Translate

30/04/2012

30. Pourquoi changer ? Comment ? Et cela peut-il s’inscrire dans la durée ?

     Texte lu


     Pourquoi changer et comment ?
     En effet, dans ce contexte si particulier où la conscience globale de la planète reste dominée par le consumérisme frénétique, la primauté émotionnelle et l’affirmation de soi, quel parcours d’obstacles, quel défi invraisemblable guettent toute personne qui souhaiterait changer. Et une fois la décision prise, maintenir cette volonté évolutive revient à nager contre le courant.
     Cela est compréhensible car facile à observer quotidiennement. Mais si l’on ne s’arrête pas à ce constat d’évidence éprouvant, si l’on accepte de porter notre regard et notre attention au-delà, on peut apercevoir de petites lumières isolées qui clignotent, comme des phares perdus dans la brume, mais bien présent néanmoins pour les personnes qui ne se contenteraient pas des sillons tout tracés.

     Ces flambeaux sont là pour nous rappeler qu’une autre manière d’être, de se comporter demeure possible.
     Comprenant et acceptant cela, il convient alors d’engager cette transformation personnelle, d’oser faire le premier pas qui nous accompagne et nous mènera sur le chemin du changement.
    
     L’apprentissage du changement de niveau de conscience peut donc être abordé ici. Ces notions : « apprentissage », « changement », peuvent évoquer : l’effort, l’astreinte, les compétences requises, l’attente du résultat, il ne faut pas s’étonner d’une telle attitude car, de par notre éducation, nous l’associons à tout apprentissage, toutes acquisitions de connaissances nouvelles.
     Autre interrogation, et non des moindres, en sommes-nous capables ? Bonne nouvelle : nous possédons, intrinsèquement en nous, des outils pour changer de niveau de conscience, pour percevoir, ressentir et appréhender les événements, le monde et les êtres de façon différentes, complètement neuve et naturelle.
     Quels sont donc ces outils ? Parlons plutôt de fonctions naturelles : la respiration et l’attention. Il suffit tout simplement : d’exercer la première de façon consciente, de comprendre la seconde, de l’appliquer et d’en constater les effets, (Cf. : Un dialogue entre amis : § 3.3.1. et 3.3.2.).
     Tout semble désormais en ordre pour aborder cette transformation. Tout ? Il manque encore une chose : la réponse à une question. Laquelle ? Souhaite-t-on réellement changer ?

     Cela peut paraître étonnant, surtout si l’on prend conscience du malaise que l’on ressent à évoluer au sein d’une société qui nous oppresse.
     Hélas non ! Et cela peut même devenir le lien de contact avec cette société honnie ! Difficile à croire ? Approfondissons.
     Si le mal-être perçu est relativement intégré, qu’il devient même un « sujet de conversation » que l’on a plaisir à réitérer entre « amis », alors, deux obstacles redoutables vont s’allier pour barrer le chemin à cette tentative de changement personnel : l’excitation vécue comme un exutoire lorsque l’on s’acharne verbalement sur toutes les imperfections sociales ; la jouissance de partager cela entre amis.
     Et si l’on s’aventure malgré tout, le coup de grâce : s’apercevoir que cette mutation de la conscience met de la distance entre les amis d’alors et nous, ceux qui maintiennent le cap, et demeurent vent debout face à leurs certitudes.

     Donc, reprenons cette thématique à partir du moment où la décision du changement est prise. Que se passe-t-il ?

     Comme indiqué précédemment, une voie possible consiste à centrer son attention sur la respiration, la rendre et la maintenir consciente le temps qu’on le souhaite, ou simplement être attentif, à quoi ? A ce qu’il est possible, c’est-à-dire à tout : ce qui se passe autour de nous, aux êtres avec lesquels nous sommes en relation, notre perception intérieure...     
     Et là, durant ces instants privilégiés, la conscience ordinaire, réceptacle du mental dont les composantes bien connues sont l’émotion et l’intellect, se met spontanément en retrait pour laisser place à une autre forme de conscience naturelle dirigée par l’attention.
     Et çà y est ! Nous sommes en plein dedans ! Inutile d’aller chercher plus loin !
    
