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17/02/2012

103. Pardonner

          Texte lu



     Après « Ne pas juger » (§ n° 99), une autre recommandation qui va dans le même sens, mais plus difficile à tenir. Tentons l’expérience : qui peut le moins, peut s’aventurer vers le plus !

     On ne peut véritablement accepter un concept qu’à partir du moment où celui-ci intègre notre champ de compréhension. Une évidence semble-t-il, mais qui demeure la bienvenue pour aborder le chemin escarpé du pardon.
     Les futures actions germent tout d’abord sous la forme de pensées. Au premier stade de leur développement, celles-ci sont amorales, elles acquièrent une éthique dans la conscience selon l’éducation reçue et les valeurs personnelles développées.
     Considérons un acte susceptible d’affecter l’intégrité psychique ou physique d’autrui. Le libre arbitre, lié à la moralité et aux sentiments éprouvés, commandera ou non la décision d’agir.
     Si l’on décortiquait l’ensemble des éléments concourant à la décision ultime, on pourrait y trouver pêle-mêle : pulsions, tendances, sensations, peur, excitation, spéculation. Un ensemble de composants qui s’opposent, s’annulent ou se renforcent, mais d’où proviendra au final la résultante : le passage à l’acte, ou non.
     Si l’on disposait de toutes les informations qui interfèrent au moment de l’accomplissement, il serait possible de déceler celles qui emportent la décision. On comprendrait alors parfaitement les rouages de la conscience impliquée.

     Dès lors, une hypothèse se fait jour. Une personne avertie, saine d’esprit et respectueuse se défendra de nuire. Cette démarche suppose un certain nombre d’acquis.
     On peut en déduire que les conduites préjudiciables procèdent de tendances incontrôlables ou d’un manque de connaissances. Ce dernier terme étant compris comme l’intégralité des informations et des perceptions nécessaires à la réalisation d’actions naturelles, en accord avec la notion de conscience universelle présente en chaque être.

     Ceci étant posé, revenons au concept du pardon.
     L’acte de pardonner suppose un référentiel préalable, qu’il soit moral, spirituel ou religieux, l’aspirant à la miséricorde y puisera l’énergie indispensable.
     En effet, tenant le rôle de victime il convient, pour adopter cette posture, d’être capable de transformer une charge émotionnelle puissante, faite de ressentiments et de souffrances, en abnégation compassionnelle. Une lutte s’engage entre les meurtrissures subies et la volonté de pardonner pour satisfaire une conviction.
     Maintenant l’idée d’une absence de connaissances à l’origine des actes néfastes, on peut s’affranchir du pardon, lui substituant une compréhension totale avec un degré d’attention suffisant. Ce maintien empêche également de sombrer dans l’excès émotionnel, ajoutant de la souffrance à la souffrance sur une période indéfinie.

     Cela ne contrarie nullement le maintien d’un système préventif et répressif organisé dans un cadre sociétal approprié.

     Il est cependant permis de s’interroger sur les conditions qui prévalent à cette organisation, de leur capacité réelle à transformer les personnes y séjournant : deviennent-elles meilleures et adaptées socialement ? Ne conviendrait-il pas d’oeuvrer davantage en amont en rappelant l’interpellation de Victor Hugo : « Ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons. » Mais des établissements intégrant la dimension émotionnelle, le respect d’autrui, la considération de la nature.

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