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31/12/2011

151. A quoi cela parle ?


Texte lu



Parler, une fonction naturelle.

La moindre des choses pour utiliser cette fonction, d’initier un dialogue, suppose de choisir un ou plusieurs interlocuteurs ! Mais l’on peut se parler à soi-même, d’engager une conversation intérieure.
Plus important, durant une causerie réelle, à quoi cela parle-t-il ? Précisément, à quelle partie de notre conscience les propos entendus font-ils écho ?

S’il s’agit de l’émotionnelle, cela peut vite dégénérer. Beaucoup moins agressif, mais préoccupant néanmoins si l’on se soucie d’autrui, le désintérêt de l’intellect.

Dans les deux cas, nous ne sommes plus dans la compréhension.

Il importe alors de renouer avec l'attention, même dans les conversations que l'on qualifie de banales, car à partir de cette écoute attentive, dépourvue des interactions de la conscience ordinaire, naît un relationnel nouveau, respectueux et empreint de fraîcheur !


30/12/2011

152. Existence et conscience


Texte lu


On a peut-être déjà vu cette représentation d’un champ magnétique, lorsque l’on place un aimant sous une feuille de papier sur laquelle on avait placé de la limaille de fer.

Les particules du métal se déplacent pour dessiner une figure qui reproduit les lignes de force du champ magnétique, dont elles subissent l’influence.

En l’absence de cet assemblage particulier, il n’est pas possible d’observer directement la manifestation du champ magnétique.

Dans l’existence quotidienne, ce que nous prenons pour la réalité n’est que le champ d’expression de la conscience, ce que l’on peut qualifier d’expériences de conscience.

L’existence s’avère donc une suite d’expériences de conscience. Prises isolément, on peut les analyser et avoir une certaine idée du caractère de la personne qui les produit. Examinant la succession et l’imbrication de ces comportements, cela ouvre des perspectives supplémentaires sur son tempérament.

Mais s’il est possible de s’orienter dans cette voie, il faudrait bien se garder d’outrepasser la compréhension et de s’égarer dans le jugement.

Alors, pourquoi tout cela ?

La manifestation, c’est le champ : magnétique pour la particule, de conscience pour les personnes.
Les effets sont : connus et immuables pour les champs physiques (électrique, magnétique, gravitationnel…), sus en partie, mais parfois imprévisibles pour le champ mental.

Si tous les champs magnétiques opèrent de façon identique sur leur environnement et les particules concernées, la différence intéresse uniquement l’intensité du champ, il en va différemment pour le champ de conscience.

Certes, il subit des influences diverses provenant de conditionnements particuliers (éducation, média…) qui peuvent être à l’origine de comportements individuels et collectifs singuliers, mais le libre arbitre et la volonté s’imposent.

Par eux, à tout moment, il est possible de reprendre le contrôle, de changer de niveau de conscience. Chez l'être humain, la conscience est plus importante que le champ qui s'en dégage. 


29/12/2011

153. Il est des prisons agréables


Texte lu


On accepte bien volontiers la dénomination de pensées parasites pour celles que l’on qualifie de négatives. Mais pour les autres, qui se manifestent aussi spontanément, que l’on se complaît à maintenir, voire à enrichir par le biais de scénarios improvisés, c’est absurde !

Ainsi, l’idée de les inclure également dans la catégorie des pensées parasites n’effleure pas l’esprit une seconde !

D’ailleurs, quel problème y aurait-il ?

Le plus souvent, ces pensées agréables que l’on aime à réactiver encore et encore sont de nature émotionnelle. Elles sollicitent donc la conscience émotionnelle, agitant le contenu indifférencié de son réservoir, dont aucune paroi étanche ne sépare les pensées selon leur nature.

Cette agitation, outre qu’elle entretient et renforce le lien privilégié avec la conscience émotionnelle, peut faire déborder l’ensemble : « l’eau propre », et « l’eau sale ». Et là : gare à la douche !

Il convient, par mesure préventive, de se priver des émotions positives que les souvenirs distillent à profusion lorsqu’on les évoque par l’intermédiaire de la mémoire.

Et par quoi les remplacer, car l’on répugne à se priver de cette faculté ?
Par rien !

Comment ?

Par l’attention, ou la respiration consciente, ces outils qui neutralisent la conscience ordinaire, celle-là même qui nous fait regretter cette attitude radicale.

Une autre façon d’aborder ce sujet :

Dans un autre texte, il fut établi que l’on vivait dans notre conscience. Cette demeure est vaste, pourvue de nombreuses dépendances !
Parmi elles, il est possible d’y trouver des prisons où, paradoxalement, l’on aime à s’y retrouver, à y purger des peines, le plus souvent sans remise…et à vie !
Étonnant ! Pas vraiment…

Il est difficile de se libérer, ou de s’évader, lorsque l’on cumule les fonctions de geôlier et de prisonnier !

Mais tout d’abord : quelles sont ces prisons ? Et qu’elle peine y purge-t-on ?
Il s’agit d’espaces mentaux aménagés où l’on vit des scénarios divers, et variés au gré de nos fantasmes. Ils peuvent refléter des scènes vécues antérieurement, être la trame de canevas réécrits indéfiniment à partir d’éléments réels, ou de pures fictions dont l’on serait le héros.

Puis le temps, qui renforce ces impressions émanant de vécus virtuels, crée un paradoxe : l'inversion de la notion de liberté. Celle-ci s'attache à ces scènes, au mieux potentielles, alors qu'elle devrait survenir qu'une dissipés ces lieux d'enfermement psychiques, lorsque l'attention accomplit son oeuvre : la libération immédiate, non surveillée, sans mise à l'épreuve !

28/12/2011

154. Faire le ménage


Texte lu



Effectué avec attention, le ménage, ou toute autre tâche de la vie quotidienne, « dépoussière » la conscience !

27/12/2011

155. La Lune et la conscience


Texte lu



Dans l’un des nombreux débats d’idées qui les opposaient, dont le thème portait sur la capacité de la physique à rendre compte de la réalité objective du monde, Albert Einstein dit à Niels Bohr : « Ne me dites pas que la Lune n’existe pas quand je ne la regarde pas ! »

Sans s’immiscer dans la joute oratoire  auxquels se livraient ces deux génies, que peut-on affirmer sur l’appréhension et la perception du monde par la conscience ?