     Comment savons-nous cela ? La perception de ce bien-être, et surtout qu’il prend naissance dans un autre niveau de conscience, se fait après, lorsque la conscience ordinaire revient sur le devant de la scène pour s’emparer et analyser ce qui s’est passé, ce vécu qui s’inscrit désormais dans la mémoire.
    
     Avant de poursuivre, un point important doit être signalé. Il a été fait mention de « l’apprentissage » pour initier cette nouvelle façon d’être, avec certaines précautions pour ne pas l’associer aux contraintes, mais cela ne semble pas suffisant. Il convient donc d’approfondir la matière pour lever toutes ambiguïtés.
     Finalement, c’est comme être à l’école...sans y être ! Identique à la méthodologie scolaire pour la découverte, l’étude et la pratique d’une discipline nouvelle (respiration consciente, attention) ; mais dégagé de la course aux résultats, nous devons accoster ce « nouveau rivage » en abandonnant les notions de réussite ou d’échec, trop reliées à la conscience émotionnelle, seuls importent les signaux recueillis : on continue lorsque la voie empruntée est bonne, on examine ce qui se passe dans le cas contraire, et l’on persévère en s’accordant les pauses nécessaires pour empêcher la saturation.
     Dans tous les cas, il convient de ne pas rechercher le satisfecit, ou redouter la meurtrissure de l’échec.

     Ceci étant dit, évoquons quelques effets de la conscience attentive.
     Cette liste ne peut prétendre à l’exhaustivité, mais se propose de montrer l’impact sur notre comportement lorsque nous vivons cette conscience particulière :


§         Réduction des pensées parasites :

Ø      Perception plus claire et plus fluide de l’espace et du temps :

v      Dans l’espace : diminution des gestes et des déplacements superflus, on se cogne moins aux obstacles de l’environnement, la marche est mieux assurée, évitant déséquilibres et chutes intempestives : traduction physique des pensées parasites.

v      Dans le temps : meilleure gestion du temps dont on dispose pour planifier les activités quotidiennes : on peut découvrir qu’il est possible d’en consacrer une partie à des activités appréciées, et pourquoi pas le partager socialement !

Ø      Clarification des idées et réflexion facilitée : la réduction des pensées parasites offre plus d’espace aux idées saines, comme un lieu que l’on débroussaille.


§         Mise en retrait de la conscience émotionnelle :

Ø      Evite les sautes d’humeur : sans commentaire !

Ø      Requalification des relations où l’émotion jouait le rôle essentiel : on apprend, et l’on comprend que l’attention aux autres est beaucoup plus efficace que les réactions dictées par l’émotion, et surtout plus riche en contenu affectif.

Ø      L’affectif devient compassion qui s’exprime naturellement.


§          Elargissement du champ de conscience :

Ø      Le triptyque : comprendre, accepter, ne pas juger se manifeste  plus facilement, voire, devient une seconde nature. 

Ø      Conséquences possibles : 

v      Le conflit, qui repose sur le principe d’action et de réaction, perd de sa substance et de son attrait.

v      On s’abstrait facilement du pouvoir attractif de la société : les réponses à ce que l’on désapprouve deviennent constructives, abandonnant le sarcasme et la lutte.

Ø      Naissance du regard intérieur : émergence de la connaissance de soi. 


     Dernier point : ce changement de niveau de conscience peut-il s’inscrire dans la durée ?
     Cette interrogation, et le trouble qu’elle peut susciter s’inscrivent tout naturellement dans les méandres de la conscience émotionnelle. 

     Alors, comment traiter cette difficulté ? : En l’éludant, car la question devient le problème. Celui-ci naît dans l’intellect, puis se développe et prospère dans la conscience émotionnelle.
     Lorsqu’il affleure au mental, l’accueillir par l’attention ou la respiration consciente.
    
               Cela vaut la peine d’essayer, non ?...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire