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20/08/2013

Chapitre 3.2. La connaissance de soi : Etat des lieux



Texte lu







Description : bienvenu dans un monde d'illusions...Le notre !
  • Illusion des formes et de l'apparence : l'humanité dans un dé à coudre 
  • Illusion de la personnalité : le collectionneur et la collection, l'ego
Et là, contrairement aux formes, il est possible de changer la donne...





- C : vertigineux !...

- P : redescendons du sommet pour s’adonner à un petit jeu...

- C : chic alors !

- P : disons, un petit exercice de physique...

- C : je prends quand même !

- P : tu sais que toute la matière, et nous inclus, sommes constitués d’atomes (les particules fondamentales de cette matière qui en conservent la nature) ; que chaque atome peut être représenté comme un système solidaire comprenant le noyau - au centre - et les électrons qui gravitent autour.

- C : oui.

- P : c’est une représentation mentale, mais l’important dans cette configuration est de considérer l’espace existant entre le noyau et les électrons. Eh bien nous allons calculer le volume qu’occuperait toute l’humanité si cet espace n’existait plus, si tous les électrons de chacun des atomes la composant se trouvaient rassemblés sur le noyau.

- C : j’ai pas pris ma calculette !...

- P : on va faire une approximation. Combien y a-t-il d’êtres humains sur Terre ?

- C : environ 7 milliards.

- P : comptons-en 10. Quel est le poids moyen d’une personne ?

- C : 70 kg.

- P : voyons large, disons 100 kg, soit un volume de 100 litres (1 litre d’eau vaut 1 kg). Quel serait alors le volume total de l’humanité en mètres cubes ? (m3)

- C : sachant que 100 litres = 0,1 m; 10 milliards X 0,1 = 1 milliard de m, soit : 10m3.

- P : très bien ! Maintenant, sachant que la distance moyenne des électrons au noyau dans l’atome est de 10-5 m (un centième de millimètre !), quel serait donc le volume de l’humanité si cet espace n’existait pas ?

- C : pour passer d’une distance à un volume, il faut multiplier trois fois de suite cette distance par elle-même (exemple : le volume d’un cube correspond à la mesure de son côté multiplié trois fois par lui-même), soit : (10-5)= 10-15 ; donc, pour supprimer l’espace compris entre le noyau et les électrons, il faut diviser le volume initial par 1015, soit : 10m/ 1015 = 10-6 m= 1 cm3 ! Bigre !

- P : et encore, pour des raisons de simplification, nous avons pris 10 milliards de personnes pesant chacune 100 kg ! Première illusion, notre apparence, notre forme, l’espace que nous emplissons !

- C : une explication peut-être ?

- P : si nous ne nous effondrons pas sur nous-mêmes, comme toute la matière qui nous entoure, c’est, pour simplifier, grâce à la force électromagnétique (l’une des quatre forces fondamentales de l’univers) qui crée une interaction entre les particules chargées électriquement (électrons et protons du noyau). Ce n’est pas la peine d’aller au-delà, l’essentiel étant de montrer que la réalité est parfois bien différente de ce que nos sens nous laissent percevoir.

- C : tu as parlé de première illusion, j’ai des notes !...

- P : cette illusion que l’étude de la matière nous révèle, ne pourrait-elle pas être étendue à la conscience ordinaire, celle que nous avons l’habitude d’utiliser ?

- C : nous en avons déjà une petite idée, c’est notre façon personnelle de réagir aux événements, le fameux verre de bière !

- P : c’est un premier pas ! Essayons de progresser. Qu’est-ce qui peut caractériser un collectionneur ?

- C : sa collection.

- P : oui...Et si l’on tentait une approche psychologique de cette personne ?

- C : l’attachement, voire l’identification à « sa collection », en fait, le lien puissant qui l’unit à elle.

- P : voilà ce que je souhaitais entendre !

- C : il suffisait de demander !

- P : c’est mieux quand c’est spontané ! On retient donc ce lien puissant qui lie le collectionneur à sa collection. Extrapolons, mais pas tant que cela. Cette collection ne pourrait-elle pas être un recueil, un assemblage, une réunion de pensées ?

- C : et l’être humain, « le collectionneur » de pensées ?

- P : Aucun doute que nous émettons constamment des pensées, qu’elles soient intruses ou désirées, banales ou structurées.

- C : si elles ne sont pas souhaitées, on ne peut les considérer comme des « pièces de collection » alors ! Par nature, le collectionneur choisit ses objets avec grand soin !

- P : bien-sûr ! Mais oublions le détail et creusons l’idée. Ce parallèle s’attache surtout à montrer que les pensées, comme la collection, constituent un ensemble, une référence qui, par son histoire et sa persistance, modèle complètement l’être (le collectionneur) qui en est la source.