Risquons-nous à cette hypothèse : pour une conscience donnée, fonctionnant normalement, la Lune, ou tout autre concept, existe dès l’instant qu’elle s’en empare par les sens ou la pensée.
Il s’agit ici de la nature subjective des éléments, et non de leur caractère réel, éliminant toute interaction.

On peut donc poursuivre en déclarant que tout existe par elle, et pour elle : plus de conscience, plus d’expérience.

Mais alors, que peut-on rechercher ? Que pouvons-nous apprendre de cet état de fait ?

Qu’il importe de porter notre attention à la conscience elle-même, plutôt qu’à ses expressions, même lorsqu’elles émanent de ses plus sublimes créations.

N’y a-t-il pas contradiction entre le fait de privilégier la conscience à ses manifestations, dès lors où l’on s’engage à être attentif dans ce que l’on fait, donc à ses propres expériences ?

Pour comprendre cette subtilité, il convient de détailler plus avant ce processus :

L’attention, c’est le lien entre la conscience et l’expérience.

L’existence du lien implique celle de l’expérience.

Tout est expérience, même lorsque l’on ne fait rien, car la conscience demeure, et l’on peut simplement être attentif, sans but.

Donc, on peut maintenir l’attention dans ces moments particuliers où « l’on ne fait rien ». Ces instants s’avèrent même précieux, car si l’attention est présente, elle le sera d’autant plus facilement lorsque l’on agit, l’activité servant alors de support.

L’attention crée, immédiatement, un changement de niveau de conscience.

Ce changement ouvre la conscience à la connaissance de soi, ce que nous sommes intimement, profondément, ultimement.

Donc :  l'expérience est nécessaire, l'attention la relie à la conscience, et celle-ci, à l'origine de tout ce que nous sommes, livre ses potentialités.

26/12/2011

156. Je ne sais pas quoi faire


Texte lu


« Je ne sais pas quoi faire…Qu’est-ce que je vais faire ? »

Voici un refrain commun que de nombreuses personnes ont dû entonner au moins une fois dans leur vie !

Question : « Est-ce que l’on s’ennuie lorsque l’on reste seulement attentif, sans aucune activité ? »
Non, car l’ennui, comme tout ce qui relève du ressenti, à l’exception des perceptions sensorielles, emprunte le véhicule de la pensée, donc de la conscience ordinaire, soit de l’émotionnel (pour l’essentiel) ou de l’intellect. Des structures mentales qui restent en retrait lorsque l’attention est activée.

La difficulté, c'est le maintien de l'attention, il existe deux voies pour cela : la vigilance, qui alerte lorsque l'attention se dissipe, et la pratique ! 



25/12/2011

157. L'incompréhension


Texte lu


Où peut se situer l’incompréhension, cet espace mental exclu du schéma : compréhension-acceptation ? Entre l’émotion et l’attention.

L’émotion, c’est notre bagage culturel commun, considéré comme la meilleure façon d’exprimer l’affection, l’attachement et l’amour ; la réponse attendue dans un contexte social et relationnel reposant essentiellement sur la conscience émotionnelle.

Être attentionné, c’est manifester ses émotions : quel paradoxe !

Lorsque l’on remplace véritablement l’émotion par l’attention aux autres, on intègre une autre dimension où le don y est total.

Avec de la patience, cela finira bien par diffuser, effleurant la conscience des personnes qui en font l'objet.


24/12/2011

158. Toi et moi contre le monde entier


Texte lu


C’est romantique comme point de départ ! Trouvant son alter ego et puisant en lui l’énergie nécessaire, on s’estime capable d’affronter le Monde !

Oui, mais le romantisme tire l’essentiel de sa substance dans la conscience émotionnelle, une approche délaissée dans ces propos.

Cette apostrophe emprunte à la fois d’un combat redoutable et d’une folle espérance. Mais laissons là ce qui s’apparente à la lutte contre des moulins à vent, et réintégrons la réalité que vivent les représentants de l’humanité. Cela est certes plus prosaïque, mais bien plus riche d’enseignements si nous trouvons des solutions au problème sous-jacent à cette invite excentrique.

Face au challenge de l’existence, abandonnons-le « Toi et moi » pour ne retenir que l’individu faisant face à sa réalité quotidienne.

Seul, mais riche de potentialité, celle d’une présence intime tellement forte lorsque l’attention emplit tout le champ de la conscience, ne cédant en rien aux excès parasitaires de l’émotionnel et de l’intellect.

Disposant de cette aide précieuse, ce n'est plus "Toi et moi contre le Monde entier", mais :  "Seul, ou avec toi, je (nous) peux (pouvons) être dans le Monde, mais pas du Monde !"



23/12/2011

159. Un atome d'attention


Texte lu


Lorsque l’on évoque une quantité ou une qualité que l’on devrait posséder, l’expression : « Avoir une once de », s’emploie couramment.

Mais qu’est-ce qu’une once ? Une ancienne unité de mesure de masse comprise entre 24,6 et 33,6 grammes. L’once d’or vaut : 31 grammes. Combien cela représente-t-il d’atomes d’or ?

Un calcul approprié nous fournit la réponse : 9,476 x 1022 (1 suivi de 22 zéros !)

Si l’on comptait à raison d’un milliard toutes les secondes, il faudrait
3 004 820 années pour atteindre ce nombre !

Passer ainsi d’une once à un atome d’attention s’avère bien au-delà de ce que l’esprit est capable de se représenter, et plus encore de l’apprécier.

Malgré cela, affirmons qu'un atome d'attention apporte bien plus pour la connaissance de soi que tout ce que l'on peut "ingurgiter" par le biais de la conscience ordinaire (émotions, réflexions). Naturellement, il n'est pas obligé d'accepter cela, c'est même déconseillé, alors pratiquons et voyons !








22/12/2011

160. J'ai changé, mais rien ne change


Texte lu



« Le monde est violent parce que je suis violent » (Krishnamurti).

Partant de ce postulat, si je décide de ne plus recourir à la violence, en pensées, en paroles et en actions, alors le monde changera !

Dès lors, ce fut le point de départ pour initier un changement de niveau de conscience.
Mais après les premières satisfactions ressenties par cette transformation naissante, une désillusion amère s’installa. Pire, s’incrusta sans devoir se dissiper un jour : le monde n’a pas changé, il semble même que la situation empire !

