Texte lu
Ce
texte reprend l’essentiel des notions abordées jusqu’alors afin de proposer de
façon synthétique, mais compréhensible et directement applicable, une façon de
vivre consciemment dans le modèle sociétal où nous sommes plongés.
1. En guise
d’introduction
Il est de coutume, à l’aube d’une nouvelle année, de
souhaiter à ses proches, ses voisins, ses collègues...le meilleur en matière de
santé et de réalisation de projets.
Mais plus personne n’est dupe, cela ne modifiera en rien
ce que l’année réservera à chacun, il suffit de se donner rendez-vous douze
mois plus tard pour effectuer le bilan des événements. Mais voilà, une
tradition parmi d’autres, et qui a la vie dure !
Cela pose-t-il un problème ? Non. Alors ?
Simplement une occasion de réfléchir sur notre condition, et peut-être de se
donner les moyens de la transformer véritablement, de l’améliorer, plutôt que
de se cantonner à des vœux pieux !
2. Reconsidérer la
notion de temps
Pour des raisons pratiques de repérages saisonniers, de
gestion des différentes activités, le temps, cette dimension bien énigmatique
lorsque l’on consent à y prêter attention, se retrouve circonscrit, découpé en
années, elles-mêmes fractionnées en différentes unités. Ainsi, une
« tranche d’existence » peut se maintenir bien calée et répartie sur
les feuillets d’un agenda.
Au-delà de l’usage fonctionnel, n’y aurait-il pas moyen
de réviser cette notion ? Et qu’est-ce que cela apporterait de nouveau
dans l’existence ?
Pourquoi ne pas considérer le
temps, et donc l’année qui s’écoule, comme une succession d’instants ?
Cela n’empêcherait pas de conserver le référentiel classique (mois, jours,
heures...) pour des raisons d’usages évidents.
Alors, chaque instant peut
devenir précieux par son contenu, car il révèle en lui-même des vécus
particuliers ou des changements d’états qui nous échappent.
Voyons un exemple : on
peut passer de l’apaisement à la colère en l’espace imperceptible d’un instant.
On ne se rend pas compte de la transition, comme mû par une force qui nous
submerge.
Si l’on parvenait à demeurer
attentif d’instant en instant, on « reprendrait la main », plus
exactement on ne la perdrait pas ! Ce vécu particulier de l’instant
empêche l’égarement, inhibe cette attitude qui nous verrait répondre à la
question : « Qu’est-ce qui t’arrive ? » « Je ne sais
pas, c’est plus fort que moi ! »
3. La mort pour
donner un sens à la vie
La mort donne du
sens à la vie, cela se conçoit bien lorsque l’on se projette mentalement, que
l’on soit matérialiste ou spiritualiste, que l’on souhaite profiter de
l’existence, ou qu’elle serve de modèle pour la vie future.
Mais si l’on
reste sensible au présent, la mort n’est qu’un point de basculement dans
l’existence, un seul parmi les instants innombrables qu’elle comporte.
Faisons donc le choix de l’existence, et voyons ce qui la
façonne.
4. Que
sommes-nous ?
L’existence
s’exprime par un être vivant. La Palice n’aurait pas trouvé mieux !
Et cet être,
qu’est-ce qui le compose ? Une conscience présente dans un corps physique.
L’esprit et la matière en somme.
Les deux sont
inséparables, liés par le processus du vivant, mais n’ont pas les mêmes
besoins.
Le corps
nécessite des apports réguliers pour sa survie et son entretien :
respirer, boire, manger, se vêtir et se loger.
La conscience se
manifeste essentiellement sur trois niveaux : instinctif, émotionnel et
intellectuel.
L’interaction entre le corps et la conscience génère des
répercussions tangibles, on évoque des réactions psychosomatiques (effets du
psychisme sur le corps) ou somato-psychiques (influence du corps, des réactions
biochimiques sur le psychisme). L’influence peut être positive ou négative.
