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21/02/2012

99. Ne pas juger

          Texte lu



     Ne pas juger : un sacré challenge !
     Comprendre, ne serait-ce que par la réflexion, les éléments mentionnés dans un autre texte (§ 97. Une promenade en ville) pour y  parvenir, ne va pas nécessairement de soi, alors le vivre ! Aussi convient-il de s’attarder sur cette suggestion, d’en saisir véritablement les implications, et qui sait, l’intégrer au quotidien.

     D’abord, deux vécus distincts : l’opinion en elle-même, et la conséquence d’un traumatisme.
     Il y a le jugement isolé que l’on pratique au quotidien, à propos de tout et de rien, pour s’exprimer sur le sujet. Une habitude comportementale pouvant s’estomper relativement facilement si l’on accepte de renoncer au plaisir que cela procure.
     Beaucoup plus délicate, l’appréciation accompagnant une meurtrissure personnelle, un acte portant atteinte à l’intégrité physique ou psychique. Ici, ce n’est plus le divertissement ou la réjouissance qui guident le jugement, mais la réaction émotionnelle.

     Dès lors, comment s’abstenir de juger ? En intégrant cette résolution dans une démarche morale ou religieuse. On accepte bien volontiers, et l’on se réjouit d’y parvenir en contrepartie d’une espérance, la satisfaction d’une conformité au précepte, voire l’allégresse ressentie. Certes, ce « protocole » abolit le jugement, mais outre qu’il ne concerne que les personnes impliquées dans une conduite éthique, il ne traite que la réaction, n’examine  pas la racine même du problème, s’empêchant ainsi de trouver une solution complète et durable.

     Que dire, et surtout que faire lorsque l’appréciation  exprimée jaillit de la souffrance endurée, comme de la haine éprouvée ? Que la rage et la colère qui nous animent prolongent l’acte que l’on a subi, lui permettant désormais d’éclore et de croître en nous, devenant en quelque sorte le complice de l’agresseur, et cela aussi longtemps que notre mémoire le permet.
     Il importe donc de comprendre les fondements des comportements que l’on qualifie de déviant.
     Les actes commis sont l’aboutissement d’un état d’esprit caractérisé par les pensées dominantes. Lorsque celles-ci exercent une attraction suffisamment forte, la réaction devient quasi automatique.
     Et que le geste répréhensible soit mûrement réfléchi ou la conséquence d’un déséquilibre, la nuisance envers autrui suppose une dysharmonie, un trouble intérieur.

     Dessinons un arbre des choix. Prenons une feuille, et commençons au milieu de l’un de ses bords. D’abord un trait horizontal, suivi d’un embranchement obliquant à droite et à gauche. On renouvelle ainsi le schéma à partir de chaque bifurcation, atteignant respectivement le haut et le bas de la feuille. Puis on cache pratiquement tout le modèle, ne laissant apparaître que les derniers segments figurant d’un côté ou de l’autre. Si l’on demandait à une personne de justifier la présence des traits à cet endroit précis, elle serait bien en peine de le faire.
     Lorsque nous portons un jugement, nous le faisons en braquant une lumière vive sur les derniers segments, ignorant tous les autres maintenus dans l’ombre.


     Ayant compris cela, il ne reste plus qu’à l’appliquer au quotidien avec l’aide de l’attention.

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