Est-ce vrai ? Est-ce faux ? Tout dépend de l’angle d’observation choisi.

Et pourquoi ? Nous sommes intégrés parmi une population de plusieurs milliards d’individus qui, pour la plupart, suivent les orientations du modèle sociétal en vigueur ; un modèle reposant sur le matérialisme, la consommation et l’affirmation de soi.

Remarquer un changement même pas notable, simplement observable, cela supposerait que la volonté de se transformer anime un nombre suffisamment important de personnes. Puis, pour que ce changement devienne radical, cela nécessiterait d’atteindre la masse critique afin que le système en place bascule.

Si le but d’un changement de niveau de conscience s’appuie sur le désir d’en contempler les effets sur la société, cette ambition, car c’en est une assurément, se heurtera bien au mur des désillusions. De quoi nourrir abondamment la conscience émotionnelle qu’on se promettait de mettre à la diète !
Changer de niveau de conscience est une décision, une volonté qui se suffit à elle-même. Étant porteur d’un nouveau paradigme, il devrait s’abstraire des critères évaluatifs hérités de l’ancien. Si l’on n’y parvient pas, cela peut être le signe que l’attention et la vigilance, engagées dans cette nouvelle manière d’être, ne parviennent pas à placer la conscience ordinaire en retrait.

Mais si l'on y arrive, alors on emprunte le bon chemin, la bonne voie pour témoigner de cette citation de Gandhi : "Sois le changement que tu voudrais voir dans le Monde."

21/12/2011

161. La vie et l'existence


Texte lu


Dans un souci de synthèse maladroite, ou par ignorance, il semble normal de réunir ces deux concepts : la vie et l’existence. Mal nous en prendrait car de la peur surgir un mal-être chronique.
Cela aurait pu être un cri émanant du plus profond de l’être, mais ce ne fut que l’exhalaison d’un soupir empli de lassitude : « A quoi bon de vivre cette existence… »

La vie, par nature et par essence, représente les différentes manifestations du phénomène vital, regroupées dans plusieurs règnes, et une multitude d’espèces incluant l’être humain. L’existence diffère radicalement, pour l’être humain, on peut la définir comme l’expression particulière d’un niveau de conscience.

Les humains sont des êtres sociaux, de nature grégaire. Ils se regroupent et créent des structures adaptées à leurs besoins, ainsi naissent et se développent les sociétés.

Si, à l’origine, les modèles sociaux se multiplient, les interactions qu’ils subissent vont tendre à l’unification. Tout cela est facilité par l’irrésistible inclination des groupes de personnes à déléguer les compétences et les pouvoirs sur quelques individus : ainsi naissent les partis politiques, les gouvernances et la représentativité.

Ces modèles sociétaux, s’ils ne sont pas immuables (quelle construction humaine pourrait prétendre l’être ?), perdurent néanmoins à l’échelle individuelle et même générationnelle. Après, ne s’agit-il pas, à l’origine, de pérenniser un système afin qu’il offre la stabilité économique et institutionnelle nécessaire au progrès et à l’épanouissement des citoyens l’ayant adopté.

Le problème apparaît dès les premières déviances observées, contenues de fait dans ses fondations, le modèle sociétal s’articule en effet autour de deux concepts majeurs : le matérialisme et le consumérisme, qui enfanteront l’affirmation de soi.

Or cet attelage et sa progéniture, lâchés tels des loups affamés dans un enclos aux ressources limitées, ne peuvent qu’occasionner  la dévastation et des inégalités grandissantes.

D’où la détresse exprimée par tous ceux qui se retrouvent délaissés sur le bord de la route, et s’en prennent, en ultime recours, à ce qui les mena ici : la vie !

Or, l’existence et la vie sont un peu comme les parties émergées (un dixième) et immergées (neuf dixièmes) de l’iceberg.

Expérimentant le plus souvent à la surface des choses, on finit par oublier, on l’on n’en a jamais eu connaissance, que l’essentiel se trouve « sous nos pieds », bien qu’a priori toute l’activité utile nous soit restituée par nos sens et la conscience réflexive.

Transposons et prospectons plus avant : si l’existence (la partie émergée) résulte bien de la conscience, elle ne la limite en rien pour autant car celle-ci contient tout l’édifice.

Alors, tels des explorateurs, partons à la recherche de prodigieuses découvertes, celles qui dorment en nous et qui n'attendent qu'on les réveille. Pour cela, on détient déjà les outils nécessaires : libre arbitre, volonté et attention. Alors il nous appartiendra de réconcilier et d'unifier l'existence et la vie !

20/12/2011

162. Porteur de valises


Texte lu


Cela surprend au premier abord, mais nous aimons porter des valises, même si parfois (ou souvent) l’on s’en plaint car au fond, elles nous rassurent !

Nous y puisons de la substance, elles nous représentent en quelque sorte, telle la mallette du représentant de commerce contenant les échantillons des produits qu’il propose aux clients potentiels.
Mais que trouvons-nous dans ces valises ? Un peu de tout : Comportements, croyances, convictions, satisfactions, aversions, peur…

Nos valises sont magiques, elles s’adaptent à toutes les situations afin d’y déceler le concept adéquat.
C’est ainsi qu’il existe des valises « spécialisées » dans la spiritualité, voire la connaissance de soi lorsque celle-ci s’appréhende comme un but. On les porte alors avec légèreté car elles détiennent la promesse ultime !

Mais un observateur objectif, non concerné par cette  quête, pourrait, s’il n’était pas respectueux de notre façon d’être, nous apostropher ainsi : « Ne voyez-vous pas que ces valises vous encombrent ? Qu’elles gênent votre progression ? Qu’attendez-vous pour les poser, et les abandonner une bonne fois pour toutes ? D’avancer tranquillement, sereinement, librement. En un mot : d’ETRE !
Et si on l'écoutait !...


19/12/2011

163. La persistance du politique honni


Texte lu


Le jeu politique s’inscrit totalement dans la conscience émotionnelle, car elle utilise complètement les ressources de l’intellect pour parvenir à ses fins (établissement de la trame architecturale : représentation, réseaux, institutions) et conserver le contrôle de l’ensemble.

La politique déploie et entretient les liens unissant les personnes impliquées dans cette structure : les acteurs comme les spectateurs.

