Texte lu
Une petite anecdote pour commencer. Dans l’un de ses
spectacles, une humoriste faisait remarquer que la locution latine « Carpe
diem » avait pour anagramme (intervertir les lettres d’un mot ou d’une
phrase pour composer un autre mot ou une autre phrase) : « ça
déprime » ! Tout un programme !...
Que signifie : « Carpe diem » ?
Cette expression est extraite des Odes du poète latin Horace
(- 65 ; - 8). La citation complète est : « Cueille le jour
présent sans te soucier du lendemain ». Pour le poète, il s’agissait de
profiter de chaque jour, non pas au sens d’en jouir pleinement, mais
d’apprécier les plaisirs simples, de vivre en harmonie avec la nature.
Actuellement, cette devise est plutôt comprise comme une
invitation à vivre au présent, très en vogue parmi les représentants du développement
personnel, de la spiritualité et de la connaissance de soi : vivez
l’instant présent, savourez le pouvoir du moment présent ! Une recette a
priori infaillible !
Peut-on, en toute confiance, se fier à cette recette
miracle ?
C’est comme pour tout : il faut voir par soi-même,
développer son esprit critique, faire preuve de sagacité.
Et tout d’abord, cette trouvaille humoristique (« Carpe
diem » = « ça déprime »), doit-on simplement en rire ?
Le conseil de vivre le moment présent s’adresse souvent aux
personnes accablées, dépressives, et qui ne parviennent pas à s’intégrer dans
une société considérée comme porteuse de tous les maux dont elles sont
accablées. Mais un fil commun relie la diversité des problèmes
rencontrés : le temps, ou plutôt la durée qui ajoute au tourment.
Alors l’instant présent est considéré et vécu comme
l’intervalle minimum du temps qui passe : le vivre, c’est se concentrer
dessus et le multiplier indéfiniment.
Lorsque les pensées parasites saturent l’espace mental,
vivre l’instant présent nous conduit face à la souffrance, assailli par tout ce
que l’on redoute, les regrets du passé et l’appréhension du futur.
Est-il possible de dépasser, à la fois ce trait d’humour, et
les désillusions de l’instant présent ?
Une piste consiste à se départir de l’approche
intellectuelle, d’éviter l’affrontement interne, et de revenir au fondamental.
L’approche intellectuelle : c’est toute la littérature
abondante vouée aux vertus de « l’instant présent » que l’on peut
bannir.
L’affrontement interne : c’est l’approche guerrière mue
par le principe d’action et de réaction. Une lutte où les combattants sont des
parties de soi-même, donc un conflit perpétuel à l’issue incertaine.
L'essentiel : la conscience et son changement de niveau. Progressivement, aidé par l'attention, la respiration consciente et l'observation de ce qui se passe en soi-même, il est possible d'amener et d'étendre cette transformation.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire