Texte lu
En effet, dans ce contexte si particulier
où la conscience globale de la planète reste dominée par le consumérisme
frénétique, la primauté émotionnelle et l’affirmation de soi, quel parcours
d’obstacles, quel défi invraisemblable guettent toute personne qui souhaiterait
changer. Et une fois la décision prise, maintenir cette volonté évolutive
revient à nager contre le courant.
Cela est compréhensible car facile à
observer quotidiennement. Mais si l’on ne s’arrête pas à ce constat d’évidence
éprouvant, si l’on accepte de porter notre regard et notre attention au-delà,
on peut apercevoir de petites lumières isolées qui clignotent, comme des phares
perdus dans la brume, mais bien présent néanmoins pour les personnes qui ne se
contenteraient pas des sillons tout tracés.
Ces flambeaux sont là pour nous rappeler
qu’une autre manière d’être, de se comporter demeure possible.
Comprenant et acceptant cela, il convient
alors d’engager cette transformation personnelle, d’oser faire le premier pas
qui nous accompagne et nous mènera sur le chemin du changement.
L’apprentissage du changement de niveau de
conscience peut donc être abordé ici. Ces notions :
« apprentissage », « changement », peuvent évoquer :
l’effort, l’astreinte, les compétences requises, l’attente du résultat, il ne
faut pas s’étonner d’une telle attitude car, de par notre éducation, nous
l’associons à tout apprentissage, toutes acquisitions de connaissances
nouvelles.
Autre interrogation, et non des moindres,
en sommes-nous capables ? Bonne nouvelle : nous possédons,
intrinsèquement en nous, des outils pour changer de niveau de conscience, pour
percevoir, ressentir et appréhender les événements, le monde et les êtres de
façon différentes, complètement neuve et naturelle.
Quels sont donc ces outils ? Parlons
plutôt de fonctions naturelles : la respiration et l’attention. Il suffit
tout simplement : d’exercer la première de façon consciente, de comprendre
la seconde, de l’appliquer et d’en constater les effets, (Cf. : Un dialogue entre amis : § 3.3.1. et 3.3.2.).
Tout semble désormais en ordre pour
aborder cette transformation. Tout ? Il manque encore une chose : la
réponse à une question. Laquelle ? Souhaite-t-on réellement changer ?
Cela peut paraître étonnant, surtout si
l’on prend conscience du malaise que l’on ressent à évoluer au sein d’une
société qui nous oppresse.
Hélas non ! Et cela peut même devenir
le lien de contact avec cette société honnie ! Difficile à croire ?
Approfondissons.
Si le mal-être perçu est relativement
intégré, qu’il devient même un « sujet de conversation » que l’on a
plaisir à réitérer entre « amis », alors, deux obstacles redoutables
vont s’allier pour barrer le chemin à cette tentative de changement
personnel : l’excitation vécue comme un exutoire lorsque l’on s’acharne
verbalement sur toutes les imperfections sociales ; la jouissance de
partager cela entre amis.
Et si l’on s’aventure malgré
tout, le coup de grâce : s’apercevoir que cette mutation de la conscience
met de la distance entre les amis d’alors et nous, ceux qui maintiennent le
cap, et demeurent vent debout face à leurs certitudes.
Donc, reprenons cette thématique à partir
du moment où la décision du changement est prise. Que se passe-t-il ?
Comme indiqué précédemment, une voie
possible consiste à centrer son attention sur la respiration, la rendre et la
maintenir consciente le temps qu’on le souhaite, ou simplement être attentif, à
quoi ? A ce qu’il est possible, c’est-à-dire à tout : ce qui se passe
autour de nous, aux êtres avec lesquels nous sommes en relation, notre
perception intérieure...
Et là, durant ces instants privilégiés, la
conscience ordinaire, réceptacle du mental dont les composantes bien connues
sont l’émotion et l’intellect, se met spontanément en retrait pour laisser
place à une autre forme de conscience naturelle dirigée par l’attention.