Examinons l’évolution plausible du « spectateur ». Après tout c’est lui, en tant qu’unité emblématique et reproductible à l'envi, qui assure par son implication la réalité et l’emprise de ce système.

Commençons par poser les bases en définissant le « spectateur » : toute personne évoluant en dehors de tout organisme ou mandat politique, cela inclut donc : les militants non rémunérés, les adhérents, les sympathisants et les électeurs.

Trois étapes peuvent accompagner le parcours politique de ces personnes : le désir de s’impliquer dans ce « jeu », la déception, le rejet et l’immobilisme.

Le désir exprime une émotion à la base, même affublée d’une autre dénomination comme la « conviction ».

Lorsque la déception s’installe, elle conduit souvent au rejet une fois l’amertume dissipée.

Mais tout cela peut conduire à l’immobilisme. En effet, la classe politique, désormais honnie, ne portait-elle pas en elle les solutions et les espoirs susceptibles d’améliorer le quotidien existentiel ? On se sent dès lors abandonné, orphelin !

Tant que la conscience émotionnelle maintient son emprise, faisant son miel de toutes ces phases successives,  il n’y a pas de solutions possibles. Les personnes concernées restent prisonnières de l’ornière mentale qu’elles ont elles-mêmes créées, incapables de se reprendre en main, de rechercher et d’appliquer des résolutions qui, à partir du libre arbitre et de la volonté, les libéreront de cette servitude mentale. Ce même libre arbitre qui dirigea leurs pas sur les sentiers de la politique.

Cela ne vaut-il pas la peine, cette fois, de déployer son énergie en direction du recentrage ?


18/12/2011

164. Libre arbitre et volonté, est-ce suffisant ?


Texte lu


Il est une thématique qui revient souvent dans l’ensemble des textes proposés sur ce site : libre arbitre et volonté.

Ce duo, censé résoudre nombre de situations au quotidien, tient-il ses promesses ? Oui, et non !
Ce n’est guère engageant, inquiétant même, après les nombreuses références faites à ce tandem. Qu’importe, faisons abstraction de cet intermède émotionnel et progressons.

D’abord l’aspect négatif, car lorsqu’il se manifeste, il a tendance à s’incruster et persister comme le caillou dans la chaussure.

Soit l’exemple suivant : conscient d’un problème, on décide d’agir (libre arbitre) jusqu’à sa résolution (volonté).

Tout ce qui prend forme dans le mental relève de la pensée, et celle-ci, centrée sur la difficulté, peut s’avérer particulièrement lancinante et obsédante.

Alors la volonté va lui opposer d’autres pensées contraires, comme le positivisme. Et là, souvent, c’est le drame !

Pourquoi ? Car la plupart du temps cela mène à l’échec. Le dénouement d’un combat inégal, celui de la réflexion qui s’oppose à l’émotion.

En effet, les pensées d’origine émotionnelle possèdent au moins deux critères qui les distinguent et les amplifient au regard de leurs « sœurs » issues de l’intellect : elles naissent spontanément et se renforcent avec le temps.

Passons à l’aspect positif, qui porte en lui la promesse d’une victoire de la volonté.

Le contenu de la pensée honnie, dont on souhaite se libérer, est toujours bien identifié. Pour cela, le recours au libre arbitre et à la volonté reste de rigueur.

Mais la technique adoptée différera radicalement.

Plus de joutes de pensées. Place à l’attention ou/et à la respiration consciente chaque fois que les pensées indésirables tentent d’emplir et saturer la conscience.

Dans cette perspective, la volonté matiendra l'attention par le biais de la vigilance qui détecte l’inattention.

17/12/2011

165. Alors, on décline Protagoras ?


Texte lu


Alors, on décline Protagoras ?

« Prota » qui ?

Protagoras !

C’était un philosophe de la Grèce antique, ayant vécu aux environs de  - 490 à - 420. Son œuvre est surtout connue à travers les dialogues que Platon lui a consacrés.
De lui est restée cette citation : « L’homme est la mesure de toutes choses ».

La déclinaison c’est : « Je suis la mesure de toutes choses » !
Un comportement couramment employé, à maints égards :

-      L’affirmation de soi lorsque l’on est doté d’un caractère volontaire et orgueilleux.

-      Gouverné par ses affects, on les projette sur les êtres qui nous entourent, ou l’on se projette soi-même en eux.

Les conséquences :

-      On décide pour autrui à partir de nos ressentis.

-      Le dialogue entreprit ne parvient pas à rétablir l’équilibre, on suit son intime conviction, supporté en cela par une profusion émotionnelle.

-      S’il y a conflit, celui-ci peut s’avérer violent : le « disciple de Protagoras » étant persuadé d’agir pour le bien de la personne qu’il conseille car C’EST SON PROPRE BIEN !

-      Lorsque l’on se trompe radicalement, il faut en assumer les effets.

Que faire ?

-      Rechercher la compréhension véritable.

-      Trouver, par un examen personnel sans concession, mais bienveillant, ce qui nous incite à agir ainsi, notamment nos pulsions émotionnelles.

Œuvrer pour qu'elles s'atténuent suffisamment afin que l'on agisse au lieu de réagir.




16/12/2011

166. Vivre l'instant présent


Texte lu


Une petite anecdote pour commencer. Dans l’un de ses spectacles, une humoriste faisait remarquer que la locution latine « Carpe diem » avait pour anagramme (intervertir les lettres d’un mot ou d’une phrase pour composer un autre mot ou une autre phrase) : « ça déprime » ! Tout un programme !...
Que signifie : « Carpe diem » ?

Cette expression est extraite des Odes du poète latin Horace (- 65 ; - 8). La citation complète est : « Cueille le jour présent sans te soucier du lendemain ». Pour le poète, il s’agissait de profiter de chaque jour, non pas au sens d’en jouir pleinement, mais d’apprécier les plaisirs simples, de vivre en harmonie avec la nature.

Actuellement, cette devise est plutôt comprise comme une invitation à vivre au présent, très en vogue parmi les représentants du développement personnel, de la spiritualité et de la connaissance de soi : vivez l’instant présent, savourez le pouvoir du moment présent ! Une recette a priori infaillible !
Peut-on, en toute confiance, se fier à cette recette miracle ?

