre mode de vie, et surtout à l’expression de la société : matérialiste, reposant sur le commerce des biens et des services.
     Comme pour l’iceberg, le don matériel n’est que la partie émergée de la charité, mais bien souvent, il semble le plus difficile : c’est bien la conséquence des valeurs que la société consacre réellement : le pouvoir et l’argent.
     Il ne faut pas oublier l’essentiel, ce que la charité signifie véritablement : l’amour de son prochain. Dans cette perspective, la considération, l’écoute ou la simple présence attentive surpassent largement le don matériel, car ils s’adressent à la conscience, à l’âme.

     Il existe une expression spécifique à la transmission de la tradition dans le Zen : « I shin den shin » (de mon âme à ton âme).
     Lorsque la charité, ou toute autre vertu, s’exprime naturellement à partir d’une conscience attentive, cela se fait « I shin den shin » (de mon âme à ton âme).


C.    Par delà les vertus

1.     Les chaînes de fer et les chaînes d’or

     Un sage indien disait : « Il faut utiliser les chaînes d’or pour se débarrasser des chaînes de fer, puis abandonner les chaînes d’or ».

     Les chaînes de fer, ce sont les défauts, les vices, et les chaînes d’or, les vertus.
     On comprend facilement le premier conseil, mais la seconde recommandation nous surprend. Pourquoi renoncer aux vertus ? Pourquoi abandonner les chaînes d’or ? Parce que ce sont également des chaînes, et bien plus solides que celles de fer !


2.     S’émanciper du principe d’action et de réaction

2.1. Action et réaction

     Le principe d’action et de réaction est bien connu en physique, il s’agit de la troisième loi de Newton énoncée ainsi : « tout corps A exerçant une force sur un corps B subit une force d'intensité égale, mais de sens opposé, exercée par le corps B. »
     Inscrit dans une démarche spirituelle, il signifie que toute action entraîne une réaction dont l’on devra connaître les conséquences, notamment lorsque celle-ci est déclanchée par une intention.


2.2. La conséquence des actes

     Dans la doctrine spirite, le principe de l’action et de la réaction commande celui de réincarnation : on récolte ce que l’on a semé.
     Si les mauvaises actions commises volontairement (les chaînes de fer) produiront des effets négatifs, à l’inverse, les bonnes actions (les chaînes d’or) élèveront la conscience, alors, où est le problème ?


2.3. Le réservoir plein « d’eau sale » ou « d’eau propre »

     Lorsque l’on évoque la notion de bien et de mal, on ne peut séparer ces façons d’agir des sentiments qui les gouvernent : les émotions.
     Et tout naturellement, les émotions ramènent à la conscience émotionnelle, ce vaste réservoir indifférencié (§ Partie I, B, 2.3).
     Or, tout réservoir rempli d’eau à ras bord risque de déborder si l’on en agite le contenu, et que l’eau soit claire ou sale ne change rien.
     Et l’on sait, par expérience personnelle ou observation de nos semblables, que la conscience émotionnelle réagit promptement à toute stimulation.


2.4. La solution que l’on pressentait

     La pensée précède les actes, ce que nous faisons n’est que la projection dans le monde matériel de ce qui se manifeste dans la conscience, c’est donc là que le principe de l’action et de la réaction prend naissance.

     Son origine peut donc dépendre de la dimension émotionnelle de la conscience, ce qu’il conviendrait d’éviter.
     Quelles que soient la nature des émotions, positives ou négatives, nous avons vu qu’elles peuvent être bien atténuées par l’attention ou la respiration consciente. C’est ainsi qu’il est possible d’agir naturellement, à partir du centre de l’attention, que celle-ci se manifeste spontanément ou émane de la respiration consciente.
     Lorsque cette façon d’être s’installe, nous sommes délivrés des chaînes qui nous entravent, qu’elles soient de fer ou d’or car l’attention incline à l’action juste tout en émancipant du principe de l’action et de la réaction.
    

3.     Faut-il se priver de toutes nos émotions ?

3.1. La question essentielle

     Faut-il se priver de toutes nos émotions ? On a bien compris que la conscience émotionnelle est dualiste, et que stimuler l’une quelconque de ses parties implique de l’exciter toute entière, mais doit-on pour autant abandonner les émotions positives, celles qui nous stimulent et que nous aimons partager avec nos proches, qui définissent le caractère de nos relations ?
     Evidemment non. Mais alors, qu’advient-il de tout ce qui a été dit sur le sujet ? Il convient simplement de redéfinir la notion d’émotion, de l’observer sous un angle différent.


3.2. Un exemple pour comprendre

     La scène se passe au bord de la mer. On s’avance dans l’eau et l’on choisit de belles vagues puissantes qui vont nous porter, et nous ramener sur la plage. La satisfaction, le plaisir, la grâce du moment, c’est de vivre pleinement cette expérience par l’attention qu’on y met. On  est alors bien calé dans la vague, et ne faisons qu’un avec elle ! Mais il arrive parfois que, n’y prenant garde, on se retrouve le nez et la bouche plongés dans l’écume, et là, on suffoque, ce qui en soit est une expérimentation forte, mais on perd tout ou partie des sensations apportées par la vague !

     La vague qui nous porte, c’est l’expérience vécue pleinement avec attention, et la tête dans l’écume, le trop plein émotionnel.


3.3. Réponse à la question

     En fait, il n’y a pas de réponse à la question, car lorsque l’on agit dans la conscience ordinaire où prédomine l’émotionnel, c’est pratiquement impossible, et quand on change de niveau de conscience par l’attention, le problème ne se pose plus...car il n’existe plus !

     Au quotidien, lorsque l’attention se manifeste, qu’elle se substitue au plaisir émotionnel que l’on désire, alors la véritable relation avec les êtres que l’on aime s’installe réellement.
     Certes, deux difficultés s’interposent face à ce vécu unique : la mémoire émotionnelle et les conditionnements de la société qui favorise les comportements émotionnels. Mais ce ne sont que des excitations mentales qu’il convient de traiter comme il se doit : attention ou respiration consciente.



CONCLUSION

     La réforme intime, une voie spirituelle pour se transformer ? C’est sa définition même. Ce texte qui lui est consacré en a-t-il respecté le sens ?

     Pour répondre à cette question, évoquons l’esprit et la lettre.

     A la lettre, certainement pas (de l’expression ; « respecter à la lettre » : respecter strictement), mais ce n’était pas le propos de cette présentation, et puis, seule une personne compétente et engagée dans la doctrine spirite aurait pu le faire.

     Voyons maintenant l’esprit.
     Entreprendre une réforme intime, même avec ardeur et détermination, suppose souvent un combat avec soi-même, du moins, avec les parties de sa conscience que l’on souhaite transformer, améliorer, bonifier. Cette lutte intérieure est vivement encouragée dans les cercles spirituels, y voyant une occasion de s’épurer.
     Considérant que seul le changement importait, la méthode proposée ici repose sur trois fondements :
    
§         La simplicité : tout s’appuie sur l’attention, soutenue éventuellement par la respiration consciente.

§         L’inné : ce sont des fonctions naturelles de la conscience et du corps.

§         L’universalité : cela s’adresse à chacun, « Celui qui croyait au ciel, celui qui n’y croyait pas » pour reprendre les paroles du poète [Louis Aragon (1897-1982) : La rose et le réséda].


     La réforme intime devient le changement de niveau de conscience qui s’installe naturellement par la voie de l’attention.