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10/08/2013

Chapitre 5.2. Changer la société, est-ce bien raisonnable ?



Texte lu







Description : changer la société, cela a été proposé et accompli tant de fois déjà ! Où il est question de logiciel, de graines et de terreau pour expliquer la notion de paradigme, qu'il faut changer. Mais, est-ce suffisant pour espérer voir éclore une société idéale ? L'histoire nous apprend que mettre un système politique à la place d'un autre, même si cela s'avère nécessaire et impérieux dans l'immédiat, ne tient pas ses promesses à long terme. Essayons une autre voie énonçant ce principe : "c'est l'évolution (des consciences), et non pas la révolution qui changera véritablement la société.



- C : bon. Prêt à changer la société ?

- P : prêt à voir ce qu’il est possible de faire...Changer la société, est-ce bien raisonnable ?...

- C : il est certain que si l’on commence ainsi, on ne devrait pas aller bien loin !

- P : c’est une forme de provocation. Mais derrière cette apostrophe ironique se profile un questionnement vieux comme : les soulèvements, les révoltes, les renversements et les révolutions...

- C : tu n’as rien oublié ?

- P : je ne pense pas, non.

- C : donc, selon toi, tous ces mouvements de contestation n’ont rien changé ?

- P : sur la forme, certainement !

- C : pas au-delà ? Prenons l’exemple de la Révolution Française, il est indéniable que les structures et les institutions de la société s’en sont trouvées radicalement bouleversées, même chamboulées ?

- P : une fois n’est pas coutume, et je m’en excuse, je vais faire une petite analyse du vocabulaire que tu emploies, mais simplement parce que ça va me permettre de mieux formuler ce que je souhaite dire.

- C : tu es tout excusé !

- P : tu utilises le terme « radical » pour qualifier le bouleversement apporté par la Révolution Française. Il signifie littéralement : prendre le problème à la racine. Considérant cela, on peut affirmer dès lors qu’il y a eu un changement véritable avec le régime précédent, qu’on a enlevé « jusqu’à la racine » les organisations antérieures, pour en « semer » de nouvelles. Or, plus de deux siècles après - il faut laisser le temps aux nouvelles pousses de s’épanouir et gagner en maturité pour livrer de splendides récoltes ! -, l’inégalité, la pauvreté subsistent...et n’évoquons même pas la fraternité !

- C : c’est peut-être une question de temps, il s’agit de nations à gérer, de populations considérables, et là, je ne pense pas seulement à la France...

- P : c’est possible, mais combien de temps encore avant de parvenir à des régimes et des situations idéales ? Et puis surtout, réforme-t-on le niveau de conscience par décret ?

- C : bien-sûr. Mais en fait, ceux qui nous gouvernent, et plus généralement ceux qui détiennent le pouvoir économique et la richesse mondiale ont-ils eux-mêmes atteint un changement de niveau de conscience suffisant pour décider de diffuser et partager cette nouvelle façon d’être ?

- P : pourquoi sont-ils ainsi, sont-ils seuls responsables ?...

- C : quel espoir de changer le système alors ?

- P : on va d’abord voir quelles sont les difficultés auxquelles se heurtent les personnes de bonne volonté qui souhaitent transformer la société...

- C : ...je te coupe, mais tout à l’heure, quand tu as parlé : « de racines, de cultures et de floraisons possibles... », je pense que tu avais une idée derrière la tête...

- P : ...oui, juste le temps de la faire passer devant pour la reprendre !

- C : ça tient pas à grand-chose !

- P : souvent, non ! C’était une autre image, et qui se rapporte justement aux difficultés évoquées. On oublie l’élément nécessaire à la racine...

- C : ...la graine ?

- P : oui...Mais surtout la terre pour la semer et la porter ! Revenons à la réalité : la terre nourricière c’est le paradigme, ou le modèle originel. C’est comme un programme informatique très perfectionné capable de proposer des structures aménageables, des systèmes clés en main ou à compléter, mais ce qu’on oublie c’est que tout programme, si perfectionné soit-il, concevra toujours à partir de ses logiciels de base...

- C : ...en clair, lorsque l’on est confronté à un problème insoluble avec les techniques habituelles, il faut inventer une approche de pensée totalement différente pour le résoudre ! Donc, lorsque tu disais, au début de notre discussion sur la société, qu’il fallait aller jusqu’à la racine du problème pour espérer changer réellement de modèle, ce n’était pas suffisant ?

- P : c’est mon côté coquin ! Cela s’applique bien aux modèles de sociétés que l’humanité subit depuis des millénaires. Pour la racine, il faut pouvoir l’étudier entièrement, et déceler si les problèmes que l’on rencontre dans nos sociétés actuelles ne sont pas, potentiellement, contenus en elle. Et si oui, chercher ailleurs...Une fois cela posé, ça ne suffit pas, il manque l’essentiel !

- C : trouver le modèle idéal ?

- P : non.

- C : je donne ma langue au chat...

- P : ça fera un heureux ! D’abord, il faut penser par soi-même, être convaincu qu’une autre voie est possible, que ce que nous vivons dans tel ou tel type de société n’est pas une fatalité, et surtout, agir à partir du bon levier.

- C : c’est difficile, en effet, mais pas impossible...

- P : creusons la question !...

- C : alors, cette autre voie possible ?

- P : j’ai bien le sentiment que tu en as déjà une petite idée ?

- C : pourquoi petite ?

- P : c’est vrai !

- C : pour résumer, et à partir de ce que nous avons vu ensemble précédemment, c’est « l’évolution, et non pas la révolution » qui permettra de changer réellement les conditions de vie de l’humanité, en tous cas, de les rendre conformes aux valeurs naturelles que sont la compréhension, le partage et la compassion.