C’est comme pour tout : il faut voir par soi-même, développer son esprit critique, faire preuve de sagacité.

Et tout d’abord, cette trouvaille humoristique (« Carpe diem » = « ça déprime »), doit-on simplement en rire ?

Le conseil de vivre le moment présent s’adresse souvent aux personnes accablées, dépressives, et qui ne parviennent pas à s’intégrer dans une société considérée comme porteuse de tous les maux dont elles sont accablées. Mais un fil commun relie la diversité des problèmes rencontrés : le temps, ou plutôt la durée qui ajoute au tourment.

Alors l’instant présent est considéré et vécu comme l’intervalle minimum du temps qui passe : le vivre, c’est se concentrer dessus et le multiplier indéfiniment.

Lorsque les pensées parasites saturent l’espace mental, vivre l’instant présent nous conduit face à la souffrance, assailli par tout ce que l’on redoute, les regrets du passé et l’appréhension du futur.
Est-il possible de dépasser, à la fois ce trait d’humour, et les désillusions de l’instant présent ?

Une piste consiste à se départir de l’approche intellectuelle, d’éviter l’affrontement interne, et de revenir au fondamental.

L’approche intellectuelle : c’est toute la littérature abondante vouée aux vertus de « l’instant présent » que l’on peut bannir.

L’affrontement interne : c’est l’approche guerrière mue par le principe d’action et de réaction. Une lutte où les combattants sont des parties de soi-même, donc un conflit perpétuel à l’issue incertaine.

L'essentiel : la conscience et son changement de niveau. Progressivement, aidé par l'attention, la respiration consciente et l'observation de ce qui se passe en soi-même, il est possible d'amener et d'étendre cette transformation.



15/12/2011

167. Programmer le cerveau


Texte lu


Plus les connaissances en informatique progressent, plus le lien entre le cerveau et cette nouvelle science se renforce et semble devenir indissociable.

Lorsque l’on pense « informatique », on pense « programmation ».

Alors, qu’en est-il de la programmation dans, et avec ce noble organe ?

Commençons par les définitions propres à l’informatique :

-      Programmer : écrire un programme

-      Programme : ensemble d’opérations élémentaires pouvant être exécutées par un ordinateur.

-      Logiciel : ensemble des programmes nécessaires au fonctionnement d’un système informatique.

De l’informatique au cerveau :

-      Programmer : le cerveau va définir des programmes associés à des tâches, des fonctions, des comportements…

-      Programmes : du fonctionnement basique d’un neurone à l’élaboration complexe de réseaux synaptiques.

-      Le « système d’exploitation » : la conscience.

-      Une suite de logiciels : les différents niveaux de conscience (corporel, psychiques).

De la divergence aux désillusions :

Cerveau et informatique : les progrès rapides de cette science qui envahit le quotidien apportent des connaissances qui séduisent et réconfortent lorsque l’on envisage de l’appliquer au cerveau : tellement de similitudes !
Mais il convient d’abandonner cette voie. Une comparaison nous en explique les raisons.

Le système d’exploitation, la mémoire vive et le disque dur :

On suppose déjà présents : le matériel nécessaire (processeur, carte mère…) et leurs connexions (secteur, réseaux).

Progressivement, les données s’accumulent selon les recherches et les centres d’intérêt, classées par types de dossiers et de fichiers.

L’essentiel relève d’une démarche volontaire, de choix raisonnés et souhaités.

Certes, des données intruses, cachées, peuvent s’incruster, mais des outils permettent de les déloger ou les neutraliser.

La maîtrise est de rigueur, les aléas restent l’exception.

La conscience et ses différents états :

Ce que l’on considère comme essentiel (l’intervention personnelle, les décisions conscientes) n’est que la partie émergée de l’iceberg.

L’inconscient, la partie immergée, s’attribue la plupart des fonctions (gestion du corps, habitudes, techniques assimilées…).

La partie consciente sous influence : historique familial, conditionnement sociétal.

Une importance inégale : l’intellect et l’émotionnel.

Les deux  mémoires :

La mémoire objective : indispensable, ne serait-ce que pour agir au quotidien sans réapprendre systématiquement les gestes et les attitudes qui conviennent.

La mémoire subjective : elle imprègne les événements d’émotions.

Un constat alarmiste :

Il y à la classification bien structurée des programmes, l’accès sans surprise aux données qu’ils permettent.

Et puis il y a :

La perturbation de la pensée « juste » par la pensée elle-même (parasitisme, émotions difficilement contrôlées).

La maîtrise impossible de ces courants subversifs : le commutateur électrique permet d’allumer ou d’éteindre la lumière à volonté, le « clic » de souris d’ouvrir ou de fermer un programme ; mais le cerveau n’éteint jamais sa composante émotionnelle, comme un gaz qui diffuse, elle envahit facilement tout l’espace mental.

Dans un moment de lucidité l’on s’aperçoit que tout cela forme un ensemble homogène, une sorte de créature psychique née du relationnel ambiant, se nourrissant de lui, tapie en arrière-plan, mais avec laquelle  il faut composer.

Tels apparaissent les « chemins de la désillusion et de la déception ». Ils sont néanmoins salutaires s’ils suscitent une réaction, qu’ils débouchent sur une prise de conscience nécessaire.

Simple et vaste à la fois : commencer à ETRE :

Si l’ordinateur est la conception humaine qui se rapproche le plus du cerveau, il s’en éloigne par sa capacité à produire des états de conscience parasitaires et non souhaités, mêmes s’ils provoquent une certaine excitation vécue comme des points d’ancrage.

Mais rien n’est perdu car il existe des interactions susceptibles de redonner le contrôle de l’hôte sur cet organe incomparable, de ne plus subir les interférences issues des pensées parasites.

Être attentif dans ses actes et attitudes au quotidien, recourir à la respiration consciente pour faciliter l’état d’attention sont des techniques simples pour y parvenir.

Certes, de par sa structure, rien n’est jamais acquis avec le cerveau (présence permanente de la conscience émotionnelle, même lorsqu’elle est placée en retrait), mais il est possible de faire une force de cette contrainte : l’obligation de vigilance qui soutiendra l’attention, aidera à maintenir la respiration consciente.

Mais deux ressources essentielles du cerveau permettront d’installer ces processus dans la durée : l’apprentissage et la plasticité cérébrale.

