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15/08/2013

Chapitre 3.3.4. Réflexions sur le changement de niveau de conscience




Texte lu








Description : le ressenti intime et la perception des autres personnes lorsque l'on s'engage dans un changement de niveau de conscience :
  • L'attention et la respiration consciente provoquent un changement immédiat de niveau de conscience ;
  • Comportement normal et conduite naturelle ; 
  • Influence du changement de niveau de conscience sur les relations personnelles ;
  • Explications sur : "Il n'y a rien à rajouter et rien à retirer" ;
  • La non-dualité, les non-dualistes, l'éveil...
Réponse à la question (§ 2.1) :
"Que se passe-t-il si nous décidions de changer, et ces personnes, non ?"





- P : alors, pas de remarques, de doute, de points d’achoppement, ou de difficultés particulières avec tout ce qui a été dit la dernière fois ?

- C : non, ça va, la clarification sur les obstacles évoqués dimanche dernier a fait son office !

- P : une bonne nouvelle ! On va donc retrouver l’inspiration musicale avant d’en terminer avec cette « connaissance de soi ».

- C : peut-on vraiment en finir ?

- P : d’en parler, certainement, quant à l’expérimentation ?...

- C : il faut bien qu’il subsiste des interrogations, ce sont des stimulants puissants !

- P : on va dire les choses comme ça...

- C : et que proposes-tu ce matin ?

- P : un musicien dont Brahms a dit : « Nombre de compositeurs se contenteraient des feuillets qu’il laisse tomber à terre ! »

- C : je ne vois pas...

- P : Dvorak !

- C : ah, oui !...La symphonie du Nouveau Monde ! (1)

- P : et bien non, on l’écoutera pas ! Mais on va découvrir une œuvre contemporaine de cette fameuse symphonie, une œuvre à la fois nostalgique et enjouée : le quatuor n° 12 « américain ». (2)

- C : qui a été composé durant son séjour aux U.S.A., je suppose ?

- P : tout à fait.

- ..........

- C : un pur moment de bonheur !

- P : tu es d’attaque ?

- C : oui !

- P : allons-y, et voyons ce que l’on peut dire sur le changement de niveau de conscience.

- C : on peut déjà envisager deux approches : le ressenti intime et la perception des autres...

- P : tu veux dire l’incidence sur les personnes proches ?

- C : oui.

- P : entendu pour cette analyse. Commençons donc par le sentiment intime du changement de niveau de conscience. A la fin de notre dernière discussion, on avait déjà évoqué que l’impression de cette transformation se manifestait dans la conscience au fur et à mesure que l’on s’adonnait à l’attention ou à la respiration consciente.

- C : oui, sur la réaction du cerveau...

- P : voilà ! En fait, il n’y a pas, ou peu de chose à rajouter...Juste ceci. Dès l’instant où l’on est dans l’attention ou la respiration consciente, qui n’est en fait qu’une forme d’attention avec support, le changement de niveau de conscience est immédiat, car il naît avec cette attitude particulière.

- C : alors la distinction que l’on peut faire entre des personnes qui ont la capacité de s’induire dans ces états ne concernerait que le temps, la durée pendant laquelle elles sont capables de maintenir cette condition ?

- P : bien-sûr que l’on peut différencier les personnes ainsi. Mais attention, on marche sur un fil ! Car en raisonnant de cette façon, on revient illico dans le schéma comparatif, le plus, le moins, et toutes les questions dérivées...

- C : et donc sous l’emprise des consciences ordinaires ?

- P : et oui, on y retourne ! Car c’est un vrai défi d’essayer de faire passer par la compréhension de la raison ou de l’émotion ce qui, justement, s’en affranchit, se manifeste lorsque ces consciences sont en retrait. On retourne toujours au fait déjà énoncé, que lorsque l’impression ressentie est au-delà de l’exprimable, il suffit simplement de la vivre.  Donc, vivre ce changement de niveau de conscience en temps réel, émanant de l’état d’attention, se suffit amplement.

- C : voyons maintenant ce qu’il en est de la perception de l’entourage, car ici, effectivement, il peut y avoir problème...

- P : c’est certain. On peut résumer cela en parlant de comportement « normal », et de conduite « naturelle ».

- C : oui...

