Texte lu
Claude : j’arrive juste à temps !
Patrick : bonjour !
C : oui,
excuse-moi, bonjour !
P : ce n’était pas pour te le faire remarquer. Tu dis
que tu arrives juste à temps, pourquoi ?
C : je vois que tu t’apprêtes à commencer la
tenue d’un journal, est-ce que tu ne pourrais pas en profiter pour parler un
peu de toi ? Du moins, pour ce qui se rapporterait au contenu de ce
journal.
P : en fait, l’objet de ce journal est de recueillir
les textes qui n’ont pas été retenus dans les deux autres publications : « Un dialogue entre amis » et « Le
voyage immobile » .
C : ce sont toujours des textes qui proviennent
de tes « balades intuitives » ?
P : de manière intuitive, cela reste pour l’instant
la règle, mais pas uniquement lors de déambulations, et il faut également y
inclure certains éléments provenant de dialogues.
C : tu avais dit que cela ne se produisait pas
lorsque tu te trouvais en compagnie d’autres personnes ?
P : c’est vrai dans le sens où, jusqu’à
présent, aucunes pensées intuitives ne
sont venues interrompre une conversation avec d’autres personnes. Mais certains
textes s’inspirent de conversations : soit directement en reproduisant la
teneur de celles-ci, soit qu’ils correspondent à des réponses intuitives
ultérieures, directement puisées dans ces discussions d’alors.
C : oui, je comprends mieux. Bon, effectivement,
ce n’est pas un journal classique où l’on se livre. Mais ce serait bien
d’évoquer quelques éléments biographiques en lien avec tout cela, c’est-à-dire
tout ce qui t’a conduit à vivre cette conscience attentive.
P : j’avais déjà consacré quelques lignes à ce
sujet dans l’introduction de « Un dialogue entre amis » .
C : oui, quelques lignes...Mais ce n’est pas
suffisant. N’oublie pas que tu as mis ce texte en ligne sur Internet afin de
partager cette expérience. Et surtout qu’elle puisse aider d’autres personnes
intéressées par cette voie, ou qui souhaiteraient disposer de moyens
accessibles et reproductibles pour, tout simplement, aller mieux, être moins
affectées par les vicissitudes de l’existence.
P : l’essentiel repose dans le contenu du
message, et la transformation personnelle qu’il peut induire, le contenu
biographique est marginal.
C : je te fais confiance pour ne pas t’appesantir sur
le « sujet ». Et puis, ce qui me semble intéressant dans ton
parcours, c’est le fait que tu n’as eu aucune prédisposition particulière
t’amenant dans cette perspective, aucune rencontre à l’origine d’une orientation
décisive. Peut-être une succession événementielle...
P : je vais réfléchir...
C : c’est bien. Compte sur moi pour te le
rappeler !
.........................................................................................
C : alors, tu as réfléchi, tu es prêt à te livrer un
peu ?
P : le minimum !
C : on verra...Je te propose un truc.
P : vas-y, dis-moi ton truc !
C : je te pose des questions et tu réponds. D’accord ?
P : d’accord.
C : on a vu que la plupart des textes que tu
présentes, viennent de façon intuitive. Peux-tu exposer l’ensemble du processus
d’écriture ?
P : il comprend quatre phases : réception
intuitive du texte, note immédiate sur le carnet, recherches éventuelles selon
la thématique, écriture définitive.
C : ça a le mérite d’être clair ! Peux-tu
préciser la phase : « recherches éventuelles selon la
thématique » ?
P : les « idées intuitives » peuvent
concerner de multiples sujets, lorsqu’ils se rapportent à des connaissances
précises, ayant fait l’objet d’études préalables, une recherche est engagée
pour l’approfondir, et surtout d’être en phase avec ce qui est publié et
validé.
C : d’accord. Est-ce que tu conserves tout ce que tu
reçois intuitivement ?
P : non. J’exerce naturellement un droit de lecture
préalable, et filtre l’ensemble par la réflexion. Je laisse d’ailleurs
« reposer » les textes un certain temps avant de les reprendre et de
les valider (publication sur Internet).
