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05/11/2011

178. De la nouvelle année à l'évolution en conscience


Texte lu



Ce texte reprend l’essentiel des notions abordées jusqu’alors afin de proposer de façon synthétique, mais compréhensible et directement applicable, une façon de vivre consciemment dans le modèle sociétal où nous sommes plongés.

1. En guise d’introduction

Il est de coutume, à l’aube d’une nouvelle année, de souhaiter à ses proches, ses voisins, ses collègues...le meilleur en matière de santé et de réalisation de projets.

Mais plus personne n’est dupe, cela ne modifiera en rien ce que l’année réservera à chacun, il suffit de se donner rendez-vous douze mois plus tard pour effectuer le bilan des événements. Mais voilà, une tradition parmi d’autres, et qui a la vie dure !

Cela pose-t-il un problème ? Non. Alors ? Simplement une occasion de réfléchir sur notre condition, et peut-être de se donner les moyens de la transformer véritablement, de l’améliorer, plutôt que de se cantonner à des vœux pieux !

2. Reconsidérer la notion de temps

Pour des raisons pratiques de repérages saisonniers, de gestion des différentes activités, le temps, cette dimension bien énigmatique lorsque l’on consent à y prêter attention, se retrouve circonscrit, découpé en années, elles-mêmes fractionnées en différentes unités. Ainsi, une « tranche d’existence » peut se maintenir bien calée et répartie sur les feuillets d’un agenda.

Au-delà de l’usage fonctionnel, n’y aurait-il pas moyen de réviser cette notion ? Et qu’est-ce que cela apporterait de nouveau dans l’existence ?

Pourquoi ne pas considérer le temps, et donc l’année qui s’écoule, comme une succession d’instants ? Cela n’empêcherait pas de conserver le référentiel classique (mois, jours, heures...) pour des raisons d’usages évidents.

Alors, chaque instant peut devenir précieux par son contenu, car il révèle en lui-même des vécus particuliers ou des changements d’états qui nous échappent.

Voyons un exemple : on peut passer de l’apaisement à la colère en l’espace imperceptible d’un instant. On ne se rend pas compte de la transition, comme mû par une force qui nous submerge.

Si l’on parvenait à demeurer attentif d’instant en instant, on « reprendrait la main », plus exactement on ne la perdrait pas ! Ce vécu particulier de l’instant empêche l’égarement, inhibe cette attitude qui nous verrait répondre à la question : « Qu’est-ce qui t’arrive ? » « Je ne sais pas, c’est plus fort que moi ! »

3. La mort pour donner un sens à la vie

La mort donne du sens à la vie, cela se conçoit bien lorsque l’on se projette mentalement, que l’on soit matérialiste ou spiritualiste, que l’on souhaite profiter de l’existence, ou qu’elle serve de modèle pour la vie future.

Mais si l’on reste sensible au présent, la mort n’est qu’un point de basculement dans l’existence, un seul parmi les instants innombrables qu’elle comporte.

Faisons donc le choix de l’existence, et voyons ce qui la façonne.

4. Que sommes-nous ?

L’existence s’exprime par un être vivant. La Palice n’aurait pas trouvé mieux !

Et cet être, qu’est-ce qui le compose ? Une conscience présente dans un corps physique. L’esprit et la matière en somme.

Les deux sont inséparables, liés par le processus du vivant, mais n’ont pas les mêmes besoins.

Le corps nécessite des apports réguliers pour sa survie et son entretien : respirer, boire, manger, se vêtir et se loger.

La conscience se manifeste essentiellement sur trois niveaux : instinctif, émotionnel et intellectuel.

L’interaction entre le corps et la conscience génère des répercussions tangibles, on évoque des réactions psychosomatiques (effets du psychisme sur le corps) ou somato-psychiques (influence du corps, des réactions biochimiques sur le psychisme). L’influence peut être positive ou négative.

La logique et le bons sens voudraient que l’on s’efforce de maintenir un équilibre entre le corps et l’esprit pour le bien-être de l’hôte. Tout cela serait satisfait si chaque personne pouvait disposer au moins du nécessaire à l’entretien du corps.

C’est ici, dès ce niveau initial, que surgit le premier obstacle : le modèle sociétal.

5. Le modèle sociétal

Il définit le cadre de vie dans lequel les êtres humains mènent leur existence.

Il survient avec l’apparition de la sédentarisation (environ 9 000 ans avant l’ère actuelle). S’il a évolué et s’est diversifié au cours des âges, il tend à s’uniformiser avec la mondialisation.