- C : c’est sa personnalité, en fin de compte ?

- P : oui, une personnalité construite par les consciences que nous avons définies précédemment : émotionnelle et intellectuelle.

- C : et en soi ?

- P : en soi, rien de plus naturel, mais si l’on y regarde d’un peu plus près...

- C : comme  pour le volume de l’humanité réduite à sa plus simple expression ?

- P : absolument ! Ici aussi, l’illusion est entretenue puissamment. Elle a pour nom la société, qui donne de la substance à la personnalité, crée des modèles ou des aberrations ! Des références qui imprégneront la mémoire collective, autant qu’individuelle !

- C : et ce qui nous relie à cela, qu’on l’affectionne ou qu’on l’exècre, serait aussi puissant que la force électromagnétique qui permet le monde des formes et des structures ?

- P : ce à quoi nous nous identifions est parfaitement défini, c’est la « collection » de souvenirs accumulés durant notre existence, c’est la résultante des influences reçues et acceptées auxquelles nous ajoutons nos réflexions et nos sentiments. En un mot, c’est l’ego, expression aboutie de nos consciences émotionnelle et intellectuelle. C’est lui qui incarne cette force puissante reliant le tout, et lui donne sa cohérence.

- C : bien-sûr, mais à ma connaissance, l’on a rien trouvé de plus efficace pour s’affirmer et vivre son existence. Qu’en est-il de l’illusion ?

- P : s’affirmer, c’est sûr !

- C : c’était peut être pas le bon mot...

- P : ça ne fait rien. Je comprends ce que tu veux dire. Il est évident que nous devons faire avec le cerveau et la conscience qui l’accompagne depuis des lustres. Mais peut-être est-il possible de ressentir, d’agir, d’être autrement, de ne plus se référer systématiquement à cette « collection », de ne plus dépendre de ces états intermittents qui encombrent notre conscience émotionnelle. Quant à l’illusion entretenue ici, elle est d’un autre ordre de celle qui se rapporte à la matière, et c’est une aubaine !

- C : on va pouvoir en profiter alors ?...

- P : peut-être bien !... Contrairement à la matière dont la dimension véritable nous oblige à une expérience de pensée - imaginer toute l’humanité contenue dans un dé à coudre ! -, car cette réalité ne sera jamais vécue, des voies sont peut-être possibles pour s’affranchir de la conscience ordinaire, de l’ego, d’envisager un changement réel de niveau de conscience.

- C : comme tu y vas !

- P : ne nous y trompons pas, le thème de la connaissance de soi est vieux comme le monde des humains qui ont pensé la question : « Connais-toi toi-même, et tu connaîtras l’univers et les Dieux »...

- C : rien que ça ? Rassure-moi, on n’est pas obligé de faire pareil ?

- P : je te rassure !...Cela pour dire qu’il n’y a rien de nouveau sous le Soleil. Mais que ça ne nous empêche pas, comme je le disais précédemment, de réfléchir naturellement et simplement  sur notre condition. Peut-être en ressortira-t-il une certaine compréhension des événements, une autre façon d’être et d’expérimenter, en rupture douce avec les anciens schémas de pensée.

- C : si effectivement, au regard de tout ce qui a déjà été formulé jusqu’à présent sur la connaissance de soi, il n’y a rien de nouveau sous le Soleil, il est possible d’en personnaliser l’approche, de proposer une grille de lecture particulière à partir du moment où l’on a saisi les grandes lignes du modèle.

- P : tout à fait ! Nous sommes des graines de conscience, profitons-en ! Il existe certes des méthodes éprouvées pour apprendre à semer convenablement ce que nous voulons voire croître et embellir, mais rien ne nous empêche d’apporter cette petite touche personnelle, le choix et la présentation des cultures.  Exprimer cette sensibilité qui rentrera en résonance avec d’autres consciences, voilà la raison d’être de cette contribution !

- C : avant de poursuivre, on fait une pause musicale ?

- P : j’allais te le proposer. Et comme l’on dit que la musique de Mozart est formidable pour le cerveau, continuons en sa présence avec la messe du couronnement. (1)  

- C : écoutons-la pieusement...   

- ..........
  
- C : qui a dit que le silence qui suit une œuvre de Mozart est encore de Mozart ?    

- P : Sacha Guitry.

- C : je suis désolé de troubler son œuvre.

- P : je pense qu’il te pardonnera. Quand on écoute une œuvre avec attention, c’est comme si le compositeur était toujours vivant ! 



(1) Mozart : Messe du Couronnement

http://www.youtube.com/watch?v=DqeaIsdjloo 

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