C : est-ce que tu notes sur tes carnets toutes les
idées qui surviennent par intuition ?
P : tant qu’à faire, autant indiquer ce qui se passe
dans le traitement d’une idée intuitive.
C : précis et concis, parfait, j’aime ça !
P : une idée se manifeste intuitivement :
-
entre t-elle dans le champ des thèmes pouvant être abordés
dans le cadre de la connaissance de soi (une connaissance globale, élargie,
incluant le monde extérieur car interagissant avec la conscience) : si
oui, notation sur le carnet, sinon, abandon ;
-
idée retenue : prise en note tant que le sujet abordé
possède de la substance. En général, et de façon systématique depuis quelque
temps, une idée intuitive qui apparaît au mental expose une thématique
complète.
-
Une fois le stylo posé et le carnet fermé, elle disparaît
rapidement de la pensée. Elle restera ainsi jusqu’à ce que le projet d’intégrer
ces idées intuitives prenne forme, insertion dans une structure plus vaste, par
exemple.
-
une fois cette décision prise, tous les textes non
exploités et présents dans les carnets sont lus, choisis ou non, et dans
l’affirmative, classés dans le plan du texte global en préparation.
C : pour suivre au plus près ce processus, comment se
présentent les idées à la conscience ?
P : comme lorsque l’on entreprend un travail de
réflexion sur un sujet particulier. Assis à la table de travail, une feuille blanche
ou un clavier d’ordinateur devant soi (c’est selon), on pense intensément au
thème que l’on souhaite traiter, notant scrupuleusement toutes les idées qui
surviennent, puis les transcrivant correctement par thème.
C : comme, mais avec une différence...
P : oui. Lorsqu’une idée survient, elle ne prévient
pas, n’est pas le fruit d’une réflexion préalable, « s’impose en
douceur ». Une seule condition impérative : disposer à l’instant de quoi noter pour la transcrire, car elle
est fugace, du moins dans sa rédaction...
C : dans sa rédaction ?
P : lorsque l’idée thématique se manifeste, la pensée
qui la « supporte » est relativement limpide, les mots
« coulent » librement, à quelques exceptions près. En tout cas, cela
s’arrête juste quand il faut...
C : c’est-à-dire ?
P : quand le sujet semble épuisé.
C : semble ?
P : c’est l’impression, forte, qui domine à ce
moment-là. Mais il arrive que quelque temps après...ou bien plus tard, d’autres
idées, précisent, complètent ou élargissent la thématique initiale.
C : c’est pratique !
P : on va pas se plaindre !
C : et donc, on se plaindra pas ! Pour affiner,
ce n’est pas de l’écriture automatique, ou une voix « étrangère » qui
dicte les idées intuitives ?
P : ni l’une, ni l’autre. La « voix », si
l’on peut dire, est identique à celle que l’on perçoit intérieurement lorsque
l’on réfléchit à quelque chose, et que ce « quelque chose » est
destiné à l’écriture. La meilleure façon de décrire et comprendre ce phénomène
serait de dire, à mon humble avis : l’intuition fulgurante remplace la
réflexion besogneuse !
C : c’est clair. Pourrais-tu évoquer maintenant le
parcours qui t’a conduit à cela ?
P : à recevoir ces idées intuitives sur la
connaissance de soi ?
C : c’est un peu ça, oui...En fait, c’est complètement
ça !
P : sans garantie du résultat, car je n’ai aucune
certitude sur ce point, je peux retenir et décrire ici les différentes étapes
qui aboutirent à ce questionnement sur le changement de niveau de conscience.
C : très bien ! Tu vois, quand tu veux !
P : c’est la qualité de l’intervieweur !
C : passe moi la rhubarbe...
P : ...je te passerai le séné ! Bien, par où
commencer ?
C : par le commencement !
P : c’est un excellent conseil, je vais le suivre...