La logique et le bons sens voudraient que l’on s’efforce
de maintenir un équilibre entre le corps et l’esprit pour le bien-être de
l’hôte. Tout cela serait satisfait si chaque personne pouvait disposer au moins
du nécessaire à l’entretien du corps.
C’est ici, dès ce niveau initial, que surgit le premier
obstacle : le modèle sociétal.
5. Le modèle sociétal
Il définit le cadre de vie dans lequel les êtres humains
mènent leur existence.
Il survient avec l’apparition de la sédentarisation
(environ 9 000 ans avant l’ère actuelle). S’il a évolué et s’est
diversifié au cours des âges, il tend à s’uniformiser avec la mondialisation.
Les bases de ce modèle :
Le matérialisme : la conscience émerge de la matière, c’est une
production du cerveau.
L’affirmation de soi.
Dans un tel système, cette affirmation de soi trouve naturellement
sa réalisation dans la consommation (biens, services) et le pouvoir.
Le désir et les émotions y sont fortement stimulés comme moteurs du
consumérisme.
Ce paradigme prend place dans un Monde aux ressources et aux places
limitées.
Conséquences :
Accroissement des inégalités : en 2010, 388 personnes détenaient
un patrimoine équivalent à celui de la moitié de l’humanité (3,5 milliards de
personnes) la moins riche ; en 2019, cette richesse est concentrée entre
les mains de 26 personnes.
Progression de la misère.
Banalisation de la violence.
Est-ce inéluctable ? On pourrait y souscrire en
citant deux acteurs d’un changement de niveau de conscience :
Gandhi : « Il y a assez de tout dans le monde
pour satisfaire aux besoins de l'homme, mais pas assez pour assouvir son
avidité. »
Krishnamurti : « L’homme est resté tel
qu’il était, il est toujours brutal, violent, agressif, cupide, compétitif, et
il a construit une société sur ces bases. »
Le mode de pensée
dominant crée un conditionnement amenant les personnes à se considérer par
rapport au modèle sociétal, de s’y conformer, d’y trouver leur place.
Une
perspective : « On ne peut pas résoudre un problème avec le même mode
de pensée que celui qui a généré le problème. » (Albert Einstein).
6. Vivre en
conscience dans le modèle sociétal
Une solution possible face à tous ces comportements
déviants, considérer le modèle sous un autre angle, l’aborder selon une
perspective radicalement différente.
6. 1. Vivre dans sa conscience
C’est la condition naturelle
de l’existence, mais comme cela ne semble pas évident, il convient d’expliciter
ce concept.
Une fois que les besoins du
corps sont satisfaits juste ce qu’il faut (pour rappel : respirer, boire,
manger, se vêtir et se loger), on vit dans sa conscience.
Voici un exemple :
On peut se trouver à l’aise
dans un studio, et à l’étroit dans un château.
Considérons la situation
suivante :
Une personne réside dans un
château de 1 000 m². L’opportunité lui est offerte de séjourner une
quinzaine de jours dans un château de 2 000 m² disposant de nombreux
équipements de confort : piscine intérieure chauffée, salle de spectacle,
sauna, caisson d’isolation...
Lorsqu’elle réintègre sa
demeure, après avoir profité pleinement de tous ces éléments de bien-être, un
sentiment de frustration l’envahi : celui-ci émane directement de la
conscience.
On découvre bien évidemment
l’environnement dans lequel on évolue en se déplaçant dans l’espace, et en
recueillant des informations par l’intermédiaire des sens, mais l’ensemble de
ces données trouve sa compréhension et son interprétation dans la conscience.
Au final, c’est
l’interprétation émanant de la conscience qui dictera le ressenti et le
comportement de la personne ayant vécu ces expériences diverses.
6. 2. La conscience ordinaire
Ayant affirmé ce
postulat : « On vit dans sa conscience », il importe de mieux
connaître cette structure psychique.