Du chemin de la découverte à l’installation :

Découverte, même fugace, de cet état particulier amené par l’attention et/ou la respiration consciente ; ce changement de niveau de conscience immédiat qui se manifeste quand la conscience ordinaire reste en retrait (pensées intrusives spontanées de nature émotionnelle, hypermentalisation).

Cette perception éphémère devient rapidement un point d’ancrage de la conscience si l’on persévère dans cette qualité d’être.

C’est le rôle de l’apprentissage qui se traduira, avec le temps, par la production de synapses dévolues à ce comportement particulier. Par la plasticité cérébrale induite, l’état d’attention s’installe plus aisément et durablement.

Distinction perçue de la concentration et de l’attention : cette dernière, non seulement ne produit pas de fatigue, mais procure une énergie psychique.

Simple : l’accès par la respiration consciente :

Respiration : fonction indispensable, continue et disponible à tout moment.

Consciente : il est aisée de reprendre la main sur cette fonction le plus souvent inconsciente.

La vastitude :

C’est tout simplement ce niveau de conscience particulier que l’on expérimente par cette méthode.

Mais ne nous trompons pas, et surtout ne nous laissons pas emporter par une vague d’enthousiasme avant ou pendant cette pratique.

Vaste relativement à « étriqué », étriquée comme peut l’être une existence « normale », qui se conforme statistiquement à la norme.

C’est-à-dire :

Être ballotté par les événements.

Subir plutôt qu’agir.

Être le jouet des pensées parasites et l’esclave de la conscience émotionnelle.

En fait, le terme « vaste » devient synonyme de « naturel » : vivre une existence en harmonie avec la nature véritable de la conscience lorsque celle-ci, libérée du modèle sociétal, exprime sa plénitude.

Une plénitude manifestée au quotidien, "dans le monde", sans être "du monde".


14/12/2011

168. Prendre de la hauteur


Texte lu


Parfois, nous avons la certitude d’apporter la bonne réponse aux personnes qui nous demandent conseil, voire à celles qui ne réclament rien, mais que nous abreuvons de nos suggestions.

Changeons de perspective.

Vue d’avion, ou d’un promontoire suffisamment élevé, on embrasse du regard un vaste panorama.

Il devient alors possible de distinguer clairement, parmi un enchevêtrement de routes, laquelle il convient d’emprunter pour relier deux lieux le plus facilement et le plus rapidement.

Revenons sur le sol, au « ras des pâquerettes » !

Cette fois, le choix concerne d’autres voies, de celles qu’on utilise pour régler un problème ou choisir un itinéraire de vie.

À nouveau, deux perspectives :

La vision claire, la décision immédiate d’une personne non impliquée par les circonstances.

La difficulté, l’angoisse, l’incapacité d’opter parmi toutes les alternatives.

Schématiquement, qu’observons-nous :

La première personne trouve immédiatement la solution idéale au milieu de toutes celles qui s’offrent à elles, mais elle n’est pas partie prenante.

La seconde personne, qui doit choisir, ne parvient pas à discerner la résolution appropriée.

Il va y avoir transfert d’informations lorsque la première personne décide d’aider la seconde.

Est-ce le bon dénouement ? La logique répond oui, mais…

Souvent, à son niveau, la personne ne voit pas le chemin qu’il faudrait prendre, elle semble évoluer dans un dédale de voies inextricables.

L’égarement, c’est le comportement observé, la conséquence d’un certain état de conscience. En clair, la personne n’est pas prête à s’engager là où il conviendrait.

Si la situation s’avère difficile, la vivre pourrait permettre d’évoluer suffisamment afin :

De reconnaître par elle-même la route à suivre.

Ou de l’emprunter avec confiance lorsqu’on lui désigne. 

Prendre de la hauteur pour la personne persuadée d’indiquer la bonne voie, même s’il s’avère qu’il en est ainsi, c’est :

Conserver le recul nécessaire afin de rester objectif.

Aider, sur demande ou invitation tacite, à une réorientation.

Comprendre et respecter la personne que l’on aide.

Savoir discerner et attendre le bon moment pour intervenir.



13/12/2011

169. Méditer ou préparer une sauce ?


Texte lu



Christian : « Il y a quelque temps que je ne médite plus...Pourtant, cela me fait du bien... »

Patrick : « Rien n’est jamais acquis, tout subit les aléas du mental. »

« Ce n’est pas une erreur ? »

P : « Comment ? »

« Le prénom, Christian, d’habitude c’est Claude ! »

P : « Non. Je confirme, c’est bien Christian, un ami de quarante ans. »

« Mentionner ici une « amitié de quarante ans » n’est-il pas contradictoire avec le fait de considérer les êtres comme des consciences, qui certes se différencient par leurs expériences, mais sont identiques en tant que tel (la Conscience) ? »

P : « Non. C’est factuel. »

« Je ne vais pas lâcher si facilement, après tout ce que tu as écrit et dit sur le sujet. Etre attentif place la conscience émotionnelle en retrait. Or, ce qui caractérise une amitié résulte essentiellement de sentiments liés aux émotions, et lorsque cela s’inscrit dans une telle durée, comment résoudre ce paradoxe ? »

P : « le paradoxe n’existe qu’en fonction de la grille de lecture des événements. La distinction : relations, copains, amis, auxquels on ajoute le critère de durée, fait sens dans un contexte bien déterminé, notamment dans le modèle social, culturel et moral où nous baignons quotidiennement. Un modèle reposant largement sur la conscience ordinaire, donc de nature quasiment émotionnelle concernant le sujet évoqué. Etre attentif permet de substituer la sensibilité aux émotions. »

« Tu n’as pas vraiment répondu à la question ! »

P : « Il me semblait pourtant. Bon, je vais détailler. »

« Ah, on va enfin peut-être savoir ! »

P : « L’amitié se construit à partir d’affinités entre les personnes. Celles-ci se cultivent au fil du temps, c’est ainsi qu’on peut le mesurer (on évoquera alors une « amitié de quarante ans »). Lorsque l’attention préside à la manière d’être de l’une ou l’autre des parties, la sensibilité se substitue aux émotions... »

« Et cela change quoi ? »

P : « Le primordial : à partir d’un certain degré d’attention, les émotions (disons négatives pour fixer les idées, bien qu’il y aurait à dire sur ce qualificatif) ne peuvent altérer, reconsidérer, voire détruire la relation. »

« D’accord, mais alors les relations perdurent quoi qu’il advienne ? »

P : « Non, rien n’est permanent. La relation peut être rompue unilatéralement, d’un commun accord, ou se distendre jusqu’à disparaître selon les aléas de l’existence, mais, je le répète : cela ne saurait être dû par l’intrusion de pensées émotionnelles dans la conscience de la personne qui cultive l’attention. »

« J’ai compris...Et sur la notion des émotions négatives ? »

P : « Pour ne pas alourdir le thème initial, j’aimerais aborder ce sujet ultérieurement. Cela ne te dérange pas ? »

« Non, je te le rappellerais à l’occasion. »

P : « Parfait ! Reprenons ce dialogue avec Christian. Donc, tu es en panne de méditation !»