C : donc, à quand remontent les premières attirances
vers la connaissance de soi ?
P : je pense qu’il faut remonter plus loin dans le
temps et trouver le déclencheur qui suscitera, bien des années plus tard, cet
intérêt pour la conscience.
C : certainement. Une culture familiale pour la
religion ou la spiritualité peut-être ?
P : pas du tout. On ne se posait pas vraiment de
questions métaphysiques dans la famille, gérer le quotidien était bien
suffisant. Il me revient une anecdote...
C : oui...
P : le premier contact avec la religion (en exceptant
le baptême, peu après la naissance, où il était difficile de donner son avis !) :
un petit garçon de quatre ou cinq ans, entre avec sa mère dans une église. Il
fait très sombre, semblant surgir de nulle part (en fait de derrière un pilier !),
un homme grand, tout de noir vêtu (la soutane) apparaît soudainement devant
l’enfant qui, ressentant la plus grande peur de sa courte vie, se précipite
dehors en criant, vers la lumière rassurante. Plus jamais il ne voudra revenir
dans une église !
C : effectivement, une première rencontre que l’on
n’oublie pas ! Tu dis que les parents ne se souciaient pas de religion, et
ce baptême ?
P : on était en 1955, à cette époque l’Eglise
catholique était encore influente, et cela faisait plaisir à ma grand-mère.
C : c’est entendu. Et la véritable rencontre ?
P : on pourrait l’intituler : « La danse
devant le présentoir ! »
C : intéressant, ça donne envie d’en savoir
davantage...
P : le petit garçon, devenu un jeune adolescent, se
trouve au rayon des livres dans un magasin situé à proximité de la place de la
Nation (Paris 12 ème)...
C : ...c’est précis !
P : c’est gênant ?
C : non...
P : face à un présentoir consacré à une collection
intitulée « L’aventure mystérieuse » (cette collection avait un franc
succès à l’époque, elle regroupait des ouvrages traitant de l’ésotérisme),
après avoir rapidement lu les titres proposés et feuilletés quelques pages,
deux d’entre eux retinrent l’attention de l’adolescent.
C : lesquels ?
P : patience...Voulant absolument n’en retenir qu’un
seul, une danse étrange, et peut-être initiatique, semble habiter ce corps
(c’est ce qu’un observateur attentif pourrait déduire en regardant la scène) :
chaque livre est examiné dans ses moindres détails (thème abordé, présentation,
nombre de pages...), presque soupesé (on ne sait jamais !) pour ne pas
regretter le choix final. Mais cela ne suffit pas. Dansant d’un pied sur l’autre pour faire venir l’inspiration,
non plus. Alors, n’en pouvant plus, une promenade parmi les autres rayons
devrait éclaircir les idées et guider la sélection. Retour, non pas vers le
futur, mais à l’encontre du présentoir. Rien n’a changé, les deux ouvrages sont
toujours là. Dommage, cela aurait facilité la résolution ! Ultime
relecture des mêmes passages ; ça y est, le choix est fait !
L’adolescent repart, soulagé, tenant fermement le livre choisi vers la première
caisse disponible.
C : alors, ces deux livres ?
P : il s’agissait de : « Mu, le continent
perdu » de James Churchward, et « Le troisième œil » de Lobsang
Rampa.
C : connais pas. Et qu’est-ce que tu avais choisi ?
P : « Le troisième œil ».
C : de quoi ça parlait ?
P : les enseignements religieux et mystiques transmis
à un jeune moine destiné à devenir Lama
(dignitaire religieux tibétain).
C : intéressant ?
P : ce qui est intéressant, c’est le parcours qui
s’ensuivit après la lecture du livre.
C : j’écoute.
P : ce sera peut-être un peu long...
C : j’écoute d’autant mieux...
P : tout d’abord, une mise au point concernant
l’auteur : Lobsang Rampa. Tout ou presque a été dit à son propos :
initié pour ses admirateurs, imposteur patenté pour ses détracteurs. Si, plus
de 30 ans après sa disparition, la thèse de la mystification est la plus
vraisemblable, il ne faudrait pas tout jeter...
