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23/08/2013

Chapitre 2.2. La conscience




Texte lu






Description : l'influence du cerveau sur la conscience, et notamment la conscience émotionnelle.



- P : Bien. Voyons maintenant cette conscience. Si, comme on l’a dit, elle procède bien du néocortex (dernière évolution du cerveau), sa manifestation  peut recourir à des expressions différentes puisant leurs sources dans les parties du cerveau que nous avons identifiées. On pourrait donc discerner plusieurs formes de conscience, assimilables aux fonctions du cerveau correspondantes.

- C : en clair...

- P : on aurait donc :

§         la conscience instinctive, reliée au cerveau reptilien ;

§         la conscience émotionnelle, dépendante du cerveau mammalien ;

§         les consciences : intellectuelle, morale et intuitive, relevant du néocortex.

- C : alors, la conscience globale exprimera l’interaction de l’ensemble des réactions cérébrales impliquées dans une situation donnée ?

- P : en toute logique. Maintenant que nous avons bien ce schéma en tête, il me paraît important de s’attarder tout particulièrement sur l’une des formes de la conscience qui semble dominer le caractère humain : la conscience émotionnelle.

- C : qui semble ! C’est un euphémisme !

- P : on a convenu d’y aller doucement, pas à pas...

- C : oui, je confirme.

- P : comme nous sommes d’accord, observons de plus près cette conscience particulière pour mieux la comprendre.

- C : et donc pour mieux nous comprendre, de par son emprise sur l’esprit humain ?

- P : oui, et cela semble une voie intéressante, un chemin à privilégier pour essayer de se connaître.

- C : même si, à priori, on aborde la question à contrario ?

- P : peu importe. Ce qu’il est essentiel de retenir ici, c’est la prépondérance de cette conscience dans le comportement humain, et si la connaissance de soi est « ailleurs », on ne peut faire l’impasse sur les émotions, même et surtout si elles sont un obstacle à notre étude.

- C : il faut bien connaître son ennemi pour tenter de le transformer en ami ?

- P : ennemi, ami, c’est purement affectif et subjectif ! Connaître le plus objectivement possible, pour comprendre.

- C : alors, avançons !...

- P : nous avons vu que la conscience émotionnelle apparaît avec le cerveau mammalien, qu’elle est donc bien antérieure à l’intelligence, au raisonnement. Sa fonction originelle était de créer un lien privilégié, un attachement puissant, entre la femelle et sa progéniture. Cette affection s’exprime naturellement, spontanément, sans qu’il soit nécessaire d’acquérir des connaissances.

- C : contrairement à l’apprentissage, indispensable à l’acquisition de l’ensemble des autres connaissances, et qui est l’apanage de l’intellect.

- P : voilà ! Les premiers sentiments du bébé s’expriment par le biais de la conscience émotionnelle. Le sentiment précède de loin la connaissance,  car cette fonction d’attachement va permettre l’éducation et le développement futur du nourrisson. Ainsi, si l’on schématisait « l’arbre des choix émotionnels », les deux premières branches, les plus robustes, porteraient, l’une la joie, l’autre la tristesse...

- C : ...les émotions racines ! Puis, au fil du temps, l’expérience et les connaissances acquises enrichissent et diversifient cette palette, faisant évoluer ces deux tons primaires comme autant de couleurs chatoyantes portées par les ramifications innombrables des branches souches !

- P : monsieur est poète !

- C : l’arbre, la nature, ça m’inspire !...

- P : je souscris, sauf pour le qualificatif « chatoyant », car je doute qu’il s’accorde à l’ensemble des émotions...notamment lorsque la conscience émotionnelle est en surchauffe, mais on en reparlera par la suite...

- C : voyons dès à présent...Que peut-on dire de plus sur cette conscience, quels secrets nous cache-t-elle encore ?

- P : une chose est certaine, la conscience émotionnelle ne cultive pas le goût du secret, elle se montre au grand jour, et sans pudeur !

- C : une chance pour nous qui essayons de la comprendre.