Ch. : « Oui, on peut dire cela comme ça ! »

P : « Ce n’est pas un problème, bien au contraire ! »

Ch. : « Ah bon ? »

P : « Oui. Et nous allons voir pourquoi. »

Ch. : « J’ai hâte... »

P. : « Méditer est une activité parée de nombreuses vertus, et le temps qui passe apporte régulièrement des études sérieuses pour confirmer cela. Mais... »

Ch. : « Mais...diter ! »

P : « C’est un bon début ! »

Ch. : « Je m’entraine ! »

P : « Cela promet ! »

Ch. : « Et donc, que se cache-t-il derrière cette réserve ? »

P : « La méditation est tout un art en soi, elle nécessite : un moment choisi, un lieu approprié, une posture adaptée, une attitude mentale pertinente. Une fois toutes ces conditions réunies, il convient de suivre un schéma particulier, qui consiste le plus souvent à ne pas se laisser distraire par les pensées qui se présentent dans le champ du mental. »

Ch. : « C’est bien résumé, effectivement, et que pourrait-on y déceler de subversif ? »

P : « Subversif n’est pas le qualificatif qui conviendrait à cette pratique. Comme cela fut largement démontrée, cette pratique apporte de nombreux bienfaits, tant au fonctionnement optimum de l’organisme qu’au cerveau. »

Ch. : « Et alors ? »

P : « L’existence est généreuse et pleine d’imprévus, elle nous gratifie de multiples expériences qui éprouvent notre contenance et notre patience dans les situations et les circonstances les plus diverses. Face à cela, nous opposons un rituel codifié, figé dans l’espace et dans le temps. L’effet de surprise joue constamment contre nous. »

Ch. : « Et après, porté par les échecs et la lassitude qui s’ensuit on déclare : « Il y a quelque temps que je ne médite plus ». »

P : « C’est lucide et courageux de l’admettre. »

Ch. : « De rien. Si je pouvais en apprendre davantage sur le sujet... »

P : « Voyons ensemble. Tu es d’accord qu’il est préférable d’agir en situation, plutôt que de compter sur la pratique régulière d’une méditation quotidienne ? »

Ch. « Oui. »

P : « Un grand pas vient d’être franchi ! »

Ch. « Si tu le dis ! »

P. « Je le dis. Oui ! »

Ch. « Je t’écoute. »

P : « Il faut donc œuvrer au quotidien, déployer une attitude mentale susceptible de restituer celle de la méditation, et cela, aussi bien dans les tâches à accomplir que dans les situations stressantes. »

Ch. : « Pas facile ! »

P : « Nous sommes bien d’accord sur ce point ! »

Ch. : « Alors ? »

P : « Allons-y progressivement. Mais d’abord, comment adopter une attitude méditative dans les expériences qui rythment notre quotidien ?  »

Ch. : « Ah ça, je sais ! Etre attentif ! »

P : « Bravo !  »

Ch. : « Je n’ai aucun mérite, à chacune de nos conversations je me demande combien de temps te faudra-t-il avant de prononcer le mot « attention » ! »

P : « Je plaide coupable...  »

Ch. : « Tu es absout, je sais que c’est pour mon bien ! Donc, la méthodologie étant connue, comment l’adapter aux circonstances ? »

P : « En allant du plus simple au plus complexe.  »

Ch. : « Descartes n’aurait pas dit mieux ! »

P : « Tu me places en prestigieuse compagnie !  »

Ch. : « C’est pour susciter des réponses inspirantes. »

P : « Je vois. Je vais tâcher d’en être digne. Je propose donc trois situations progressives. »

Ch. : « La première. »

P : « Etre attentif dans des conditions optimales : durant une promenade dans un lieu propice à la détente (parc, forêt...), et par une belle journée ensoleillée. On pourra naturellement utiliser la respiration consciente s’il est difficile d’être simplement attentif. »

Ch. : « Entendu. La deuxième »

P : « Choisir une tâche facile, voire routinière, mais que l’on considère avec ennui, et l’aborder avec attention. »

Ch. : « Oui. Reste à trouver lesquelles. »

P : « J’ai un parfait exemple ! »

Ch. : « Ah bon ? »

P : « Oui. Préparer la sauce d’accompagnement des plats. »

Ch. : « Je le fais bien volontiers. »

P : « Certainement en pensant à autre chose, et en quantité suffisante pour ne s’y atteler  qu’une à deux fois par semaine. Après tout, les réfrigérateurs sont faits pour cela ! J’ai une preuve : ce que tu m’as avoué, la dernière fois que tu es venu mangé à la maison et que tu préparais justement cette sauce ! »

Ch. : « Difficile d’affirmer le contraire. Mais bon, il y a tellement de choses plus intéressantes à faire ! »

P : « Je n’en disconvient pas. Mais il semble important de préciser par la suite la notion « d’intérêt » et ce qu’elle implique. »

Ch. : « Et comment tu vois les choses ? »

P : « Très simplement : chaque jour, en début de préparation du repas, réunir les ingrédients nécessaires à la confection de la sauce, suivre les étapes de l’élaboration avec attention. Cela permettra : de ne pas se blesser, de mesurer les composants avec précision, de réaliser cela sans ennui, de bénéficier chaque jour des meilleurs nutriments de par leur fraîcheur. »

Ch. : « Je vais essayer. Et la troisième ? »