C : « Jeter le bébé avec l’eau du bain »,
selon l’expression bien connue !
P : c’est complètement à propos. En effet, dans un
style aisé et une narration captivante, il a su présenter simplement des
notions complexes comme : le karma, la réincarnation, les corps subtils,
les plans spirituels, l’évolution humaine...Par ailleurs, il reliait tout à une
conduite de vie basée sur : « Ne faites pas aux autres ce que vous ne
voudriez pas qu’on vous fasse. ». A cette période transitoire, mais
difficile de l’existence, et surtout pleine d’interrogations (l’adolescence),
se plonger dans cette littérature apportait des réponses ludiques et faciles.
C : donc : « Merci Rampa ? »...
P : oui, merci Rampa !
C : et après ?
P : dès leur parution, l’adolescent, captivé et
insatiable, dévore tous les ouvrages de cet auteur. Il a envie de faire
connaître cela, de le partager avec ses copains. Mais de nature timide et
réservée il n’ose franchir le pas, car lorsqu’il s‘y hasarde, c’est au mieux
l’étonnement qui accueille ses dires...
C : ...pour ne pas dire les moqueries ?
P : maintenant, c’est dit !
C : j’aime bien la précision !
P : mais en 1969, en classe de cinquième, une
rencontre essentielle se produisit, celle de Philippe. Le premier contact est
facile, même si la personne est réservée, car cette nature est familière à
Patrick. Philippe est calme, posé, paraît plus mâture que ses autres
condisciples. En un mot, sa présence rassurante attire Patrick qui n’hésite pas
à lui parler de ses lectures, Philippe est intéressé, puis enthousiaste. Une
amitié solide, centrée autour de l’œuvre de Rampa prend naissance, et les deux
adolescents se rencontreront régulièrement, alternativement chez l’un et chez
l’autre, pour échanger leurs impressions après l’introduction musicale de
rigueur (écoute et découverte de la musique classique).
C : vous êtes restés longtemps en relation ?
P : hélas non ! A cause de la conscience
émotionnelle...
C : tiens donc !
P : le Patrick de l’époque avait une notion
intransigeante de l’amitié, voulant y voir un modèle de perfection avec des
règles strictes que, naturellement, il édictait...
C : ...et un comportement de Philippe qui ne
s’intégrait pas dans cette norme lui a déplu...
P : c’est tout à fait cela. Une broutille. Mais la
fêlure dans le modèle idéalisé finit par obnubiler la conscience émotionnelle,
et Patrick, incapable d’y résister, décida de cesser unilatéralement cette
relation.
C : l’importance de la conscience émotionnelle comme
entrave fondamentale à la connaissance de soi, qui forme la clé de voûte de « Vie,
conscience et partage », n’a-t-elle pas son origine dans cette triste
anecdote ?
P : il est certain que les ravages occasionnés par
une conscience émotionnelle mal maîtrisée peuvent être sources de réflexions si
l’on parvient à prendre suffisamment de recul pour analyser la situation.
C : mais il aura fallu du temps !
P : le temps possède de multiples facettes, l’une
d’entre elles peut s’avérer un outil précieux pour la compréhension.
C : et après cet épisode traumatisant ?
P : avant tout, je souhaite revenir sur ce qu’a
représentée cette rencontre avec Philippe dans le processus qui devait mener à
cet intérêt pour la connaissance de soi. Elle fut fondamentale, essentielle,
car elle aura permis d’ancrer solidement dans la conscience d’alors cette inclination
pour la spiritualité.
C : la spiritualité n’est pas nécessairement la
connaissance de soi !
P : effectivement, mais elle s’en rapproche bien plus
que ne le ferait un dogmatisme politico-économique !
C : c’est sûr !
P : c’était l’année 1974...
C : ça pourrait pas se chanter ?...
P : ça pourrait, mais je n’ai pas trouvé !
C : donc, et après ?...