- P : ce qui est normal correspond à la norme, c’est-à-dire à la manière de penser et d’agir d’une majorité de personnes dans un contexte social donné...

- C : ...notre société, par exemple ?

- P : par exemple...tandis que ce qui est naturel va prendre en considération la nature profonde des êtres, et ne pas s’arrêter à la superficialité du vécu des événements.

- C : la « voie normale » n’est que l’expression de nos habitudes, nos joies, nos peurs, nos espoirs, nos convictions...

- P : pas mieux ! Et donc, tu imagines bien par quelles interrogations peuvent passer des personnes qui continueraient de vivre une existence « normale », aux côtés de proches qui ont choisi de changer de niveau de conscience !

- C : cela peut devenir un obstacle considérable, et causer des ruptures, par exemple !

- P : oui, mais ne nous leurrons pas, ce qui nous fait quitter nos relations, quelles soient superficielles, solides ou intimes, n’a pas attendu l’expérimentation d’un changement de niveau de conscience ! Voyons ce qui peut construire une amitié ou un amour.

- C : oui, c’est intéressant...

- P : si l’on excepte les relations reposant sur une opposition consentie : dominant / dominé,  faible / fort, on trouvera souvent à l’origine du rapprochement : des affinités diverses, ce que l’on aime à partager, et surtout une certaine ressemblance psychique...

- C : ...miroir, mon beau miroir !

- P : voilà ! Ça vaut pour les deux types relationnels. L’amour comprend toutefois un attrait biologique supplémentaire. Simplement, les hormones et les phéromones à l’origine de cette relation trouveront une traduction appropriée dans les consciences émotionnelle et rationnelle !

- C : et voilà comment, en quelques mots, on anéantit des siècles de romantisme ! Si j’avais encore quelques espérances à ce sujet...

- P : console-toi, avec l’attention, tu éviteras tous les pièges de la nature émotionnelle dans ce type de relation, et sera d’humeur égale et prévenante !

- C : c’est vrai, j’oubliais les promesses de l’attention !

- P : pour en revenir aux relations dites « fortes », lorsqu’elles reposent à l’origine sur un certain idéal et que l’un des partenaires s’en détache véritablement, qu’il ne partage plus l’attrait pour ces idées jadis appréciées, la rupture peut être consommée rapidement.

- C : et cette crainte ressentie à l’origine, celle qui nous fait penser : « j’aimerais bien changer de niveau de conscience, mais quelle va en être l’incidence sur mon couple, ma famille, mes amis ? Je suis sûr qu’ils ne vont pas apprécier ! »

- P : elle émane directement de la conscience émotionnelle.

- C : cela va sans dire !

- P : donc, cette pensée qui sème l’inquiétude subsistera tant que la conscience émotionnelle prendra le pas sur la conscience attentive. La séparation appréhendée peut effectivement survenir, mais au même titre que si l’on adoptait un comportement différent, susceptible de provoquer la rupture avec nos relations privilégiées. Mais ce n’est pas tout...

- C : ah bon !

- P : oui. Il faut avoir le courage de tout dire !

- C : vas-y, je serai fort !

- P : pourquoi ne pas penser que ce changement de niveau de conscience pouvait  inciter et entraîner nos relations à nous suivre sur cette voie, que l’on puisse partager cette transformation avec elles si, bien-sûr, elles le désirent ?

- C : c’est vrai...j’ai honte !...

- P : ne t’afflige pas, c’est le temps nécessaire à l’assimilation avant de passer à l’expérience !... Et puis cela occasionnera certainement de nouvelles rencontres, de nouvelles amitiés. Ainsi va la vie !

- C : finalement, c’est simple.

- P : finalement...D’autres questions ?

- C : oui, quelques unes...

- P : allons-y...

- C : pour définir cet état particulier d’attention, tu emploies souvent l’expression : « Il n’y a rien à rajouter, et rien à retirer » ; tu pourrais préciser, notamment le fait de ne rien ajouter ?

- P : de la difficulté à exprimer certains états de conscience !...En fait, lorsque l’on est suffisamment attentif, les consciences ordinaires demeurent en retrait, la sensation : « Il n’y a rien à rajouter, et rien à retirer » ne survient qu’après, lorsque la mémoire, stimulée par les consciences évoquées (émotionnelle, intellectuelle), s’approprie cette disposition particulière : vivre simplement, naturellement, la situation présente. Y ajouter quelque chose se comprend comme le fait de prolonger cet état, d’y ajouter du « temps » en quelque sorte. Mais cet état est « plein »...