On retiendra pour cela deux
des trois niveaux de conscience évoqués au § 4 : l’émotionnel et
l’intellect. Ils caractérisent la conscience ordinaire, celle par laquelle
s’affirment la majorité des êtres humains.
A partir de ces deux
constituants, la personne se construit et se manifeste au fil du temps, par les
conditionnements (éducation, environnement social) et l’accumulation
d’expériences vécues.
L’ensemble regroupe une
« collection » de pensées, donc une structure immatérielle, mais dont
l’expression est suffisamment puissante (affirmation de soi) et suffisamment
réelle pour enfermer solidement et durablement son hôte.
Un exemple :
L’attachement à certaines
valeurs peut se traduire par une identification prégnante, empêchant
d’appréhender la situation de façon lucide.
Ainsi, le rapport aux
possessions peut amener à considérer les dépenses effectuées comme un véritable
déchirement, l’ablation d’une partie psychique de soi.
La pensée construit l’être
psychique auquel l’on s’identifie, et l’attachement aux possessions, donc les
possessions elles-mêmes, en sont l’une de ses composantes.
L’influence du modèle sociétal :
Cet être psychique, c’est donc
soi : il est plongé dans un modèle sociétal avec ses règles et son
principe fondateur : l’affirmation de soi.
L’ascendant du modèle sociétal
renforce cette perception de soi et facilite sa considération comme un modèle d’expériences :
ce qui est bon pour moi est bon pour les autres, ou la déclinaison de
l’affirmation de soi.
On entre ainsi dans le
jugement, et la relation aux autres réduit ou exclut l’écoute et la
compréhension.
Conséquence :
La séparation d’avec les autres
consciences s’inscrit dans ce schéma et devient le mode normal de
fonctionnement.
La communication entre les
êtres devient alors de plus en plus difficile car, centré sur soi, on perd la
capacité d’écoute, si tant est qu’on la possède.
Or, l’écoute, c’est ce dont
ont besoin de plus en plus de personnes, ballottées, bousculées, meurtries par
un modèle sociétal de plus en plus insatiable dans sa quête de possession, mais
de moins en moins disposé à la considération.
6. 3. Changer de paradigme
6.3.1. Les expériences de conscience
En soi, une expérience de
conscience contient tout ce qui peut nourrir la conscience ordinaire :
pensées, paroles actions.
Le simple fait de vivre
produit donc en permanence de telles expériences, un phénomène complètement
naturel, il semble qu’il n’y ait donc rien à redire.
Cependant, ce constat objectif
se décline rapidement en impressions subjectives dès lors que les
« outils » de la conscience ordinaire s’en emparent, en clair,
lorsque l’intellect et l’émotionnel colorent ces expériences .
Ces expériences sont à
l’origine de la séparation entre les êtres, car si l’on pouvait les décrire
dans leur intégralité, puisant jusqu’au plus profond des sentiments éprouvés,
du raisonnement employé ou de la technique utilisée, on pourrait différencier
les personnes à partir de leurs expériences.
Ces différences forment le
terreau susceptible d’accueillir les graines de l’indifférence. En effet, trop
saturé par une multitude de pensées, le mental ne dispose plus d’espace disponible
pour la compréhension et l’écoute d’autrui.
6.3.2. L’appropriation des expériences de conscience
Comme cela fut énoncé (§
6.3.1), l’ensemble des expériences vécues nourrit la conscience ordinaire.
C’est le lot de tout être sensible, s’il n’en était pas ainsi, nous serions
comme des pierres sur le chemin.
On peut dès lors associer
chaque expérience à une vibration. A partir de cette oscillation, il est
possible de distinguer plusieurs niveaux de mise en vibration, en voici les
étapes :
Pour fixer les idées,
imaginons une corde vibrante qui associerait une expérience, de quelque nature
qu’elle soit, à la conscience.