P : la lecture des ouvrages de Rampa continua
d’alimenter ce goût pour l’ésotérisme aux alentours de 1978. Là, une parenthèse
s’installa jusqu’en 1983, où un certain Claude, qui pratiquait déjà cet art,
conseilla de le suivre dans la voie du yoga.
C : ah oui ! Je le connais bien !... Un bon
conseil... ! Je me souviens parfaitement de cette période, du lieu (dans
le 13ème arrondissement), et surtout du Professeur extraordinaire :
Roland !
P : voilà !...Une multitude de souvenirs communs !
C : c’est étonnant que tu n’ait pas été attiré plus
tôt par cette discipline, vu tes orientations précédentes ?
P : cette question va permettre, à partir d’une anecdote,
de développer un point important.
C : ah, très bien, j’adore les anecdotes !
P : ce n’est pas transcendant, mais cela montre bien
certains mécanismes mentaux. Dans ses livres, Rampa, chaque fois que l’occasion
se présentait, dissuadait les Occidentaux de : pratiquer le yoga (inadapté
à leurs articulations), et d’adopter un régime végétarien (on n’est pas des
ruminants). Ces conseils, inéclairés...
C : ...pour le moins !
P : comme tu le soulignes avec raison ! Donc,
ces avertissements m’ont tenu éloigné de ces deux pratiques jusqu’en 1983
(yoga) et 1984 (régime végétarien).
C : en plus, je sais que tu n’aimes pas, et que tu
n’as jamais aimé la viande.
P : c’est exact.
C : je suppose que la découverte du yoga t’a conduit
à t’informer sur ce type de régime, et que là, en connaissance de cause, tu
l’as adopté ?
P : encore exact. La morale de l’histoire...
C : ...c’est ce que disait Bouddha il y a 25
siècles...
P : ...qu’est-ce qu’il disait, entre autres ?...
C : « Ne
croyez à rien sur la seule autorité de vos aînés ou de vos instructeurs, mais
ce que vous avez vous-même éprouvé, expérimenté et reconnu pour vrai. »
P : c’est la sagesse qui parle par ta bouche !
C : je n’ai fait que prêter ma « bouche » à
Bouddha !
P : oui, et 2 500 ans après, ça fonctionne
toujours ! Mais il convient d’apporter un préalable essentiel.
L’expérience peut être trompeuse et mener à l’égarement, notamment lorsque le
crible sélectif s’avère être la conscience ordinaire. Il faut donc atteindre
une capacité de discrimination importante dans la connaissance de soi. Une fois
encore, priorité doit être donnée à l’attention pour bannir les égarements,
mais surtout les certitudes qui reposent bien souvent sur des fondations
mouvantes. Sinon, voici ce que j’aurais dû faire plus tôt...
Voilà, c’est ce que j’aurais dû faire plus tôt...
C : ...tu as fini par le faire. J’ai pas entendu
quelque chose à propos du temps il y a peu ?
P : heureusement que tu es attentif !
C : je gère la continuité du récit. Et où le yoga
t’a-t-il mené ?
P : à perdre 20 kilos !...
C : ah bon ?! Je m’en souviens pas...
P : on ne se voyait plus alors. C’était pendant ma
période « yogi full-time ».
C : ah oui ! Je me souviens du début de cette
période, et pour tout dire...
P : ...dis tout !
C : tu étais un peu chiant à l’époque !
Excuse-moi...
P : tu as raison, c’est un mot qui résume
parfaitement la situation d’alors !
C : et comment cela s’est-il passé ?
P : « excès de bien peut nuire ». C’est
ainsi que l’on peut résumer cette « tranche de vie »...
C : ...pas épaisse, avec 20 kilos en moins ! En
plus, tu étais plutôt svelte à l’époque !
P : en plus, oui...
C : et donc ?
P : comme ce qui a mené à cet état pouvait aider à
comprendre certaines postures mentales rigides, il a fait l’objet d’un texte
qui sera inclus dans ce journal...
