Texte lu
Le téléphone sonne :
« Bonjour ! »
« Bonjour, çà
va ? »
« Cà va, merci. Et
toi ? »
« Oui. Tu sais, la personne
qui vient de (ville de la région parisienne), et qui s’est installée ici (
ville de la région centre)... »
« Oui, je me souviens. »
« Eh bien, il a installé sa
remorque dans ma cour, et déposé des affaires dans mon garage. »
« Et ça
t’ennuie ? »
« Oui. Mais je ne sais pas
quoi faire. »
« Tu le connais
bien ? »
« Oui. »
« Considère cela comme une
aide, favorisant des relations de bon voisinage. »
« Oui. Bien sûr... »
« Mais ça te gêne
toujours. »
« C’est pas moi, c’est (le
nom d’un voisin). C’est depuis qu’il m’a dit de ne pas accepter qu’on dépose
des affaires chez moi. Il m’a raconté que son voisin lui avait demandé de
pouvoir déposer du bois dans son jardin, il a refusé, et précise que je devrais
en faire autant. »
« On peut en parler. »
« Oui, d’accord. »
Nous sommes souvent amenés à prendre des
décisions, certaines ne présentent aucune difficulté, souvent immédiatement
oubliées après leur application, tandis que d’autres s’incrustent, laissent des
traces. La résolution peut être directe, ou dépendre d’influences diverses.
Examinons une situation perturbante
doublée d’une emprise extérieure.
Tout d’abord, l’événement vient certes
bousculer nos habitudes de vie, mais on l’intègre. Puis, sur les conseils d’un
« ami », ce phénomène prend de l’ampleur, occasionne une gêne quasi insupportable.
Que s’est-il passé ? Comment
expliquer ce changement radical dans notre perception ?
D’abord une phrase introductive :
« Il n’y a pas de raison, tu ne devrais pas accepter cette situation,
réagis ! Moi, à ta place... » On accueille la suggestion pour la
laisser mûrir dans la conscience où elle produit des effets délétères. C’est
comme un caillou que l’on nous tend, et que l’on place volontairement dans une
chaussure !
Cela concerne l’impact, mais la cause première,
où se dissimule-t-elle
Déjà, pour acquiescer à cette proposition,
convient-il de développer une certaine propension à son égard, que la
conscience entre en résonance avec cette thématique, sinon elle passerait
comme un nuage dans le ciel.
Voici pour le message. Et le
messager ? Il importe plus encore par le relationnel et la considération
qu’il suscite. Selon les liens qui nous rattachent à lui, nous sommes plus ou
moins enclins à l’écouter et suivre ses propos.
Si l’on a compris le mécanisme conduisant
à cette réactivité, une question essentielle reste en suspens : comment
l’éviter ?
A la base, il y a la conscience.
Progressivement, régulièrement, nous l’édifions, l’enrichissons et
l’entretenons par l’éducation reçue, les
expériences accomplies, les ressentis éprouvés. Cette conscience, nous
la bâtissons et l’aménageons à notre guise, tel un projet immobilier dont nous
serions à la fois l’architecte et l’ensemble des corps de métier dédiés.
Si ce schéma séduit, reflète-t-il la
réalité ? Ne se heurte-t-il pas frontalement aux comportements communs
teintés, si ce n’est englués dans une horde d’ascendants, d’influences et
d’emprises ? Très certainement. Des attitudes contenues par exemple dans
ce type d’affirmations :
« C’est pas moi, c’est ma
mère, ou mon père qui... »
« Il m’a connu tout jeune, et
avant il fréquentait déjà mes parents... »
« Je ne fais pas ça pour moi,
mais pour mon (ma) conjoint(e), mes enfants... »
Ces interjections, bien réelles, décrivent
la surface des choses, mais jetées comme une bouteille à la mer, elles
expriment une forme de détresse. Parfois, cela manifeste le décalage entre la
façon dont nous souhaiterions agir et ce que nous dictent les circonstances.
Cela rassure également, amorçant une démarche de recherche en responsabilité.
Mais les faits, qui rappelons-le sont
têtus, balayent toutes ces convenances à la moindre réflexion : disposant
du libre arbitre et de l’intégrité psychique, nous avons toujours le choix et
sommes seuls responsables de nos actes.
Il est possible de s’extraire des
approximations et des tergiversations, de ne plus dépendre de l’avis
réconfortant des autres. Pour y parvenir, il convient :
§
d’aménager au mieux l’ espace de conscience à partir
duquel nous agissons, facilitant ainsi l’action juste, celle qui nous correspond ;
§
de redécouvrir, ou découvrir la qualité d’exister, ne plus
avoir l’impression de réagir simplement aux événements, de ne pas conduire sa
vie ;
§
d’être en paix avec soi-même, et donc avec les autres.
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