- C : ...plein de quoi ?

- P : de l’espace créé par la conscience attentive, il se suffit en lui-même, et souhaiter  perpétuer cela, n’est qu’une idée, une pensée, un désir ou une  volonté émanant respectivement des consciences émotionnelle et intellectuelle.

- C : j’aurais du m’abstenir de poser cette question, car je me rends parfaitement compte que lorsque l’on commence à vouloir mettre plein de mots autour de perceptions de ce genre, c’est soit nébuleux, soit évident qu’il convient juste de vivre l’expérience !

- P : si cela peut convaincre de vivre plus encore l’expérience...tant mieux ! Ensuite ?...

- C : je crois que c’est le bon moment d’aborder le « truc de la dernière fois !... »

- P : ...quand on a débuté le changement de niveau de conscience, il me semble ?

- C : oui !...

- P : comme on arrive à la fin, je confirme que c’est le bon moment !

- C : voilà. On a vu que le changement de niveau de conscience nécessitait de la volonté et de la persévérance. Pourtant, il existe des personnes dont le niveau de conscience s’est modifié soudainement et radicalement, comme si leur mental avait été « nettoyé » des affres de l’émotionnel. Et de plus, ils disent ne plus avoir d’ego. Après cette expérience non recherchée la plupart du temps, ils donnent des enseignements, on les appelle les non dualistes (le fait de vivre l’unité en toute chose). Que faut-il en penser ?

- P : je ne voudrais pas délivrer, comme un oracle, ce qu’il faut ou non penser d’un sujet, surtout lorsqu’il concerne la conscience et la psychologie.

- C : c’était simplement une question...

- P : ...c’était simplement une mise au point. Ces cas existent effectivement, comme il existe également quelques personnes qui, après avoir reçu un choc, émotionnel ou physique, ont développé un attrait et des connaissances particulières sur certains sujets. Ça confirmerait que le cerveau est bien l’élément le plus complexe de l’univers connu. Mais ce changement de niveau de conscience spontané représente une partie infime de la population, non pas mondiale - ça serait entre nul et zéro ! - mais de celle qui s’intéresse de près ou de loin à la nature humaine. Désolé, il va falloir continuer à exercer sa volonté pour changer !

- C : je me ferais une raison ! Plutôt non, je continuerais simplement à réagir à l’alarme : signal émotionnel ! Respiration consciente...Signal émotionnel ! Respiration consciente...

- P : c’est mieux. Respiration consciente, ou attention !

- C : tout à fait ! Et sur l’enseignement qui est donné ? Notamment le fait de dire : « Ne faîtes rien, il n’y a rien à faire, car vous avez déjà tout en vous, VOUS ÊTES ! »

- P : tu veux tester ma conscience émotionnelle ?

- C : j’y pensais pas, mais bon...

- P : ces personnes expriment ce qu’elles ressentent intimement.

- C : c’est possible, mais il existe un décalage considérable entre ce qu’elles éprouvent et la réalité quotidienne de la majorité des gens ! C’est comme clamer que tout est illusion !...

- P : bien-sûr que les perceptions des protagonistes que tu cites sont à 180 ° de celles éprouvées par la majorité des personnes vivant sur cette planète. Mais juger, donner un avis ne fera pas progresser les choses, et puis, à partir de quelle prétention ?

- C : parlons concrètement. Par exemple, ce dont nous nous entretenons n’est-il pas beaucoup plus accessible ?

- P : pour certaines personnes, oui, et c’est tout ce que l’on peut se permettre d’en dire. Il y a deux principes à considérer méthodiquement et à respecter : chaque conscience, par son développement, sa compréhension, est unique, et le libre arbitre.

- C : pourtant, lorsque l’on évoque une conscience attentive qui privilégie la voie naturelle au détriment de la normalité, quand on dit qu’elle dissipe les consciences émotionnelle et rationnelle, s’affranchissant du phénomène d’action et de réaction, donc de l’ego, n’évoque-t-on pas un principe de conscience universelle ?