C : ...sous quel titre ?
P : « Lorsque le corps s’exprime, soyons humble,
écoutons-le ! »
C : la voie de l’humilité, elle peut conduire très
loin !
P : si l’on ne se perd pas en route, oui.
C : donc, je suppose qu’après cet intermède, tout est
rentré dans l’ordre ?
P : oui. La vie continue...
C : et elle continue vers où ?
P : une multitude de voies spirituelles.
C : plus précisément ?
P : après le yoga, et dans l’ordre : mission
Ramakrishna, retraite dans un monastère chrétien, méditation zen, retraite dans
un centre tibétain, lecture des enseignements de Krishnamurti, centre spirite.
Il faut également mentionner une « pause » de cinq ans environ entre
la fin de la lecture des enseignements
de Krishnamurti et le début de la fréquentation du centre spirite.
C : houlà ! Quel patchwork spirituel ! Et
des questions en perspective !
P : vas-y...
C : quelle durée respective, dans chacune des voies ?
P : de quelques jours à quelques années.
C : ah oui ! Qu’est-ce que tu cherchais ?
P : des réponses à un questionnement sur la façon de
connaître sa nature profonde. Egalement
une « figure tutélaire » inspirant confiance, et qui serait capable
de répondre à toutes ces questions.
C : d’où cette multiplicité de « contacts ».
P : cela va sans dire.
C : et sur quelle base tu quittais l’un pour
rejoindre l’autre ?
P : soit le simple fait de ressentir que cette voie
ne convenait pas, où bien l’incompatibilité avec la personne qui inspirait
cette dernière.
C : je vois que tu mentionnes Krishnamurti, tu as lu
plusieurs de ses ouvrages ?
P : pratiquement tous.
C : je m’en doutais un peu. J’ai parcouru
quelques-uns d’entre eux après que tu l’as cité dans la présentation de
l’attention (Un dialogue entre amis § 3.3.1.). Celle-ci constitue vraiment
le centre de son enseignement. Je m’excuse un peu, mais...
P : ...ne t’excuse pas, dit simplement ce que tu
souhaites.
C : c’est vrai, c’est tellement plus facile lorsque
l’on présente les choses simplement, sans intention de nuire, mais uniquement
pour clarifier le propos.
P : donc ?
C : tout ce que tu exprimes sur l’attention n’est-il
pas une redite de ses enseignements ?
P : oui et non.
C : ça a le mérite de ne pas être clair !
P : des explications s’imposent alors ?
C : tout à fait !
P : oui, parce que : le thème est identique, et
être attentif correspond à un état naturel de la conscience, non pas
inconscient et systématique comme peut l’être la respiration, mais une qualité
susceptible d’être cultivée ; non car : la façon d’aborder ce thème
diffère, il a été assimilé et la restitution qui en résulte passe par le filtre
de la conscience, proposant une autre lecture en quelque sorte.
C : et l’intérêt ?
P : cela participe à une extension de la
compréhension globale.
C : mais encore ?
P : élargissons le débat.
C : c’est bien !
P : considérons les thèmes qui se rapportent à
l’existence, une fois que l’on a distingué : la vie, l’amour et la mort,
le reste peut y être rattaché de près ou d’un peu plus loin. Mais si l’on prend
la peine de consulter la littérature qui se rapporte à ces sujets, la
multiplicité des abords possibles permet quasiment à chaque personne intéressée
de trouver son bonheur dans ce foisonnement d’idées, pourtant toutes dérivées
des trois thèmes initiaux. Concernant l’attention, ce sujet, bien que largement
développé par Krishnamurti, ne lui appartient pas, il occupe également une
place essentiel dans certaines traditions bouddhistes (Vipassana, par exemple),
et autres voies d’éveil.
Ayant évoqué avec quelques personnes la philosophie de
Krishnamurti, et conseillant la lecture de ses livres, j’obtenais parfois en
retour un sentiment de totale incompréhension. Ce n’est pas la technique qui
importe, mais la façon de la transmettre afin qu’elle puisse être perçue,
saisie et assimilée par les personnes qui peuvent en être destinatrices.