Les bases de ce modèle :

Le matérialisme : la conscience émerge de la matière, c’est une production du cerveau.

L’affirmation de soi.

Dans un tel système, cette affirmation de soi trouve naturellement sa réalisation dans la consommation (biens, services) et le pouvoir.

Le désir et les émotions y sont fortement stimulés comme moteurs du consumérisme.

Ce paradigme prend place dans un Monde aux ressources et aux places limitées.

Conséquences :

Accroissement des inégalités : en 2010, 388 personnes détenaient un patrimoine équivalent à celui de la moitié de l’humanité (3,5 milliards de personnes) la moins riche ; en 2019, cette richesse est concentrée entre les mains de 26 personnes.

Progression de la misère.

Banalisation de la violence.

Est-ce inéluctable ? On pourrait y souscrire en citant deux acteurs d’un changement de niveau de conscience :

Gandhi : « Il y a assez de tout dans le monde pour satisfaire aux besoins de l'homme, mais pas assez pour assouvir son avidité. »

Krishnamurti : « L’homme est resté tel qu’il était, il est toujours brutal, violent, agressif, cupide, compétitif, et il a construit une société sur ces bases. »

Le mode de pensée dominant crée un conditionnement amenant les personnes à se considérer par rapport au modèle sociétal, de s’y conformer, d’y trouver leur place.

Une perspective : « On ne peut pas résoudre un problème avec le même mode de pensée que celui qui a généré le problème. » (Albert Einstein).

6. Vivre en conscience dans le modèle sociétal

Une solution possible face à tous ces comportements déviants, considérer le modèle sous un autre angle, l’aborder selon une perspective radicalement différente.

6. 1. Vivre dans sa conscience

C’est la condition naturelle de l’existence, mais comme cela ne semble pas évident, il convient d’expliciter ce concept.

Une fois que les besoins du corps sont satisfaits juste ce qu’il faut (pour rappel : respirer, boire, manger, se vêtir et se loger), on vit dans sa conscience.

Voici un exemple :

On peut se trouver à l’aise dans un studio, et à l’étroit dans un château.

Considérons la situation suivante :

Une personne réside dans un château de 1 000 m². L’opportunité lui est offerte de séjourner une quinzaine de jours dans un château de 2 000 m² disposant de nombreux équipements de confort : piscine intérieure chauffée, salle de spectacle, sauna, caisson d’isolation...
Lorsqu’elle réintègre sa demeure, après avoir profité pleinement de tous ces éléments de bien-être, un sentiment de frustration l’envahi : celui-ci émane directement de la conscience.

On découvre bien évidemment l’environnement dans lequel on évolue en se déplaçant dans l’espace, et en recueillant des informations par l’intermédiaire des sens, mais l’ensemble de ces données trouve sa compréhension et son interprétation dans la conscience.
Au final, c’est l’interprétation émanant de la conscience qui dictera le ressenti et le comportement de la personne ayant vécu ces expériences diverses.

6. 2. La conscience ordinaire

Ayant affirmé ce postulat : « On vit dans sa conscience », il importe de mieux connaître cette structure psychique.

On retiendra pour cela deux des trois niveaux de conscience évoqués au § 4 : l’émotionnel et l’intellect. Ils caractérisent la conscience ordinaire, celle par laquelle s’affirment la majorité des êtres humains.

A partir de ces deux constituants, la personne se construit et se manifeste au fil du temps, par les conditionnements (éducation, environnement social) et l’accumulation d’expériences vécues.

L’ensemble regroupe une « collection » de pensées, donc une structure immatérielle, mais dont l’expression est suffisamment puissante (affirmation de soi) et suffisamment réelle pour enfermer solidement et durablement son hôte.

Un exemple :

L’attachement à certaines valeurs peut se traduire par une identification prégnante, empêchant d’appréhender la situation de façon lucide.

Ainsi, le rapport aux possessions peut amener à considérer les dépenses effectuées comme un véritable déchirement, l’ablation d’une partie psychique de soi.

La pensée construit l’être psychique auquel l’on s’identifie, et l’attachement aux possessions, donc les possessions elles-mêmes, en sont l’une de ses composantes.

L’influence du modèle sociétal :

Cet être psychique, c’est donc soi : il est plongé dans un modèle sociétal avec ses règles et son principe fondateur : l’affirmation de soi.

L’ascendant du modèle sociétal renforce cette perception de soi et facilite sa considération comme un modèle d’expériences : ce qui est bon pour moi est bon pour les autres, ou la déclinaison de l’affirmation de soi.

