Texte lu
Cela se passe au Bois de Vincennes, mais pourrait se dérouler dans tout autre espace vert, véritable enclave bienfaisante dans ces structures d’asphalte, d’acier, de verre et de béton que sont devenus les grandes métropoles.
Par une belle journée d’été, à la
température douce et clémente, au vent qui se décline en une brise
bienfaisante, les couleurs paraissent vivantes et vibrantes lorsque l’on
s’attarde à les contempler.
Un ciel bleu lumineux, dépourvu de nuages,
éclaire magnifiquement la cime foisonnante des arbres qui entourent le lac. Et
lorsque le regard se promène alentour, il trouve la présence apaisante des
pelouses.
Tout cela s’accorde à faire oublier que
cette nature doit beaucoup à l’intervention humaine, conception, aménagements,
entretien...Mais qu’importe, il nous reste la faculté de communier avec elle.
Autour
du lac, un certain nombre de personnes marchent ou s’adonnent à la course, venant oublier ici les affres de
la ville, si proche, et se libérer des tensions que le stress accumule
scrupuleusement et méthodiquement.
Tout semble donc aller pour le mieux, l’esprit et le corps trouvent ici
la régénération nécessaire à leur équilibre.
Mais si l’on observe plus attentivement
cette scène, notamment les coureurs, on constate que la plupart sont équipés
de baladeurs qui cernent leurs oreilles.
En affinant l’examen, on constate que de nombreux regards demeurent dans le
vague, ne conservant qu’un champ de vision réduit à l’essentiel : les
quelques mètres à l’avant des foulées, dessinant la trajectoire suivie.
L’omniprésence, c’est celle des appareils
qui diffusent toutes sortes de sons dans les oreilles ! Toutes, excepté le
chant des oiseaux.
Ici aussi, dans ce havre préservé, il ne
faut pas se trouver seul face à ses propres pensées. Et comme le mental n’est
pas affairé par ses occupations habituelles, elles abondent et redoublent
d’intensité. Alors la technique y remédie, prompt à les reléguer au second plan
par une barrière a priori étanche entre elles et ce déluge de sons familiers.
Ce faisant, cette pratique éloigne l’attitude naturelle que l’on peut adopter en la circonstance : profiter de l’environnement bienfaisant pour déployer son attention, ce fruit remarquable de la conscience capable d’instaurer une paix véritable et durable.
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