Texte lu
Un rendez-vous de longue date arrivait à échéance ce jour, une soirée mémorable en perspective ! Déjà, par la pensée, l’on imagine le déroulement des événements, les moments forts de cette retrouvaille entre amis. La stimulation du mental procure une double satisfaction : tromper l’attente, oublier ce qu’il aura fallu de recherches, de préparations, de soins et de temps pour réunir l’ensemble des convives et organiser cette réception. Une pensée rétrospective se manifeste, cela faisait si longtemps qu’on ne s’était vu ! Combien déjà ?
Le
téléphone sonne, interrompant la rêverie, empêchant de trouver la réponse à
cette question.
« Bonjour, je t’appelle pour
plusieurs des personnes qui devaient ("devaient" : un premier signal
de stress surgit dans le plexus solaire de l'hôte) venir ce soir, mais se
trouvent retenues par un empêchement de dernière minute. Désolé, on remet cela
à plus tard ? »
En un éclair, la conscience émotionnelle,
à l’oeuvre dans la joie anticipée de revoir tous ses anciens amis, continue de
s’imposer dans un autre registre : une vague de contrariété envahit tout
l’espace mental disponible. Par un effort appuyé, on tente de reprendre la
main, et c’est pour s’entendre prononcer d’une voix hésitante et sourde des
mots en totale contradiction avec le sentiment éprouvé : « Oui, bien
sûr, pas de problème. » Puis on raccroche sans se souvenir si l’on a pu
articuler les formules de politesse d’usage.
Que faire maintenant ? Simplement ce
qui doit être : ranger le décor, desservir plats et couverts en surnombre et
revenir à une soirée ordinaire...
Non, pas une soirée banale, si l’on
accomplit tous ces actes avec attention !
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