Texte lu
Il y a tout d’abord la découverte d’une nouvelle substance qui peut provoquer des sensations agréables immédiatement, après quelques prises, ou suppose carrément de vaincre une répulsion naturelle avant de procurer un bien-être.
Dès lors, pourquoi se priver de ce plaisir
délectable, d’exploiter au maximum les potentialités sensorielles. L’expérience
se renouvelle de plus en plus fréquemment, et c’est ainsi qu’apparaît,
s’installe et perdure le phénomène d’addiction.
Considérons une personne dépendante de
cette accoutumance qui, par souci de santé, ou simplement désireuse d’abolir
l’emprise, décide d’arrêter la substance concernée.
Elle engage pour cela un travail
progressif de désaccoutumance. Quelque temps après, la cure entreprise produit
l’effet escompté : le besoin, puis l’envie ont complètement disparu, c’est
comme s’ils n’avaient jamais existé !
Peut-il en être ainsi pour notre
perception personnelle, notre relation aux autres ?
Comme les différentes
substances que nous ingérons, inhalons ou injectons agissent sur nos sens et
suscitent une réponse particulière, les expériences de conscience opèrent de
même, et l’on peut devenir dépendant à certaines d’entre elles.
Comme on recherche ardemment les effets
d’une drogue néfaste pour le corps, on peut s’ancrer complaisamment dans des
façons d’être, des comportements accompagnés d’excitations, même s’ils
s’accomplissent au détriment d’autrui : tout pour mon plaisir, qu’importent
les conséquences !
Alors, pourquoi ne pas procéder à
l’identique et tenter d’éradiquer cette addiction aux « excitations
mentales » ? Est-ce possible ? Va-t-on y parvenir ?
Petit dialogue entre amis :
« C’est dommage que tu ne
sois pas venu avec nous, il y avait un excellent glacier, tu aurais
adoré ! »
« Cela fait plus d’un mois
que j’ai supprimé les aliments sucrés de mon alimentation : gâteaux,
crèmes, glaces, bonbons... »
« Et ça ne te manque
pas ? »
« Pas du tout. »
« Je te connais bien, tu dois
vraiment prendre sur toi, faire des efforts considérables pour
résister ! »
« Non, plus maintenant. Après
plusieurs jours d’abstinence au sucre, l’envie d’aliments sucrés
disparaît. »
« Etonnant... »
Quelques semaines plus tard :
« Alors, ces désordres
digestifs ? »
« J’ai encore eu une crise
sévère récemment. Peut-être devrais-je arrêter les bonbons, et surtout les
biscuits apéritifs dont je raffole ? »
« Ce serait bien, oui. »
« C’est dur ! »
« Tu as de bonnes raisons
pour persévérer et t’y tenir. »
« Oui, je souffre
trop. »
Le temps passe :
« J’ai arrêté toutes ces
saloperies !... »
« ...dont tu
raffolais ! »
« Dont je raffolais,
effectivement. Et ça va beaucoup mieux ! »
« Plus d’envie en
perspective ? »
« Non, je m’étonne
moi-même ! »
« Finalement, tu vois, rien
ne remplace l’expérience personnelle. »
« Je confirme. »
Le sevrage des comportements
psychologiques déviants, du respect de soi-même et des autres participent d’une
forme de sobriété mentale.
Et cela, sans substitution ou
compensation, si ce n’est l’exercice d’une nouvelle manière d’être impulsée par
la volonté, maintenue par la vigilance et l’attention.
Une fois l’emprise disparue, le changement
de niveau de conscience maintient le cap sans regret. Bien sûr, des désirs
peuvent ressurgir de temps à autre, mais amoindris et clairsemés, donc plus
aisément maîtrisables.
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