On entre ainsi dans le jugement, et la relation aux autres réduit ou exclut l’écoute et la compréhension.

Conséquence :

La séparation d’avec les autres consciences s’inscrit dans ce schéma et devient le mode normal de fonctionnement.

La communication entre les êtres devient alors de plus en plus difficile car, centré sur soi, on perd la capacité d’écoute, si tant est qu’on la possède.

Or, l’écoute, c’est ce dont ont besoin de plus en plus de personnes, ballottées, bousculées, meurtries par un modèle sociétal de plus en plus insatiable dans sa quête de possession, mais de moins en moins disposé à la considération.

6. 3. Changer de paradigme

6.3.1. Les expériences de conscience

En soi, une expérience de conscience contient tout ce qui peut nourrir la conscience ordinaire : pensées, paroles actions.

Le simple fait de vivre produit donc en permanence de telles expériences, un phénomène complètement naturel, il semble qu’il n’y ait donc rien à redire.

Cependant, ce constat objectif se décline rapidement en impressions subjectives dès lors que les « outils » de la conscience ordinaire s’en emparent, en clair, lorsque l’intellect et l’émotionnel colorent ces expériences .

Ces expériences sont à l’origine de la séparation entre les êtres, car si l’on pouvait les décrire dans leur intégralité, puisant jusqu’au plus profond des sentiments éprouvés, du raisonnement employé ou de la technique utilisée, on pourrait différencier les personnes à partir de leurs expériences.

Ces différences forment le terreau susceptible d’accueillir les graines de l’indifférence. En effet, trop saturé par une multitude de pensées, le mental ne dispose plus d’espace disponible pour la compréhension et l’écoute d’autrui.

6.3.2. L’appropriation des expériences de conscience

Comme cela fut énoncé (§ 6.3.1), l’ensemble des expériences vécues nourrit la conscience ordinaire. C’est le lot de tout être sensible, s’il n’en était pas ainsi, nous serions comme des pierres sur le chemin.

On peut dès lors associer chaque expérience à une vibration. A partir de cette oscillation, il est possible de distinguer plusieurs niveaux de mise en vibration, en voici les étapes :

Pour fixer les idées, imaginons une corde vibrante qui associerait une expérience, de quelque nature qu’elle soit, à la conscience.

Le simple fait d’être en éveil relie la conscience à l’environnement par les sens, ce qui s’ajoute au « bruit intérieur » (la production de pensées) : de fait, une vibration fondamentale s’active, spécifique à chaque être (comme les empreintes digitales, chaque cerveau est unique).

Soit une expérience particulière. Celle-ci est passée au tamis de la conscience ordinaire, susceptible d’engager : la mémoire, des émotions, une réflexion. Une mise en résonance se manifeste.

Si celle-ci s’avère trop importante, une réaction disproportionnée peut s’enclencher : colère, violence, burn-out. Ce mécanisme trouve une correspondance physique, lorsqu’un phénomène de résonance peut provoquer la rupture d’un édifice : effondrement d’un pont emprunté par une colonne de personnes marchant au pas.

Tout ceci constitue une appropriation des expériences de conscience. Ce cadre global est bien connu sous l’appellation d’ego.

Ce qu’il représente s’avère souvent dénigré, le comble dans un modèle sociétal reposant sur l’affirmation de soi !

Mais en fait, l’ego n’est qu’un outil, ni bon ni mauvais en soi, simplement fonctionnel.

Bien compris et convenablement utilisé, il ouvre la voie de la conscientisation.

6.3.3. La conscientisation

Conscientiser, c’est être attentif aux événements qui se présentent à la conscience.

Etre attentif, c’est ne retenir que la mise en vibration initiale.

Cela exclut les harmoniques dissipées par la conscience ordinaire, sous l’emprise des émotions et de l’hypermentalisation (multiplication en boucle des scénarios).

Sous l’effet de l’observation juste, il se produit un alignement des différentes parties de la conscience, il n’y a plus de tiraillements.
Ainsi, cela évite les conflits internes qui naissent souvent d’un décalage entre ces différentes parties qui gagnent en autonomie : on peut comprendre et accepter une information par le biais de l’intellect, mais continuer de l’ignorer émotionnellement, de faire comme si de rien n’était.

6.3.4. Faire éclore la conscientisation

L’attention est au cœur de la conscientisation. Cela mérite quelques explications.

6.3.4.1. L’attention

L’attention est une capacité de la conscience.

Etre attentif, c’est accueillir sans à priori, sans jugement, ce que captent les sens.
C’est accomplir les tâches naturellement.
C’est établir le calme intérieur, celui du mental.

