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28/05/2012

2. Du rêve à la réalité

     Texte lu




     Chaque fois que le sommeil s’empare de la conscience, le rêve s’invite et développe un scénario. Une intrigue que nous ne pouvons contrôler, si l’on excepte le rêve lucide, quoique nous en sommes à la fois : l’acteur principal et le scénariste (la trame du rêve provient directement de l’histoire consciente ou inconsciente du sujet).

     Ce rêve s’inscrit-il dans la réalité ? Pour répondre à cette question, il faudrait connaître la nature véritable de la réalité, ce n’est pas gagné !...Abordons la question différemment.
     La substance du rêve est-elle consistante ? Donne-t-elle « l’apparence » de la réalité, comme l’existence au quotidien ?
     Immédiatement, nous répondons par la négative. Cette certitude affichée s’inscrit avec force dans la vie que nous menons : structurée, logique, faite d’interrelations, tout cela fait sens.
     Très bien, cela est entendu. Mais le rêve possède également sa structure, sa logique (même si souvent elle nous échappe) et ses relations, nous ne « rêvons pas seuls », mais vivons des expériences avec « d’autres personnes », que nous connaissons pour la plupart, et les « décors », l’environnement qui forme l’espace onirique, s’avèrent souvent être un terrain de connaissance !

     Qu’est-ce qui fait donc la différence entre le rêve et la réalité (ce terme est repris pour sa compréhension) ?
     Cette distinction se focalise sur un instant seulement, celui du réveil, où la conscience bascule du sommeil au réveil où, reprenant sa « personnalité de tous les jours », mais encore dans le sillage du rêve, on se dit : « Ce n’était qu’un rêve ! ».  Mais le rêveur ne dispose pas de cette perspective, il n’a pas l’opportunité et la faculté de comparer deux états, deux mondes : « sommeil - rêves / éveil - existence », il « vit » son rêve pleinement !

     La distinction entre ces deux états de conscience semble bien définie maintenant, bien explicité, il ne saurait subsister le moindre doute : l’imaginaire au premier, le tangible au second. Est-ce bien certain ? Ne serait-il pas possible de trouver des analogies entre ces deux expressions de la conscience ? Pour ce faire, il convient d’examiner plus finement le second couple : « éveil - existence ».
     A priori, pas de brèche envisageable, aucune voie de traverse n’apparaît, lorsque nous sommes éveillés, nous décidons et agissons délibérément, même si cela relève de la conscience ordinaire (émotionnelle, réflexive). Cela résulte de la première impression. Mais ne nous arrêtons pas là, ayons la volonté, la curiosité et la patience d’y voir de plus près.
    
     Un exemple amènera un éclairage salutaire. Dans une situation classique de choix, nous procédons logiquement, examinant au mieux les conséquences afin qu’elles apparaissent sous la forme : « avantages - inconvénients ». Pourquoi ? Parce que nous avons à cœur de maîtriser notre destinée, d’en limiter l’incertitude, de faire en sorte que le hasard n’ait que très peu de prise dans l’existence que nous avons choisie.
     Pour réaliser ce scénario, la réflexion en écrira le script dans ses moindres détails, autant que possible, pratiquement rien ne doit procéder des aléas. Moteur, action : la décision est prise !
     Quelque temps plus tard, il s’avère que ce n’était pas le bon choix, ou du moins, se devait-il d’être révisé. Observons les conséquences possibles de cette action.
     L’émotionnel s’invite au premier plan, utilisant au besoin les capacités de l’intellect : « Comment ai-je pu faire ce choix stupide ? Qu’est-ce qui a faussé mon jugement ? » Et là une porte s’ouvre bien grande dans la conscience : on rejoue le scénario !...

     Retrouver la logique du rêve dans ce processus, est-ce une aberration ?
     Face à ce vécu difficile, la conscience émotionnelle pourra facilement s’en emparer, dictant sa loi, imposant son mode de perception (le monde et l’environnement deviennent plus ternes, s’assombrissent). Le rêve fixe le canevas subi par le rêveur.

§         Impossible de sortir du rêve avant qu’il ne s’achève, ou par le biais du réveil / incapacité de s’extraire de cet état mental de frustration ou de colère tant que la conscience émotionnelle domine la situation.

§         Le réveil chasse les visions oniriques, délie les fils qui nous attachaient à cette trame que le rêve tissait patiemment et résolument / l’observation attentive et la lucidité dissipent la toile émotionnelle qui nous emprisonne.
    
     Nous savons que ce n’était qu’un rêve, comme nous savons que ce que nous vivons parfois se résume à un entrelacs de réactions émotionnelles, mais auxquelles nous apportons de la substance, que l’on nourrit par nos habitudes, notre volonté de paraître, jusqu’à ce qu’un éclair de lucidité nous laisse entrevoir qu’il est possible de vivre autrement. Mais cette étincelle ne suffit pas, il faut l’entretenir, car comme nous rêvons chaque nuit, et plusieurs fois même, les occasions de revivre des scénarios émotionnels dans la « réalité » ne manquent pas !...

               Alors, rêve ou « pseudo » réalité ? Il nous appartient de choisir...

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