Texte lu
Ne pas juger : un sacré challenge !
Comprendre, ne serait-ce que par la
réflexion, les éléments mentionnés dans un autre texte (§ 97. Une promenade en
ville) pour y parvenir, ne va pas
nécessairement de soi, alors le vivre ! Aussi convient-il de s’attarder
sur cette suggestion, d’en saisir véritablement les implications, et qui sait,
l’intégrer au quotidien.
D’abord, deux vécus distincts :
l’opinion en elle-même, et la conséquence d’un traumatisme.
Il y a le jugement isolé que l’on pratique
au quotidien, à propos de tout et de rien, pour s’exprimer sur le sujet. Une
habitude comportementale pouvant s’estomper relativement facilement si l’on
accepte de renoncer au plaisir que cela procure.
Beaucoup plus délicate, l’appréciation accompagnant
une meurtrissure personnelle, un acte portant atteinte à l’intégrité physique
ou psychique. Ici, ce n’est plus le divertissement ou la réjouissance qui
guident le jugement, mais la réaction émotionnelle.
Dès lors, comment s’abstenir de juger ?
En intégrant cette résolution dans une démarche morale ou religieuse. On
accepte bien volontiers, et l’on se réjouit d’y parvenir en contrepartie d’une
espérance, la satisfaction d’une conformité au précepte, voire l’allégresse
ressentie. Certes, ce « protocole » abolit le jugement, mais outre
qu’il ne concerne que les personnes impliquées dans une conduite éthique, il ne
traite que la réaction, n’examine pas la
racine même du problème, s’empêchant ainsi de trouver une solution complète et
durable.
Que dire, et surtout que faire lorsque
l’appréciation exprimée jaillit de la
souffrance endurée, comme de la haine éprouvée ? Que la rage et la colère
qui nous animent prolongent l’acte que l’on a subi, lui permettant désormais
d’éclore et de croître en nous, devenant en quelque sorte le complice de
l’agresseur, et cela aussi longtemps que notre mémoire le permet.
Il importe donc de comprendre les
fondements des comportements que l’on qualifie de déviant.
Les actes commis sont l’aboutissement d’un
état d’esprit caractérisé par les pensées dominantes. Lorsque celles-ci
exercent une attraction suffisamment forte, la réaction devient quasi
automatique.
Et que le geste répréhensible soit
mûrement réfléchi ou la conséquence d’un déséquilibre, la nuisance envers
autrui suppose une dysharmonie, un trouble intérieur.
Dessinons un arbre des choix. Prenons une
feuille, et commençons au milieu de l’un de ses bords. D’abord un trait
horizontal, suivi d’un embranchement obliquant à droite et à gauche. On
renouvelle ainsi le schéma à partir de chaque bifurcation, atteignant
respectivement le haut et le bas de la feuille. Puis on cache pratiquement tout
le modèle, ne laissant apparaître que les derniers segments figurant d’un côté
ou de l’autre. Si l’on demandait à une personne de justifier la présence des
traits à cet endroit précis, elle serait bien en peine de le faire.
Lorsque nous portons un jugement, nous le
faisons en braquant une lumière vive sur les derniers segments, ignorant tous
les autres maintenus dans l’ombre.
Ayant compris cela, il ne reste plus qu’à
l’appliquer au quotidien avec l’aide de l’attention.
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