Texte lu
Le téléphone sonne, décrochant le combiné, l’interlocuteur est reconnu immédiatement : un ami de longue date. Après les salutations d’usage et quelques phrases introductives, un flot ininterrompu de parole semble charrié d’une source inépuisable. La source, rapidement identifiée comme la conscience émotionnelle, il convient simplement d’être attentif pour bien cerner la teneur du discours, puis d’attendre le moment propice, le besoin physiologique de reprendre son souffle, par exemple, et tenter d’apaiser la personne.
Les faits relatés montrent qu’il s’agit
d’un problème préoccupant, selon les critères de l’ami, mais résolu au mieux.
Alors une question, simple en apparence,
surgit : « pourquoi évoquer un problème, et surtout en revivre
pleinement les affres qu’il a provoquées, une fois réglé intégralement ?
Pourquoi, en effet se remémorer par la
pensée les troubles psychiques éprouvés antérieurement, et qui n’ont plus lieu
d’être ? Cela semble aberrant a priori, mais bien moins qu’il n’y paraît a
posteriori.
Esquissant la question, une réponse brute
survient : « pour parler, raconter ce qui se passe. ». Est-ce,
non pas la bonne, mais la raison profonde ? Pour répondre à cette
question, observons plus avant le processus initial.
Présente naturellement lorsque cette
conscience domine, la charge émotionnelle en constitue le moteur, puis
l’excitation ressentie, dont on pourrait mesurer l’intensité à l’aune de
l’afflux verbal, enfin la mémoire, véritable « joyau technologique »
susceptible de lier tous ces ingrédients, et de les repasser en boucle.
Si l’excitation peut puiser sa substance
dans l’intellect, celui-ci reste au service de l’émotionnel qui enclenche le
mouvement : un mouvement « perpétuel » en quelque sorte, du
moins, tant que l’ensemble perdure.
Dès lors, l’on s’aperçoit que régler un
problème peut ne pas suffire. Ce type d’expérience est révélateur du niveau de
conscience dominant.
Une solution ? Œuvrer pour réduire
l’emprise de la conscience émotionnelle. La placer en retrait par l’attention
ou la respiration consciente dès qu’elle se manifeste.
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