Et çà y est ! Nous sommes en plein
dedans ! Inutile d’aller chercher plus loin !
Comment savons-nous cela ? La
perception de ce bien-être, et surtout qu’il prend naissance dans un autre
niveau de conscience, se fait après, lorsque la conscience ordinaire revient sur
le devant de la scène pour s’emparer et analyser ce qui s’est passé, ce vécu
qui s’inscrit désormais dans la mémoire.
Avant de poursuivre, un point important
doit être signalé. Il a été fait mention de « l’apprentissage » pour
initier cette nouvelle façon d’être, avec certaines précautions pour ne pas
l’associer aux contraintes, mais cela ne semble pas suffisant. Il convient donc
d’approfondir la matière pour lever toutes ambiguïtés.
Finalement, c’est comme être à
l’école...sans y être ! Identique à la méthodologie scolaire pour la
découverte, l’étude et la pratique d’une discipline nouvelle (respiration
consciente, attention) ; mais dégagé de la course aux résultats, nous
devons accoster ce « nouveau rivage » en abandonnant les notions de réussite
ou d’échec, trop reliées à la conscience émotionnelle, seuls importent les
signaux recueillis : on continue lorsque la voie empruntée est bonne, on
examine ce qui se passe dans le cas contraire, et l’on persévère en s’accordant
les pauses nécessaires pour empêcher la saturation.
Dans tous les cas, il convient de ne pas
rechercher le satisfecit, ou redouter la meurtrissure de l’échec.
Ceci étant dit, évoquons quelques effets
de la conscience attentive.
Cette liste ne peut prétendre à
l’exhaustivité, mais se propose de montrer l’impact sur notre comportement
lorsque nous vivons cette conscience particulière :
§
Réduction des pensées parasites :
Ø Perception plus
claire et plus fluide de l’espace et du temps :
v Dans l’espace :
diminution des gestes et des déplacements superflus, on se cogne moins aux
obstacles de l’environnement, la marche est mieux assurée, évitant
déséquilibres et chutes intempestives : traduction physique des pensées
parasites.
v Dans le temps :
meilleure gestion du temps dont on dispose pour planifier les activités
quotidiennes : on peut découvrir qu’il est possible d’en consacrer une
partie à des activités appréciées, et pourquoi pas le partager
socialement !
Ø Clarification des
idées et réflexion facilitée : la réduction des pensées parasites offre
plus d’espace aux idées saines, comme un lieu que l’on débroussaille.
§
Mise en retrait de la conscience émotionnelle :
Ø Evite les sautes
d’humeur : sans commentaire !
Ø Requalification des
relations où l’émotion jouait le rôle essentiel : on apprend, et l’on
comprend que l’attention aux autres est beaucoup plus efficace que les
réactions dictées par l’émotion, et surtout plus riche en contenu affectif.
Ø L’affectif devient
compassion qui s’exprime naturellement.
§
Elargissement du champ de conscience :
Ø Le triptyque :
comprendre, accepter, ne pas juger se manifeste
plus facilement, voire, devient une seconde nature.
Ø Conséquences
possibles :
v Le conflit, qui
repose sur le principe d’action et de réaction, perd de sa substance et de son
attrait.
v On s’abstrait
facilement du pouvoir attractif de la société : les réponses à ce que l’on
désapprouve deviennent constructives, abandonnant le sarcasme et la lutte.
Ø Naissance du regard
intérieur : émergence de la connaissance de soi.
Dernier point : ce changement de
niveau de conscience peut-il s’inscrire dans la durée ?
Cette interrogation, et le trouble qu’elle
peut susciter s’inscrivent tout naturellement dans les méandres de la
conscience émotionnelle.
Alors, comment traiter cette
difficulté ? : En l’éludant, car la question devient le problème. Celui-ci
naît dans l’intellect, puis se développe et prospère dans la conscience
émotionnelle.
Lorsqu’il affleure au
mental, l’accueillir par l’attention ou la respiration consciente.
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