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27/01/2012

124. L’addiction, seulement aux substances ?

          Texte lu 



     Il y a tout d’abord la découverte d’une nouvelle substance qui peut provoquer des sensations agréables immédiatement, après quelques prises, ou suppose carrément de vaincre une répulsion naturelle avant de procurer un bien-être.
     Dès lors, pourquoi se priver de ce plaisir délectable, d’exploiter au maximum les potentialités sensorielles. L’expérience se renouvelle de plus en plus fréquemment, et c’est ainsi qu’apparaît, s’installe et perdure le phénomène d’addiction.

     Considérons une personne dépendante de cette accoutumance qui, par souci de santé, ou simplement désireuse d’abolir l’emprise, décide d’arrêter la substance concernée.
     Elle engage pour cela un travail progressif de désaccoutumance. Quelque temps après, la cure entreprise produit l’effet escompté : le besoin, puis l’envie ont complètement disparu, c’est comme s’ils n’avaient jamais existé !

     Peut-il en être ainsi pour notre perception personnelle, notre relation aux autres ?
     Comme les différentes substances que nous ingérons, inhalons ou injectons agissent sur nos sens et suscitent une réponse particulière, les expériences de conscience opèrent de même, et l’on peut devenir dépendant à certaines d’entre elles.
     Comme on recherche ardemment les effets d’une drogue néfaste pour le corps, on peut s’ancrer complaisamment dans des façons d’être, des comportements accompagnés d’excitations, même s’ils s’accomplissent au détriment d’autrui : tout pour mon plaisir, qu’importent les conséquences !
     Alors, pourquoi ne pas procéder à l’identique et tenter d’éradiquer cette addiction aux « excitations mentales » ? Est-ce possible ? Va-t-on y parvenir ?

Petit dialogue entre amis :

« C’est dommage que tu ne sois pas venu avec nous, il y avait un excellent glacier, tu aurais adoré ! »

« Cela fait plus d’un mois que j’ai supprimé les aliments sucrés de mon alimentation : gâteaux, crèmes, glaces, bonbons... »

« Et ça ne te manque pas ? »

« Pas du tout. »

« Je te connais bien, tu dois vraiment prendre sur toi, faire des efforts considérables pour résister ! »

« Non, plus maintenant. Après plusieurs jours d’abstinence au sucre, l’envie d’aliments sucrés disparaît. »

« Etonnant... »

Quelques semaines plus tard :

« Alors, ces désordres digestifs ? »

« J’ai encore eu une crise sévère récemment. Peut-être devrais-je arrêter les bonbons, et surtout les biscuits apéritifs dont je raffole ? »

« Ce serait bien, oui. »

« C’est dur ! »

« Tu as de bonnes raisons pour persévérer et t’y tenir. »

« Oui, je souffre trop. »

Le temps passe :

« J’ai arrêté toutes ces saloperies !... »

« ...dont tu raffolais ! »

« Dont je raffolais, effectivement. Et ça va beaucoup mieux ! »

« Plus d’envie en perspective ? »

« Non, je m’étonne moi-même ! »

« Finalement, tu vois, rien ne remplace l’expérience personnelle. »

« Je confirme. »

     Le sevrage des comportements psychologiques déviants, du respect de soi-même et des autres participent d’une forme de sobriété mentale.
     Et cela, sans substitution ou compensation, si ce n’est l’exercice d’une nouvelle manière d’être impulsée par la volonté, maintenue par la vigilance et l’attention.

     Une fois l’emprise disparue, le changement de niveau de conscience maintient le cap sans regret. Bien sûr, des désirs peuvent ressurgir de temps à autre, mais amoindris et clairsemés, donc plus aisément maîtrisables.

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