P : « Lorsque l’on est confronté à une situation stressante. Il faut alors mobiliser immédiatement les ressources de l’attention pour ne pas se trouver sous emprise de la conscience émotionnelle. Outre que l’on ajoute pas ainsi des tensions supplémentaires provoquées par notre propre ressenti, on conserve la lucidité indispensable pour gérer au mieux cette conjoncture problématique. »

Ch. : « Plus facile à dire qu’à faire ! »

P : « Tout à fait. Mais c’est avec la pratique et l’expérience que cela finira par être possible. D’autant plus si l’on s’y emploie régulièrement dans les situations évoquées précédemment. »

Ch. : « Bon. Je vais voir, et je te ferai un compte-rendu. »

P : « Merci, mais c’est surtout pour toi. »

Ch. : « Hélas !...Je sais...Ah oui, j’allais oublier : la notion d’intérêt et ce qu’elle implique ? »

P : « Ah oui. Merci de me le rappeler, c’est très important. »

Ch. : « Je sens que ça va être un peu long !... »

P : « Possible, mais c’est justifié. »

Ch. : « Bon. Bah, allons-y... »

P : « Une bonne façon de revenir à l’essentiel : la conscience nous unit, les expériences de conscience nous séparent. »

Ch. : « Hou là, ça commence fort ! Quelques explications. »

P : « La conscience définit les êtres au sens fondamental : nous sommes avant tout une conscience, quel que soit le sens que l’on attribue à cette notion. Au niveau primordial, la conscience est unique. C’est par la suite qu’elle se diversifie et se différencie, accumulant des connaissances (éducation, culture, apprentissage, conditionnements...) et des expériences. »

Ch. : « Jusque-là, d’accord. »

P : « Pour une conscience, tout est expérience, de la moindre perception à la réflexion la plus élaborée. On peut considérer chacune de ces expériences comme une mise en vibration de la conscience, sinon nous serions comme des pierres sur le chemin. »

Ch. : « Donc, au cours d’une promenade en forêt, si nous buttions sur une pierre placée sur notre chemin, cela serait une expérience de conscience ? »

P : « Oui. Non pas pour le pied, quoi que, mais certainement pour la conscience qui réagira, tout particulièrement lorsque sa partie émotionnelle se manifeste avec vigueur ! »

Ch. : « Effectivement... »

P : « Les expériences de conscience ont ceci de commun, c’est de placer la conscience ordinaire au premier plan. Pour rappel, la conscience ordinaire comprend : la partie émotionnelle et l’intellect. »

Ch. : « C’est normal, comment faire autrement ? »

P : « C’est normal qu’elles interagissent, parce que faisant partie du processus d’élaboration de la pensée par le cerveau, mais qu’elles se manifestent au premier plan est une autre histoire ! »

Ch. : « Qu’est-ce que tu veux dire ? Je ne comprends pas ? »

P : « Les expériences de conscience se déroulent pour la plupart dans le mode : action / réaction. Et dans cette perspective, les couches de la conscience ordinaire sont fortement impliquées. Il suffit pour cela d’observer les différents comportements des personnes au quotidien, et mieux encore, les nôtres ! On réagit plus que l’on agit sereinement. »

Ch. : « Oui. Bien-sûr...Mais peut-on faire autrement ? »

P : « En abordant ces expériences par la conscientisation. »

Ch. : « Ce qui signifie ? »

P : « Etre attentif. »

Ch. : « Impossible d’y échapper, semble-t-il ? »

P : « L’attention est une capacité naturelle, qu’il faut certes cultiver, mais faisant partie des propriétés de la conscience. Son aptitude à placer la conscience ordinaire en retrait provoque immédiatement un changement de niveau de conscience. »

Ch. : « Et c’est ainsi que l’on passe, tout aussi promptement, des expériences de conscience à la conscience elle-même ! »

P : « Tout à fait ! »

Ch. : « Et donc, si je te suis bien, l’ennuie, l’agacement, que l’on éprouve dans l’accomplissement de certaines tâches se dissipent comme par miracle ? »

P : « Pas par miracle, mais tant que l’attention perdure, oui...Comme préparer une sauce, par exemple ! »

Ch. : « Merci bien. je vais m’y atteler ! »

P : « De rien. J’espère que cette conversation te permettra de gagner en compréhension, plaçant ainsi la conscience sur des chemins évolutifs. C’est le souhait formulé après quarante ans d’amitié. »

Ch. : (laisse échapper un sanglot)

P : « Qu’entends-je ? Que vois-je ? Un sanglot à peine contenu, une larme qui perle au coin des yeux ! »

Ch. : « Je suis désolé. Qu’y puis-je, c’est plus fort que moi... »

P : « Encore une fois, il s’agit simplement d’une traduction émotionnelle. Si tu le permets, je souhaiterais conclure sur un point qui me semble important, car il est crucial dans le plan évolutif de la conscience, et son application est bien mal comprise, voire reniée dans notre modèle sociétal. »

Ch. : « Vas-y, je t’en prie. »

P : « Il est très difficile de se départir de cette attitude car elle se situe à un carrefour stratégique de la conscience ordinaire : la conscience émotionnelle, souvent remplie à ras-bord, déborde facilement (les larmes) ; la conscience de la raison, édifiée par l’environnement socioculturel : afficher ses émotions, et notamment, pleurer pour un homme, s’avère être un signal puissant démontrant la reconnaissance et la gratitude. »

Ch. : « Que faire ? Devenir un monstre froid ? »

P : « Bien-sûr que non. Simplement, substituer la sensibilité à l’émotion. »

Ch. : « Simplement ? »

P : « C’est une entrée en matière. Mais par la suite, avec la pratique, cela deviendra simple car naturel. »

Ch. : « Dans la situation que je viens de vivre, comment se comporterait une personne guidée par la sensibilité ? »

P : « Ressentant les prémisses d’une manifestation émotionnelle, elle recourt à l’attention pour atténuer, voire supprimer cet état (invitant la respiration consciente si l’attention seule ne suffit pas). Alors la compréhension des mots qui suscitèrent cela la laisse dans l’écoute pour en apprécier toute la substance, sans débordement égotique. La gratitude peut prendre alors la forme d’un sourire doux et apaisant qui se dessine graduellement sur son visage. »

Ch. : « Bon, bah maintenant : la pratique ! »

P : « Il ne saurait y avoir meilleure conclusion ! »