Cela est rendu possible par l’effet principal de l’attention : placer en retrait la conscience ordinaire (émotionnel, intellect).

Cela ne signifie pas que l’on perde son affectivité et ses facultés intellectuelles.
La sensibilité fait place aux émotions, portant naturellement à la compréhension et la compassion.
L’intellect s’affine, mais renonce aux productions de l’hypermentalisation (scénarios en cascade).

L’attention n’est pas la concentration.
Par exemple, un tireur isolé est concentré sur sa cible, il applique méthodiquement et froidement un mode opératoire destructeur. La compréhension et la compassion sont totalement absentes de cette façon d’agir.

Il n’est pas aisé d’y parvenir. Certes, l’inattention émet le signal révélateur de la distraction, mais absorbé dans ses pensées, on peut le négliger.

La respiration consciente en facilite l’approche.

6.3.4.2. La respiration consciente

La respiration est une fonction physiologique à la fois consciente et inconsciente.
Pour l’essentiel elle s’emploie inconsciemment.
Respirer consciemment consiste simplement à exercer volontairement les mouvements respiratoires (inspiration, expiration).

Concrètement, il convient :

   - de ne pas forcer et respecter les besoins corporels ;
   - d’essayer de maintenir un flux d’air constant.

Cette pratique simple, toujours disponible, permet d’offrir un support à l’attention.

6. 4. Les obstacles rencontrés

S’engager dans le processus de l’attention au quotidien résulte naturellement d’une démarche personnelle.

Cependant, il ne faudrait pas oublier qu’elle modifie la conscience en profondeur, ouvrant des perspectives plus vastes, qui peinent à trouver une place dans un modèle sociétal étriqué et orienté.

Mais il y a pire : la réaction des proches (cercle familial, amis) qui, non concernés et suivant les lignes de force du modèle sociétal, s’exclameraient : « Qu’est-ce qui t’arrive ? On ne te reconnaît plus ! », prélude possible à de fortes dissensions.

Ce choix, initié par la volonté et le libre arbitre, doit être mûrement réfléchi.

7. L’évolution en conscience

7. 1. Les étapes et le principe

L’être humain au carrefour de l’évolution.

Il est tout d’abord le produit de l’évolution des espèces :

La paléontologie nous apprend qu’il y a environ sept millions d’années, la lignée humaine s’est séparée de celle des chimpanzés et des gorilles.

Des critères évolutifs, liés aux comportements en lien avec l’environnement et la modification du régime alimentaire, entraînèrent : la bipédie, l’augmentation de la taille du cerveau, la descente du larynx (capacité d’un langage articulé).

Tout cela conduisit à Homo sapiens, ou Homme moderne.

L’évolution culturelle :

Elle apparaît relativement tôt, les premières peintures rupestres (réalisées sur des rochers) datent de 40 000 ans.

De ces premiers témoignages d’une forme d’appropriation du monde au foisonnement des savoirs d’aujourd’hui, il apparaît que pour l’espèce humaine, l’évolution culturelle distance l’évolution biologique.

Un pas considérable est franchi : l’évolution émane de la conscience, elle s’émancipe complètement des conditions environnementales. Par ailleurs, la technique permet de s’adapter à ces conditions, elle devance et annule la réponse lente et progressive de l’évolution biologique.

Mais l’individu subit l’influence du modèle culturel imposé, et ce dernier ne concerne qu’une partie de la conscience, celle de l’intelligence et de l’imagination, matérialisée par le néocortex cérébral.

L’évolution de la conscience :

Lorsque l’on évoque la conscience, son expression s’en trouve réduite à sa partie ordinaire, l’émotionnel et l’intellect. Etonnamment, c’est sur ces fondations que repose le modèle sociétal, surtout la partie émotionnelle, fer de lance du consumérisme ! Est-ce un hasard ?

Mais il existe d’autres parties de la conscience, notamment celles qui se manifestent par les ondes cérébrales delta et thêta, les plus lentes, signatures du sommeil profond (absence d’ego) ou de méditation profonde.

Si l’on considérait tous les états et les expériences de conscience observés, la conscience ordinaire serait la partie émergée de l’iceberg.

Dans cette perspective, il devient vraiment loisible d’évoquer la notion d’évolution se rapportant à la conscience.

Postulat : chaque personne se définit comme une conscience ; la conscience, c’est l’expression de l’être.