Le simple fait d’être en
éveil relie la conscience à l’environnement par les sens, ce qui s’ajoute au
« bruit intérieur » (la production de pensées) : de fait, une
vibration fondamentale s’active, spécifique à chaque être (comme les empreintes
digitales, chaque cerveau est unique).
Soit une expérience
particulière. Celle-ci est passée au tamis de la conscience ordinaire,
susceptible d’engager : la mémoire, des émotions, une réflexion. Une mise
en résonance se manifeste.
Si celle-ci s’avère trop
importante, une réaction disproportionnée peut s’enclencher : colère,
violence, burn-out. Ce mécanisme trouve une correspondance physique, lorsqu’un
phénomène de résonance peut provoquer la rupture d’un édifice :
effondrement d’un pont emprunté par une colonne de personnes marchant au pas.
Tout ceci constitue une
appropriation des expériences de conscience. Ce cadre global est bien connu sous
l’appellation d’ego.
Ce qu’il représente s’avère
souvent dénigré, le comble dans un modèle sociétal reposant sur l’affirmation
de soi !
Mais en fait, l’ego n’est
qu’un outil, ni bon ni mauvais en soi, simplement fonctionnel.
Bien compris et convenablement
utilisé, il ouvre la voie de la conscientisation.
6.3.3. La conscientisation
Conscientiser, c’est être
attentif aux événements qui se présentent à la conscience.
Etre attentif, c’est ne
retenir que la mise en vibration initiale.
Cela exclut les harmoniques
dissipées par la conscience ordinaire, sous l’emprise des émotions et de
l’hypermentalisation (multiplication en boucle des scénarios).
Sous l’effet de l’observation
juste, il se produit un alignement des différentes parties de la conscience, il
n’y a plus de tiraillements.
Ainsi, cela évite les conflits
internes qui naissent souvent d’un décalage entre ces différentes parties qui
gagnent en autonomie : on peut comprendre et accepter une information par
le biais de l’intellect, mais continuer de l’ignorer émotionnellement, de faire
comme si de rien n’était.
6.3.4. Faire éclore la conscientisation
L’attention est au cœur de la
conscientisation. Cela mérite quelques explications.
6.3.4.1. L’attention
L’attention est une capacité
de la conscience.
Etre attentif, c’est
accueillir sans à priori, sans jugement, ce que captent les sens.
C’est accomplir les tâches
naturellement.
C’est établir le calme
intérieur, celui du mental.
Cela est rendu possible par
l’effet principal de l’attention : placer en retrait la conscience
ordinaire (émotionnel, intellect).
Cela ne signifie pas que l’on
perde son affectivité et ses facultés intellectuelles.
La sensibilité fait place aux
émotions, portant naturellement à la compréhension et la compassion.
L’intellect s’affine, mais
renonce aux productions de l’hypermentalisation (scénarios en cascade).
L’attention n’est pas la
concentration.
Par exemple, un tireur isolé
est concentré sur sa cible, il applique méthodiquement et froidement un mode
opératoire destructeur. La compréhension et la compassion sont totalement
absentes de cette façon d’agir.
Il n’est pas aisé d’y
parvenir. Certes, l’inattention émet le signal révélateur de la
distraction, mais absorbé dans ses pensées, on peut le négliger.
La respiration consciente en
facilite l’approche.
6.3.4.2. La respiration consciente
La respiration est une
fonction physiologique à la fois consciente et inconsciente.
Pour l’essentiel elle
s’emploie inconsciemment.
Respirer consciemment
consiste simplement à exercer volontairement les mouvements respiratoires
(inspiration, expiration).
Concrètement, il
convient :
- de ne pas forcer et respecter les besoins
corporels ;
- d’essayer de maintenir un flux d’air
constant.
Cette pratique simple,
toujours disponible, permet d’offrir un support à l’attention.
6. 4. Les obstacles rencontrés
S’engager dans le processus de
l’attention au quotidien résulte naturellement d’une démarche personnelle.