- P : oui, mais un niveau de conscience librement consenti, et de façon volontaire.

- C : bon...Tu parles sur la conscience, tu suggères des moyens pour aller à la découverte de soi, es-tu un « éveillé » ?

- P : chaque matin, après une nuit de sommeil !

- C : c’est mérité...

- P : restons simples. Nous parlons, nous échangeons des idées, essayant sincèrement de voir comme il est possible d’améliorer sa condition. Ce qui importe c’est d’observer pour percevoir en soi ce changement, cette nouvelle forme de conscience qui s’invite par l’attention ou la respiration consciente. Le reste, ce qui se manifeste, l’éveil, etc. n’est que pure spéculation destinée à stimuler, encore et toujours, les consciences dont on souhaiterait se libérer.

- C : donc, l’important c’est de vivre et d’observer le monde à partir de la conscience attentive.

- P : oui, et découvrir qu’au-delà des mots, la connaissance de soi ne relève pas d’une attitude égoïste, mais éveille à la compréhension des autres. Aussi convient-il de partager cela, même si les émotions restent encore vives, dès l’instant où l’on a compris, pratiqué, éprouvé ce niveau de conscience et intégré les changements qu’il opère.

- C : oui, pas besoin d’être un « éveillé » pour cela !

- P : c’est tenace, hein !

- C : et oui ! C’est notre culture, notre désir irrésistible d’obtenir la confirmation, la reconnaissance avant d’oser parler ! Ça colle aux semelles !

- P : même si l’on marche pieds nus !

- C : c’est un koan ? (Dans le zen : courte phrase énigmatique sur laquelle les disciples doivent méditer)

- P : non, une plaisanterie !

- C : dernière question, c’est juré ! La connaissance de soi, jusqu’où ?

- P : (ne dit rien)

- C : un silence éloquent qui en dit long...si on sait l’interpréter ! J’ai encore été cherché ça au plus profond de la conscience émotionnelle !

- P : je ne dirais rien...

- C : ton silence en dit trop !

- P : vivre simplement au quotidien, avec l’attention comme compagne...Tu espérais m’engager sur le devenir de la conscience au-delà de l’existence physique ?

- C : ça ne m’aurait pas déplu que tu t’y aventures, effectivement...

- P : on verra cela la semaine prochaine. Par contre, j’ai une question...

- C : y’a pas de raison !

- P : tu te souviens qu’on avait commencé notre interrogation, après ta réflexion matinale, par : « Que se passe-t-il si l’on change, et les autres personnes, non ? »

- C : oui, en effet.

- P : alors ?

- C : si, engageant une démarche personnelle pour initier un changement de niveau de conscience, on ressent de la déception ou de la frustration face aux réactions des personnes qui, elles, ne se réforment pas, cela démontre que nous sommes toujours sous l’emprise de nos émotions.

- P : bien vu ! Et donc ?

- C : souhaiter changer, avoir la volonté de mener cela à bien est une attitude qui se suffit en elle-même, et ne doit pas dépendre du  comportement ou du regard des autres. Par ailleurs, il est possible que cette transformation incite les personnes avec lesquelles nous sommes en relation à changer elles-mêmes, à devenir plus conscientes de leurs actes et de leur vie !

- P : ah !...ça fait plaisir à entendre !

- C : c’est le signal de la musique, alors ?

- P : Ah oui !...

- C : quel soupir !

- P : « il exprime un roman dans un soupir », comme disait l’autre...

- C : qui est l’autre ?

- P : un compositeur du 20 ème siècle dont on parlera plus tard.

- C : et en attendant ?...

- P : on continue avec Dvorak, deux œuvres pétillantes : les danses slaves (3)et l’ouverture Carnaval (4) !

- ..........

- C : c’est du champagne !



Dvorak :

(1) Symphonie n° 9 "Du Nouveau Monde"

http://www.youtube.com/watch?v=WuqyfEyNXQo

(2) Quatuor n° 12 "Américain"

http://www.youtube.com/watch?v=DxtAHpYIXdU

(3) Danses slaves

http://www.youtube.com/watch?v=dRjtJEIkcV8

(4) Ouverture carnaval



http://www.youtube.com/watch?v=TXgrtYQL8cY

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