Texte lu
Il a été signalé qu’il suffisait d’éprouver, ne serait-ce qu’un bref instant, les effets de l’attention (dissipation des pensées parasites, lucidité...) pour valider cet état de conscience que l’on porte en soi et le renouveler par la suite. Cela est vrai, et ne requiert aucun ajout.
Mais cet espace sans limite qui s’ouvre à
soi, naissant d’une sorte de fulgurance, peut susciter l’effroi.
Comment un état de conscience fondée sur
l’attention, qui expulse les pensées parasites, peut-il installer la
crainte ?
Ce type de pensées ne se limite pas aux
manifestations négatives, loin de là.
Elles séduisent aussi avec brio, si bien qu’on les recherche et qu’on les
stimule avidement pour en goûter les effets : pensons (c’est le cas de le
dire !) aux multiples scénarios, vécus ou imaginés, que l’on aime à
réactiver sans cesse !
Intégrant cette pratique, le cerveau
inscrit la procédure dans une zone de confort qu’il aménage spécialement pour
son hôte (nous-mêmes !).
Dès lors, comment pourrait-il s’accommoder
lorsque le « vide » mental de l’attention s’établit, envahit la zone
choyée ? Il ne le peut, ou très difficilement, provoquant ce sentiment de
malaise, voire de frayeur.
Pour passer outre, il faut
comprendre : quelle est la nature de ce vide ? Une façon évidente
d’en saisir sa structure consiste à spécifier ce qu’il remplace, ce que
contenait le mental avant l’intervention de l’attention.
Tous les phénomènes agrégés par le temps,
élaborés patiemment jour après jour, que l’on nomme habitudes,
conditionnements ; l’expression du
reflet que l’on observe dans le miroir sociétal et le regard des autres,
la substance même de notre personnalité : l’ego.
Alors oui, perdre cela soudainement peut
soumettre la conscience ordinaire à rude épreuve.
L’attention, en provoquant un changement
immédiat et radical de niveau de conscience, installe l’être véritable au-delà
des apparences et des constructions mentales. Il faut le dire. Mais il convient
de rappeler également que le choix de poursuivre ou renouveler cette expérience
relève du libre arbitre et de la volonté : des créations de l’ego qui vit
cette frayeur, mais accepte paisiblement sa dissolution pour voir s’établir la
liberté véritable.
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