Sans porter de jugement (toute cette approche se veut guidée par les quatre principes suivants : comprendre, accepter, s’adapter, ne pas juger), à l’évidence, des différences de comportement notables existent entre les personnes. Cela s’observe aussi bien dans le temps que dans l’espace.
Des façons d’être peuvent correspondre ainsi à des niveaux de conscience.

Par un travail personnel, il est possible de changer de niveau de conscience : l’attention, en réduisant les pensées parasites, libère de l’espace mental, atténue l’égoïsme et le repli sur soi (produits en abondance par la conscience ordinaire), offrant de la disponibilité et de la compréhension envers autrui.

Ce changement de niveau de conscience dépend uniquement du libre arbitre et de la volonté : un joyau personnel !

Plus on est conscient dans nos actes au quotidien, plus la conscience évolue.

7. 2. L’opposition de fait

Le modèle sociétal reflète le niveau de conscience global de l’humanité : les dirigeants et les politiques ne sont « qu’autres nous-mêmes »... mais ils ont réussi ! (au sein de ce modèle sociétal).

Inspiré par cette réforme intime de la conscience, chaque personne participe au changement de ce modèle sociétal : « Soit le changement que tu voudrais voir dans le Monde. » (Gandhi).

Mais cet archétype dispose de fervents admirateurs, et non des moindres, une fraction, certes infinitésimale au regard de la population mondiale, mais disposant d’effets de levier considérables : pouvoir financier, influence médiatique, complicité des gouvernants.
Tout cela entretient une force d’inertie puissante au changement.

7. 3. La ressource intérieure

Ce changement de niveau de conscience résulte de l’attention.

Celle-ci, comme il fut dit, place la conscience ordinaire en retrait, le réceptacle de toutes les oppositions dualistes, tous les « à quoi bon », la peur de l’échec comme l’exaltation de la réussite.

Alors, mû par cette qualité d’être, on accepte naturellement le rôle de la goutte d’eau d’un futur océan que jamais l’on ne verra.

8. Un questionnement bien légitime

« Tu déplores que le modèle sociétal repose sur le matérialisme, mais tu abordes la conscience uniquement dans ce cadre, sans mentionner la spiritualité, pourtant a priori essentielle dans son parcours évolutif. »

« Je ne déplore pas ce choix, je l’énonce comme un fait. Maintenant, pourquoi je n’aborde pas la spiritualité dans le cadre de l’évolution de la conscience ? »

« Oui, pourquoi ? »

« Schématiquement, la spiritualité se rapporte surtout au cheminement de la conscience après la fin du corps physique. Dans cette perspective, on peut considérer la continuité de la conscience sur deux plans : le plan physique, et le plan spirituel, avec la mort comme ligne de démarcation. »

« On est d’accord sur cette présentation. »

« Cela ne fait que fractionner la conscience, alors que la démarche initiale suppose son alignement et son unité. Par ailleurs, cela fait intervenir la notion de croyance. »

« Et alors ? »

« La croyance n’est qu’une construction mentale, souvent à l’origine de peurs plus ou moins diffuses, elle n’est pas compatible avec l’attention. »

« On peut aborder le devenir de la conscience au-delà de la finitude physique à partir de sources fiables, non dogmatiques, et voir si cela crée un faisceau d’indices favorables à une persistance. Il ne serait plus question de croyance, mais d’informations fiables... »

« ...Et réconfortantes ? »

« Bien sûr ! Où est le mal ? »

« Nul mal à l’horizon. »

« Tu me rassures. Mais... »

« Simplement ceci. La curiosité, le souhait d’accroître ses connaissances sur quelques sujets que ce soit... »

« ...Et donc la spiritualité ? »

« ...Et donc la spiritualité, sont parfaitement légitimes. Mais ces recherches, et ce qu’elles peuvent induire dans l’espace mental, restent dans le champ de la conscience ordinaire. »

« Oui, toujours la même, celle qui se limite à l’émotionnel et l’intellect, des domaines exclus de celui de l’attention ! »

« Tu as tout compris ! »

« C’est toujours ça ! Dommage tout de même d’écarter la spiritualité, je pensais notamment à la citation de Teilhard de Chardin : « Nous ne sommes pas des êtres humains vivant une expérience spirituelle, mais des êtres spirituels vivant une expérience humaine.»

« Ne retenant que la conscience, on pourrait dire : nous ne sommes pas des êtres semi-conscients disposant d'un vaste champ de conscience, mai des êtres pleinement conscients que nos conditionnements et nos habitudes empêchent de révéler. C'est comme le petit nuage qui cache le Soleil, bien plus volumineux, mais très éloigné. »



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