Cependant, il ne faudrait pas
oublier qu’elle modifie la conscience en profondeur, ouvrant des perspectives
plus vastes, qui peinent à trouver une place dans un modèle sociétal étriqué et
orienté.
Mais il y a pire : la
réaction des proches (cercle familial, amis) qui, non concernés et suivant les
lignes de force du modèle sociétal, s’exclameraient : « Qu’est-ce qui
t’arrive ? On ne te reconnaît plus ! », prélude possible à de
fortes dissensions.
Ce choix, initié par la
volonté et le libre arbitre, doit être mûrement réfléchi.
7. L’évolution en
conscience
7. 1. Les étapes et le principe
L’être humain au carrefour de
l’évolution.
Il est tout d’abord le produit
de l’évolution des espèces :
La paléontologie nous apprend
qu’il y a environ sept millions d’années, la lignée humaine s’est séparée de
celle des chimpanzés et des gorilles.
Des critères évolutifs, liés
aux comportements en lien avec l’environnement et la modification du régime
alimentaire, entraînèrent : la bipédie, l’augmentation de la taille du
cerveau, la descente du larynx (capacité d’un langage articulé).
Tout cela conduisit à Homo
sapiens, ou Homme moderne.
L’évolution culturelle :
Elle apparaît relativement tôt,
les premières peintures rupestres (réalisées sur des rochers) datent de
40 000 ans.
De ces premiers témoignages
d’une forme d’appropriation du monde au foisonnement des savoirs d’aujourd’hui,
il apparaît que pour l’espèce humaine, l’évolution culturelle distance
l’évolution biologique.
Un pas considérable est
franchi : l’évolution émane de la conscience, elle s’émancipe complètement
des conditions environnementales. Par ailleurs, la technique permet de
s’adapter à ces conditions, elle devance et annule la réponse lente et progressive
de l’évolution biologique.
Mais l’individu subit
l’influence du modèle culturel imposé, et ce dernier ne concerne qu’une partie
de la conscience, celle de l’intelligence et de l’imagination, matérialisée par
le néocortex cérébral.
L’évolution de la conscience :
Lorsque l’on évoque la
conscience, son expression s’en trouve réduite à sa partie ordinaire,
l’émotionnel et l’intellect. Etonnamment, c’est sur ces fondations que repose
le modèle sociétal, surtout la partie émotionnelle, fer de lance du
consumérisme ! Est-ce un hasard ?
Mais il existe d’autres
parties de la conscience, notamment celles qui se manifestent par les ondes
cérébrales delta et thêta, les plus lentes, signatures du sommeil profond
(absence d’ego) ou de méditation profonde.
Si l’on considérait tous les
états et les expériences de conscience observés, la conscience ordinaire serait
la partie émergée de l’iceberg.
Dans cette perspective, il
devient vraiment loisible d’évoquer la notion d’évolution se rapportant à la
conscience.
Postulat : chaque
personne se définit comme une conscience ; la conscience, c’est
l’expression de l’être.
Sans porter de jugement (toute
cette approche se veut guidée par les quatre principes suivants :
comprendre, accepter, s’adapter, ne pas juger), à l’évidence, des différences
de comportement notables existent entre les personnes. Cela s’observe aussi
bien dans le temps que dans l’espace.
Des façons d’être peuvent
correspondre ainsi à des niveaux de conscience.
Par un travail personnel, il
est possible de changer de niveau de conscience : l’attention, en
réduisant les pensées parasites, libère de l’espace mental, atténue l’égoïsme
et le repli sur soi (produits en abondance par la conscience ordinaire),
offrant de la disponibilité et de la compréhension envers autrui.
Ce changement de niveau de
conscience dépend uniquement du libre arbitre et de la volonté : un joyau
personnel !
Plus on est conscient dans nos
actes au quotidien, plus la conscience évolue.
