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15/02/2012

105. Le caillou dans la chaussure

          Texte lu



     Le téléphone sonne :

« Bonjour ! »

« Bonjour, çà va ? »

« Cà va, merci. Et toi ? »

« Oui. Tu sais, la personne qui vient de (ville de la région parisienne), et qui s’est installée ici ( ville de la région centre)... »

« Oui, je me souviens. »

« Eh bien, il a installé sa remorque dans ma cour, et déposé des affaires dans mon garage. »

« Et ça t’ennuie ? »

« Oui. Mais je ne sais pas quoi faire. »

« Tu le connais bien ? »

« Oui. »

« Considère cela comme une aide, favorisant des relations de bon voisinage. »

« Oui. Bien sûr... »

« Mais ça te gêne toujours. »

« C’est pas moi, c’est (le nom d’un voisin). C’est depuis qu’il m’a dit de ne pas accepter qu’on dépose des affaires chez moi. Il m’a raconté que son voisin lui avait demandé de pouvoir déposer du bois dans son jardin, il a refusé, et précise que je devrais en faire autant. »

« On peut en parler. »

« Oui, d’accord. »

     Nous sommes souvent amenés à prendre des décisions, certaines ne présentent aucune difficulté, souvent immédiatement oubliées après leur application, tandis que d’autres s’incrustent, laissent des traces. La résolution peut être directe, ou dépendre d’influences diverses.
     Examinons une situation perturbante doublée d’une emprise extérieure.
     Tout d’abord, l’événement vient certes bousculer nos habitudes de vie, mais on l’intègre. Puis, sur les conseils d’un « ami », ce phénomène prend de l’ampleur,  occasionne une gêne quasi insupportable.

     Que s’est-il passé ? Comment expliquer ce changement radical dans notre perception ?

     D’abord une phrase introductive : « Il n’y a pas de raison, tu ne devrais pas accepter cette situation, réagis ! Moi, à ta place... » On accueille la suggestion pour la laisser mûrir dans la conscience où elle produit des effets délétères. C’est comme un caillou que l’on nous tend, et que l’on place volontairement dans une chaussure !

     Cela concerne l’impact, mais la cause première, où se dissimule-t-elle

     Déjà, pour acquiescer à cette proposition, convient-il de développer une certaine propension à son égard, que la conscience entre en résonance avec cette thématique, sinon elle passerait comme un nuage dans le ciel.
     Voici pour le message. Et le messager ? Il importe plus encore par le relationnel et la considération qu’il suscite. Selon les liens qui nous rattachent à lui, nous sommes plus ou moins enclins à l’écouter et suivre ses propos.

     Si l’on a compris le mécanisme conduisant à cette réactivité, une question essentielle reste en suspens : comment l’éviter ?

     A la base, il y a la conscience. Progressivement, régulièrement, nous l’édifions, l’enrichissons et l’entretenons par l’éducation reçue, les  expériences accomplies, les ressentis éprouvés. Cette conscience, nous la bâtissons et l’aménageons à notre guise, tel un projet immobilier dont nous serions à la fois l’architecte et l’ensemble des corps de métier dédiés.
     Si ce schéma séduit, reflète-t-il la réalité ? Ne se heurte-t-il pas frontalement aux comportements communs teintés, si ce n’est englués dans une horde d’ascendants, d’influences et d’emprises ? Très certainement. Des attitudes contenues par exemple dans ce type d’affirmations :

«  C’est pas moi, c’est ma mère, ou mon père qui... »

« Il m’a connu tout jeune, et avant il fréquentait déjà mes parents... »

« Je ne fais pas ça pour moi, mais pour mon (ma) conjoint(e), mes enfants... »

     Ces interjections, bien réelles, décrivent la surface des choses, mais jetées comme une bouteille à la mer, elles expriment une forme de détresse. Parfois, cela manifeste le décalage entre la façon dont nous souhaiterions agir et ce que nous dictent les circonstances. Cela rassure également, amorçant une démarche de recherche en responsabilité.
     Mais les faits, qui rappelons-le sont têtus, balayent toutes ces convenances à la moindre réflexion : disposant du libre arbitre et de l’intégrité psychique, nous avons toujours le choix et sommes seuls responsables de nos actes.

     Il est possible de s’extraire des approximations et des tergiversations, de ne plus dépendre de l’avis réconfortant des autres. Pour y parvenir, il convient :

§         d’aménager au mieux l’ espace de conscience à partir duquel nous agissons, facilitant ainsi l’action juste, celle qui nous correspond ;

§         de redécouvrir, ou découvrir la qualité d’exister, ne plus avoir l’impression de réagir simplement aux événements, de ne pas conduire sa vie ;


§         d’être en paix avec soi-même, et donc avec les autres. 

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