- P : par l’évolution des consciences évidemment, ce dont nous avons parlé dans la connaissance de soi, et plus précisément en abordant le changement de niveau de conscience.

- C : la question préalable est donc : une société reposant sur la compréhension et la compassion est-elle possible ?

- P : la question que tu poses actuellement semble en effet complètement utopique, et tu serais certainement considéré comme un doux rêveur par une immense majorité de personnes, parce qu’on met ici : « La charrue avant les bœufs » ; ou, pour l’adapter à notre propos : « Le questionnement avant le changement de niveau de conscience » !

- C : oui. Ce changement auquel on aspire, cette métamorphose inespérée de la société ne pourra être effective, ou plus joliment « fleurir », pour reprendre ta symbolique, qu’une fois acquis et profondément arrimé dans notre cerveau, ce changement de niveau de conscience.

- P : et ce mouvement doit débuter et s’étendre de la base pour transformer ceux qui nous dirigent, car en définitive, ils nous ressemblent ! Ils sont : « autres nous-mêmes ! » Pas dans leurs apparences, et surtout leurs pouvoirs, mais comme l’émanation et l’amplification de la conscience humaine globale : la conscience émotionnelle !

- C : restons, si tu le veux bien...

- P : ...je le veux bien, oui !

- C : sans connaître la suite ?...

- P : ça s’appelle la confiance !

- C : un point !...Donc, restons dans cette élaboration « d’Utopia », la société idéale reposant sur ce changement de niveau de conscience, que pourrait-elle être ?

- P : lorsque nous avons réfléchi, justement, sur le changement de niveau de conscience, nous avons parlé de comportement « normal », et de conduite « naturelle ».

- C : oui, je me souviens...

- P : et bien la conduite naturelle amènerait progressivement cette transformation profonde de la société. Cela ne signifie pas que l’humanité renoncerait à la science et aux technologies, qu’elle revivrait volontairement un nouvel « âge de pierre » ! Mais à tous les niveaux de connaissance et de responsabilité : l’intérêt, le profit, la cupidité, en un mot l’égoïsme, feraient place à la générosité, l’abnégation, au dévouement. En fait, à toutes ces vertus issues de la compréhension véritable des êtres et du monde.

- C : c’est vrai que cela nous semble complètement inimaginable !...

- P : parce que ça l’est réellement sur la base du niveau de conscience actuel de l’humanité : l’émotionnel. Par ailleurs, nous sommes tellement imprégnés de ce monde d’inégalités, de violences et d’égoïsme, que nous ne parvenons plus à imaginer qu’il puisse en être autrement.

- C : c’est malheureusement vrai. Donc, lorsque le niveau de conscience global aura suffisamment évolué vers plus de compréhension et d’attention, ce rêve deviendra réalité !

- P : voilà ! Lorsque le point de basculement sera atteint - il n’est pas nécessaire que toute l’humanité fasse cette transition -, les modes de vie commenceront véritablement à changer, des comportements spontanés vers davantage de compréhension, de solidarité, de mutualité et de partage s’exprimeront naturellement...

- C : oui...On a donc fait ce petit tour rapide en « Utopia »...Maintenant, revenons là où nous sommes. C’est pas facile, mais bon...

- P : c’est notre quotidien, comprenons-le bien.

- C : afin que ceci devienne effectif, il faut tout d’abord un début, une « germination », pour prolonger encore ton analogie champêtre ! Qui va commencer ? Et surtout, comment passer la barrière du : « Pourquoi Moi ? »

- P : comme souvent, tu as l’art de poser les bonnes questions !

- C : celles qui tuent ?

- P : non ! Celles qui imposent de réfléchir sans détour, et permettent vraiment de progresser !

- C : j’en demandais pas tant !

- P : ce n’est que justice ! Et donc, répondre avec tout le soin que mérite cette question suppose qu’on lui consacre un chapitre entier.

- C : mazette !

- P : cela sera chose faite, et je te propose d’initier cette nouvelle discussion dimanche prochain, où l’on ouvrira le dernier thème de notre réflexion : la vie quotidienne. En effet, il sera le trait d’union entre la théorie et la pratique, puisqu’il nous permettra d’expérimenter objectivement ce que nous avons énoncé sur la connaissance de soi et le changement de niveau de conscience. Aussi, je compte sur ta collaboration active, et te demande de bien vouloir rechercher et présenter des situations simples et concrètes de la vie courante, que le regard de l’attention permettra d’aborder différemment.

- C : ah oui !...Car depuis le temps que l’on s’entretient sur le sujet, j’ai pu vivre différemment certaines situations courantes. Je devrais même plutôt dire que cela m’a permis de redécouvrir ce que c’était que « d’exister » au quotidien !

- P : parfait ! En attendant de se revoir, on va finir en beauté avec cette fois, deux compositeurs français du vingtième siècle...

- C : ...Debussy et Ravel ?

- P : en plus, tu as développé des dons de clairvoyance ?

- C : disons, un savant mélange de sagacité et de probabilité !

- P : c’est mieux !...Donc, nous allons écouter successivement : de Claude Debussy, La Mer (1); et de Maurice Ravel...

- C : ...Le Boléro (2) ?

- P : les statistiques étaient bien en ta faveur, mais...

- C : ...on ne peut pas gagner à tous les coups !

- P : c’est le jeu ! Donc, de Ravel, Le concerto pour piano en sol (3).

- ..........

- C : c’est ce qu’on appelle terminer sur des notes positives !

- P : ce sera le mot de la fin !



(1) Debussy : La Mer

http://www.youtube.com/watch?v=nLhY0_CYcuU


Ravel :

(2) Le Boléro

http://www.youtube.com/watch?v=LWcpw3GAAms

(3) Concerto pour piano en sol

http://www.youtube.com/watch?v=bq1ueeJucA8

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