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24/05/2012

6. Au cours d’un repas festif

     Texte lu



     C’est un repas festif entre amis, semblable à toutes ces réunions enjouées où l’on est certain de passer d’agréables moments. D’ailleurs, l’ambiance est à la rigolade, et chaque participant y va de sa prestation personnelle, apportant le « carburant » nécessaire pour alimenter le moteur de la bonne humeur !

     Enfin chacun, c’est à voir...Justement, une apostrophe est adressée à l’un des convives qui, bien qu’intégré au groupe et contribuant aux réjouissances, se fait rare dans ces soirées et adopte davantage une posture d’écoute.


     « Eh bien, tu vois, c’est agréable et sympa de passer du bon temps entre amis ! »

     « Je n’ai jamais dit le contraire. »

     « Non, mais tu es rarement là ! »

     « Il préfère être seul, tranquille, et consacrer du temps à faire ce qui l’intéresse. »

     « Qu’est-ce qui t’intéresse ? »

     « Des choses diverses et variées, mais il est vrai que j’apprécie le calme et le silence. »

     « Pour faire quoi ? »

     « Je crois bien que c’est parti pour un interrogatoire impitoyable ! »

     « Tu répons si tu veux. »

     « Oui, bien sûr, mais il n’y a aucune raison de ne pas le faire. »

     « Donc, être tranquille et calme pour faire quoi au juste ? »

     « Rien ; »

     « ???... »

     « Et tu t’ennuies pas ? »

     « Non. »

     « Comment c’est possible ? »

     « En restant simplement attentif à ce qui se passe autour de soi, ou bien en respirant consciemment. »

     « Tiens, j’ai envie d’essayer pour voir... »

     « Arrête ! Tu vas plomber l’ambiance ! »

     « Il a raison. Mais une autre fois, lorsque tu le souhaiteras, je reste à ta disposition pour t’aider dans cette expérience. »

     « Entendu. »

     « Moi j’ai une question... »

     « Oui... »

     « Qu’est-ce que ça t’apporte ces moments de solitude à être attentif ou respirer consciemment ? »

     « Un bien-être, une paix intérieure, de la facilité pour réfléchir aux problèmes et aborder les questions essentielles de l’existence. »

     « Un exemple de question essentielle... »

     « Là, c’est toi qui vas plomber l’ambiance ! »

     « C’est pas grave, on se rattrapera après ! »

     « Le sens de l’existence, par exemple, ou découvrir sa propre nature. »


     Depuis l’apparition de ce dialogue impromptu, on pouvait percevoir avec netteté la progression du silence qui gagnait l’ensemble des autres convives, jusqu’à devenir intolérable ! Un bon mot fuse, n’ayant aucune difficulté à se faire entendre et comprendre dans ce calme quasi religieux ! Ouf ! Il était temps !...

     C’est ce qu’attendaient la plupart des hôtes de cette soirée festive, et un « lâcher » de rires bruyants et salvateurs témoigne de la gratitude de l’assemblée envers l’auteur de cette saillie drolatique !

     Cette anecdote va permettre de dégager deux réflexions sur ce sujet.

     Si l’attention et la respiration consciente peuvent être pratiquées à tout moment, les aborder et en expliciter la pratique et les bienfaits ne semblent pas s’accorder avec les thématiques engagées dans ce type de soirée ! En tout cas, il faut savoir discerner le moment opportun pour le faire, au risque d’en dégoûter l’auditoire pour le restant de ses jours !

     Le propos ne consiste pas à suspecter ou discréditer ce type de réunion entre amis. C’est une pratique sociale courante et appréciée à juste titre.
     En observant cette tradition sous l’aspect pédagogique, il est possible d’en dégager un certain enseignement se rapportant à la connaissance de soi, et notamment aux pensées intrusives ou parasites. Une mise au point rapide : il ne faudrait pas rechercher ou trouver ici une quelconque analogie, un rapprochement souhaité entre les habitués de ce type de réunion et les « parasites » !

     Non. Il s’agit d’émettre une hypothèse : ce type de manifestation, lorsqu’il est fréquent et s’intègre dans un emploi du temps chargé en événements ludiques, révélant une boulimie d’activités de groupe, peut être la concrétisation de pensées intrusives et parasites. Il faut multiplier les rencontres, fréquenter les lieux actifs et sonores pour ne pas se retrouver seul face au « bruit intérieur » assourdissant de ses propres pensées.

     Dans ce cas précis, le recours à la connaissance de soi permet d’ouvrir une brèche, d’enfoncer un coin dans la muraille des activités surabondantes !

    
     

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