- P : une chance, effectivement ! Sans que cela ne gêne notre compréhension du sujet dans l’immédiat, je réserve certains aspects de la conscience émotionnelle, notamment ses influences et sa démesure par rapport à l’intellect, lorsque nous aborderons les thèmes de la société et de la vie quotidienne. S’agissant des émotions, on va d’abord passer du général au particulier en montrant le jeu inégal entre conscience individuelle et collective. Pour paraphraser Pascal, philosophe et scientifique français du dix-septième siècle, qui définissait l’infini comme : « Un cercle dont le centre est partout et la circonférence nulle part », on pourrait décrire la foule comme une « personne » dont l’émotion est partout...et l’intelligence nulle part !

- C : il est vrai que ce n’est pas facile de penser clairement au milieu d’une foule...et encore moins de porter la contradiction raisonnée !

- P : Si l’on parvenait à conserver intactes ses capacités intellectuelles dans ces conditions,  ça serait même dangereux ! Voilà pour le général. Lorsque l’on s’intéresse maintenant au fonctionnement normal et quotidien de la conscience, on remarque aisément que sa nature émotionnelle peut l’emporter facilement lorsqu’elle se trouve confrontée à sa fonction intellectuelle.

- C : il suffit de s’observer et prendre des notes ! Il convient également de considérer l’influence externe, le milieu dans lequel elle baigne pour forger cette conviction, mais je pense que tu développeras ce point, comme tu l’as dit, lorsque nous aborderons les thèmes sociétaux ?

- P : tout à fait. Pour terminer, il faut absolument évoquer un aspect fondamental de la conscience émotionnelle : c’est sa dualité, et les conséquences induites.

- C : la dualité, c’est le fait de contenir des éléments opposés ?

- P : oui, et l’on peut dire que la conscience émotionnelle est par nature dualiste, c’est-à-dire qu’elle contient en elle, indistinctement, toutes les émotions dérivées du couple de base - joie / tristesse -, et peut puiser en un rien de temps, sans transition, d’un champ à l’autre.

- C : c’est-à-dire d’une émotion à son contraire, comme passer du rire aux larmes !

- P : exactement.

- C : et le problème fondamental dans tout cela ?

- P : c’est qu’en stimulant l’un des deux types quelconques d’émotions - de préférence celles qui déclinent la notion de joie -...

- C : ...dans la famille « joie » je voudrais...

- P : voilà, comme pour le « jeu des 7 familles » !

- C : ...on stimule cette conscience toute entière, et l’on risque d’en subir ultérieurement les conséquences à l’occasion d’un problème émotionnel quelconque. Mais dis-donc, tu nous entraînes doucement, mais sûrement, dans un mode de vie peut-être dépourvu d’émotions désagréables...mais aseptisé ?

- P : patience, patience, je ne propose pas de marcher à cloche-pied - déjà que sur deux jambes c’est pas toujours évident ! Nous verrons par la suite comment il est possible d’être, et donc d’agir différemment. Cet avertissement sur la conscience émotionnelle devait être mentionné pour bien comprendre son fonctionnement, pour mieux la cerner afin de mieux la contourner. De montrer qu’elle n’est pas exclusive...

- C : ...que schématiquement on pourrait se référer à l’image du « yin et du yang » pour la représenter. Un cercle divisé en deux parties égales par une ligne en forme de « S » inversé, impliquant que chaque figure, dans sa portion enflée, côtoie la partie la plus mince de son double.

- P : c’est une bonne comparaison, d’autant que le principe du yin et du yang insiste justement sur la dualité du monde, de la vie et des expériences que nous sommes amenés à connaître ! Nous tenterons d’aller au-delà de cela dans notre prochaine conversation en abordant la connaissance de soi...

- C : vaste programme, comme dirait l’autre !

- P : qui ne se fera pas en une fois !

- C : c’est peut-être le moment d’écouter de la musique, alors ?

- P : un dernier clin d’œil à Bach avant d’accueillir un autre compositeur. Je te propose la première partie de L'Oratorio de Noël BWV 248. (1)

- C : c’est pas la période, mais on fera comme si...

- P : pour Bach, on peut faire l’effort !




(1) Bach : L'oratorio de Noël

http://www.youtube.com/watch?v=VVeluHdzcBY

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