Texte lu
Depuis fort longtemps, la nature de la matière intriguait les esprits fertiles : de quoi est-elle faite ? Peut-on la réduire indéfiniment ?
Dans la Grèce Antique, où l’ensemble des
connaissances pouvait être rassemblé en quelques thèmes de réflexion, les
philosophes s’intéressèrent et s’emparèrent de cette question.
La théorie atomiste (atome : du grec
« atomos », signifiant qu’on ne peut diviser) fut introduite par
Leucippe et développée par son disciple Héraclite : la matière est
constituée de grains ultimes, les atomes, reliés entre eux par de petits
crochets. (D’où l’expression : « avoir des atomes crochus avec
quelqu’un » : éprouver de la sympathie pour cette personne.)
Mais cette idée, invalidant la continuité
et instaurant le vide (l’espace entre les atomes), déplut souverainement à la
majorité des penseurs, fidèles à la théorie des « Quatre éléments »
(la Terre, l’Eau, l’Air et le Feu, constituants premiers de toutes les formes
de matière) et au principe érigé par Aristote : « la nature a horreur
du vide ».
Les quatre éléments résistèrent durant des
siècles avant que la théorie atomiste ne réapparaisse timidement (alchimie,
chimie, Dalton...), puis finisse, non sans mal, par s’imposer triomphalement.
Mais il fallut attendre 1905, avec un article d’Albert Einstein expliquant le
mouvement brownien (agitation désordonnée de particules en suspension dans un
liquide), et la confirmation expérimentale par Jean Perrin en 1908 pour valider
l’existence des atomes.
L’atome consacra une étape remarquable
dans la structure de la matière, mais en constitua les prémisses après
l’exploration qui s’ensuivit, et dont voici quelques éléments remarquables.
§
Il porte mal son nom :
Ø Il n’est pas
indivisible, mais composé d’un noyau entouré d’un nuage d’électrons.
Ø Le noyau possède
deux sortes de particules (les nucléons) : protons et neutrons.
Ø Enfin, chaque
nucléon est formé de trois quarks (particules élémentaires de la matière, dans
l’état actuel des connaissances).
§
Il est constitué essentiellement de vide :
Ø La taille du noyau
est 100 000 fois plus petite que celle de l’atome.
Ø Mais 99,97 % de sa
masse totale est concentrée dans le noyau.
§
Masse et matière, à priori indissociables, et
pourtant :
Ø Les quarks s’avèrent
donc les constituants ultimes de la matière.
Ø Mais si l’on
disposait sur une « balance » : un nucléon (proton ou neutron)
dans le plateau de gauche, et ses trois quarks dans le plateau de droite, ce
dernier s’élèverait rapidement, ne recueillant que 1 % de la masse totale !
Ø Et que représente
les 99 % restant ? De l’énergie qui, selon la célèbre formule
d’Einstein : E = mc² (ou : m = E/c²) possède une équivalence en
masse.
Ainsi se manifeste la substance de la
matière. Pourtant, ce que l’on voit, expérimente, ressent à son contact nous
affirme le contraire, nous rassurant au passage sur la nature de notre être et
celle du monde environnant : c’est du solide tout cela !
Et s’il en était de même pour la
conscience ?
Cette conscience que l’on croît si bien
connaître la veille, prend ses distances durant les rêves, mais nous échappe
totalement dans les phases de sommeil profond.
En fait, nous n’en percevons qu’une
perspective reflétant les activités et relations exercées dans un contexte
donné, des scènes diverses projetées sur un écran dont nous ignorons la nature
et l’origine.
S’inspirant des pionniers de l’atome pour
la matière, pourquoi ne pas s’aventurer et débusquer la conscience, l’observer
véritablement ?
Pour mieux connaître la constitution de la
matière, il aura fallu : déployer tout un arsenal théorique (modèle
standard de la physique des particules), maîtriser la physique quantique, et
concevoir des technologies de pointe (accélérateurs et collisionneurs de
particules).
Afin d’appréhender la conscience, on peut
simplement emprunter la voie de l’attention, préexistante en soi. Pourquoi, et
comment ne pas tenter l’aventure ?
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