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03/03/2012

88. Les murs de la conscience

          Texte lu




     Attention, les murs ont des oreilles ! Et parfois, dans certaines salles de spectacles, les oreilles ont des murs !
     Et la conscience dans tout cela, comment se positionne-t-elle ? Une muraille l’entoure-t-elle ? Dans l’affirmative, ces cloisons sont-elles d’origine ? Et d’où proviennent-elles ?

     Etre conscient, cela s’apprend, et de façons multiples : les perceptions qui rendent comptent de l’environnement dans, et avec lequel les êtres interagissent ; l’éducation familiale et scolaire ; enfin l’aboutissement, se situer dans le modèle sociétal.
     Donc, on peut en déduire que les « murs » n’apparaissent pas avec la conscience, mais qu’ils résultent des apprentissages successifs. Ces barrières s’affirment et se renforcent au fil du temps, au point que certaines paraissent infranchissables.

     Essayons de rentrer plus avant dans ce processus de fabrication, peut-être que les secrets qu’il recèle nous en apprendra davantage sur nous-même.
     A n’en point douter, ce qui constitue la charpente des murs, assurant leur cohésion, provient des conditionnements prodigués, acceptés puis entretenus au cours du temps. Le revêtement, l’apparence d’aspect changeant, confinent à la transparence, on finit par ne plus les remarquer. Mais ils sont toujours présents, et peuvent se manifester de façon fulgurante, comme un champ magnétique invisible dont on pénétrerait la zone par inadvertance. Enfin, le comble du raffinement, l’enceinte protectrice, l’on s’y sent en sécurité à l’intérieur, et ne voudrait s’en éloigner pour rien au monde.

     Une précision essentielle s’impose, de quels murs s’agit-il ?
     Pas de ceux qui, une fois dépassés, permettrait de se livrer à toutes transgressions, exactions et abus divers au détriment d’autrui, mais de  remparts qui enferment l’ego, le maintiennent dans une séparation illusoire, lui font accorder plus d’importance aux expériences de conscience qu’à la conscience elle-même, donc de ce qu’elle représente fondamentalement : l’unité avec tous les êtres.

     Cela étant posé, il convient de s’atteler aux moyens de franchir les murs de la conscience. D’emblée, une double difficulté apparaît : lutter contre nos propres schémas mentaux, et renoncer à ceux qui nous sécurisent.
     Pour vaincre le premier obstacle, il faut déployer des efforts éminents. Bien souvent, le mur se comporte comme une barrière de potentielle autonome : l’énergie développée pour la dépasser accroît ses ressources, comme si l’impulsion donnée pour un saut en hauteur élèverait simultanément la barre.
     Quant au second, la tâche s’avère plus pernicieuse encore, car passer outre des enceintes qui nous sécurisent annihile tout désir, toute volonté.

     Dès lors, n’y aurait-il aucune possibilité, aucun espoir de s’affranchir de ces murs, voire « d’habiter » dans une conscience qui en serait dépourvue ?
     Si la raison finit par s’imposer, on renoncera à l’opposition frontale, énergétivore et d’issue vaine.
     Que faire ? Imiter la nature avec l’effet tunnel. Cela concerne le monde subatomique, où un effet quantique permet aux particules ne possédant pas l’énergie suffisante pour franchir une barrière de potentiel d’y parvenir néanmoins : elles « empruntent » un tunnel dans cette barrière.
     Ici, l’effet tunnel consiste en une prise de conscience à partir du libre arbitre menant vers un changement de paradigme. Alors, on peut envisager de vivre dans une conscience décloisonnée.


     Cultivant l’art de la vigilance sans effort par l’attention, la compréhension exempte de jugement se manifeste et une liberté véritable, intérieure, transparaît, ouvrant sur des étendues illimitées où nulles enceintes ne peuvent s’ériger.

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