7. 2. L’opposition de fait
Le modèle sociétal reflète le
niveau de conscience global de l’humanité : les dirigeants et les
politiques ne sont « qu’autres nous-mêmes »... mais ils ont
réussi ! (au sein de ce modèle sociétal).
Inspiré par cette réforme
intime de la conscience, chaque personne participe au changement de ce modèle
sociétal : « Soit le changement que tu voudrais voir dans le
Monde. » (Gandhi).
Mais cet archétype dispose de
fervents admirateurs, et non des moindres, une fraction, certes infinitésimale
au regard de la population mondiale, mais disposant d’effets de levier
considérables : pouvoir financier, influence médiatique, complicité des
gouvernants.
Tout cela entretient une force
d’inertie puissante au changement.
7. 3. La ressource intérieure
Ce changement de niveau de
conscience résulte de l’attention.
Celle-ci, comme il fut dit,
place la conscience ordinaire en retrait, le réceptacle de toutes les
oppositions dualistes, tous les « à quoi bon », la peur de l’échec
comme l’exaltation de la réussite.
Alors, mû par cette qualité
d’être, on accepte naturellement le rôle de la goutte d’eau d’un futur océan
que jamais l’on ne verra.
8. Un questionnement
bien légitime
« Tu déplores que le modèle sociétal repose sur le
matérialisme, mais tu abordes la conscience uniquement dans ce cadre, sans
mentionner la spiritualité, pourtant a priori essentielle dans son parcours
évolutif. »
« Je ne déplore pas ce choix, je l’énonce comme un
fait. Maintenant, pourquoi je n’aborde pas la spiritualité dans le cadre de
l’évolution de la conscience ? »
« Oui, pourquoi ? »
« Schématiquement, la spiritualité se rapporte
surtout au cheminement de la conscience après la fin du corps physique. Dans
cette perspective, on peut considérer la continuité de la conscience sur deux
plans : le plan physique, et le plan spirituel, avec la mort comme ligne
de démarcation. »
« On est d’accord sur cette présentation. »
« Cela ne fait que fractionner la conscience, alors
que la démarche initiale suppose son alignement et son unité. Par ailleurs,
cela fait intervenir la notion de croyance. »
« Et alors ? »
« La croyance n’est qu’une construction mentale,
souvent à l’origine de peurs plus ou moins diffuses, elle n’est pas compatible
avec l’attention. »
« On peut aborder le devenir de la conscience
au-delà de la finitude physique à partir de sources fiables, non dogmatiques,
et voir si cela crée un faisceau d’indices favorables à une persistance. Il ne
serait plus question de croyance, mais d’informations fiables... »
« ...Et réconfortantes ? »
« Bien sûr ! Où est le mal ? »
« Nul mal à l’horizon. »
« Tu me rassures. Mais... »
« Simplement ceci. La curiosité, le souhait
d’accroître ses connaissances sur quelques sujets que ce soit... »
« ...Et donc la spiritualité ? »
« ...Et donc la spiritualité, sont parfaitement
légitimes. Mais ces recherches, et ce qu’elles peuvent induire dans l’espace
mental, restent dans le champ de la conscience ordinaire. »
« Oui, toujours la même, celle qui se limite à
l’émotionnel et l’intellect, des domaines exclus de celui de l’attention ! »
« Tu as tout compris ! »
« C’est toujours ça ! Dommage tout de même
d’écarter la spiritualité, je pensais notamment à la citation de Teilhard de
Chardin : « Nous ne sommes pas des êtres humains vivant une
expérience spirituelle, mais des êtres spirituels vivant une expérience
humaine.»
« Ne retenant que la conscience, on pourrait dire : nous ne sommes pas des êtres semi-conscients disposant d'un vaste champ de conscience, mai des êtres pleinement conscients que nos conditionnements et nos habitudes empêchent de révéler. C'est comme le petit nuage qui cache le Soleil, bien plus volumineux, mais très éloigné. »