Texte lu
« On m’a dit quelque chose... »
« Ah, c’est bien ! »
« Attends la suite. »
« Oui, oui, j’attends. »
« Voilà la phrase complète : « Fais du bien à
Bastien, il te chie dans les mains ». »
« C’est bien, c’est frais ! »
« Mais encore, qu’en penses-tu ? »
« Ça rime ! »
« N'est-ce pas une correspondance, voire une
confirmation que le modèle sociétal, dans lequel nous vivons, repose sur
la conscience émotionnelle ? »
« En partie, oui. »
« En partie ? »
« Le sentiment exprimé par cette citation relève bien
d’une réaction émotionnelle : après avoir agi pour aider une personne,
celle-ci, non seulement n’est pas reconnaissante, et adopte une attitude
méprisante en retour ; mais il convient de s’affranchir de cette dimension,
bien prégnante dans le modèle sociétal ambiant, aussi est-il intéressant de
comprendre pourquoi l’on retient particulièrement ce type d’attitude, et
comment le dépasser. »
« Oui, pourquoi et comment ? »
« Parce que la plupart de nos actes relèvent du
principe d’action et de réaction, notamment lorsqu’ils concernent une
implication envers autrui : pourquoi aider cette personne ? Qu’est-ce
que cela peut m’apporter en retour ? Alors l’incompréhension est forte
quand le dédain s’affiche en guise de gratitude. Et c’est ici qu’intervient la
conscience émotionnelle : cela s’imprime davantage dans la mémoire,
s’avive promptement, et il n’y a qu’un pas pour faire de quelques exemples une
généralité. »
« Bon, d’accord. Mais faisons comme si ces réactions
s’avéraient banales. »
« Faisons comme si, quelle est la
problématique ? »
« Comment ne pas être affecté par cette réaction
négative lorsque l’on vient en aide auprès des personnes ? »
« C’est une excellente question ! »
« Je me remercie de l’avoir posée ! »
« Mais je t’en prie ! »
« J’attends la suite... »
« Pour bien comprendre cela, il conviendrait de le
mettre en perspective, et considérer la nature multidimensionnelle de l’être
humain. »
« La nature multidimensionnelle ? Tu veux parler
des différents corps psychiques et subtils de l’être humain, tels qu’ils
apparaissent dans de multiples traditions ésotériques ? »
« Nous n’aurons pas besoin de cela. Contentons-nous de
notre nature psychique incarnée : elle est multidimensionnelle, même si
nous l’ignorons : l’instinct, l’émotion, l’intellect, les structures
essentielles qui se subdivisent en impressions multiples selon l’humeur et les
circonstances. »
« D’accord, je vois. »
« Considérons l’approche réflexive : l’étude, par
exemple de la morale et des vertus, nous incite à « faire du bien à
Bastien », même si celui-ci, en réplique, nous gratifie de « ses
excréments ». Il y a certes compréhension, mais elle demeure dans le champ
de l’intellect. Qu’en sera-t-il dans l’expérience vécue ? Notamment lorsque
la part émotionnelle surgira spontanément ? »
« On peut imaginer... »
« La personne se trouve dans un schéma classique
d’action et de réaction : l’action consiste à oeuvrer pour le bien ;
la réaction se produit lorsque le bénéficiaire réagit avec malveillance ;
une lutte âpre survient alors quand l’émotion commence à submerger l’espace
mental. »
« Que faire ? Ne pas aider Bastien ? »
« Changer de dimension, et pour cela, travailler en
amont sur la conscience avant de s’engager dans le service à autrui. »
« Oui, charité bien ordonnée... »
« ...Commence par soi-même. Il convient d’abord de
faire le ménage dans son espace mental, de rendre la conscience accueillante et
bienveillante afin que ces qualités se manifestent naturellement, et ne
puissent être contrariées... »
« ...même si Bastien nous chie dans les mains, alors
qu’on lui a fait du bien ! »
« Tu as tout compris ! En fait, à propos de mains, Bastien nous montre plutôt du doigt la partie de notre conscience que l'on devrait changer, celle qui nous rend incapable d'agir naturellement, avec compréhension et compassion, sans se soucier des réactions émotionnelles. »
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