C : c’est pour cela que tu disais dans « Un dialogue entre amis », à propos de l’attention et de la respiration
consciente : « Ces
connaissances sont faites pour être partagées. Pas besoin d’être un expert !
L’attention et la respiration consciente sont des postures naturelles. Chacun
est capable de les pratiquer, d’en ressentir les bienfaits, et donc de le
transmettre. »
P : voilà. Il est possible de faire une analogie avec
la musique...
C : ...cela rappelle les écoutes musicales avant, ou
après nos conversations.
P : la musique tient une place essentielle dans
l’existence. Donc, en musique, il existe les
accords fondamentaux et les harmoniques : ces derniers, pouvant
varier indéfiniment, sont comme l’expression personnalisée d’un thème de base.
Ce qui importe avant tout, c’est que chacun puisse choisir, écouter et se
satisfaire de cette musique !
C : évidemment.
P : une autre question ?
C : ah oui ! Pourquoi, et surtout, comment !
La fréquentation d’un centre spirite après le parcours précédant ?
P : étonnant, non ?
C : plutôt, oui !
P : la curiosité, après une conversation avec une
personne intéressée à cette thématique.
C : et qu’est-ce que cela t’a apporté de plus ?
P : au-delà de la curiosité, deux choses
essentielles...
C : ...franchement, je ne l’aurais pas imaginé !
P : comme quoi...
C : donc, ces éléments majeurs ?
P : une rencontre personnelle importante, ainsi
qu’une perception plus intense des effets de la conscience émotionnelle.
C : on y revient encore ! En fait, tu redevenais
immodérément dépendant de tes émotions ?
P : c’est un peu ça, oui.
C : un peu ?
P : plus qu’un peu !...
C : c’est mieux ! Et comment cela s’est-il
terminé ?
P : bien.
C : tant mieux ! Mais encore ?
P : par une compréhension plus lucide de la
conscience émotionnelle : le rôle de la mémoire, le cheminement de la
pensée, les effets psychiques, la place des émotions dans la société...
C : un déclencheur important, finalement.
P : j’oserais dire fondamental pour la suite des
événements !
C : ose, ose ! Et je suppose qu’après cela tu as
commencé à écrire les textes sur la connaissance de soi ?
P : pratiquement. A un ou deux mois près, la fin de
la fréquentation du centre spirite (de 2005 à 2008) coïncida avec les premiers
textes perçus intuitivement.
C : d’abord au Bois de Vincennes, et transcrits
directement sur des carnets ?
P : tu connais la suite.
C : oui. Autre chose à dire ?
P : non, sinon que...
C : ...donc, oui !
P : on se laisse prendre facilement à ce type de jeu !
C : quand on n’est pas attentif, oui !
P : cette réflexion ne pouvait être mieux placée !
C : et ce dernier mot ?
P : le processus de réception intuitive des textes
continue depuis la diffusion de « Vie, conscience et partage » sur
Internet. Un certain nombre de carnets en témoignent, ils contribuent
actuellement à l’écriture de deux types de texte...
C : ah oui, lesquels ?...
P : j’y arrive. Le premier a pour sujet une mise en
perspective de l’évolution : cosmos, vie, conscience ; le second
constituera le recueil des textes non intégrés dans un projet particulier...et
dont la présentation, sur ta demande,
reprendra le dialogue que nous engageons actuellement.
C : très bien ! Je vais suivre attentivement le
premier projet.
P : ta présence et tes suggestions sont toujours les
bienvenues.
C : j’aimerais juste poser une dernière question ;
P : oui.
C : en suivant le parcours qui t’a mené à recevoir
ces textes...
p : ...recevoir n’est peut-être pas le terme
approprié.
C : je dis « recevoir » car, pour
l’essentiel, ils empruntent la voie de l’intuition.
P : pardon, d’accord. Continue...
C : je disais donc : ce cheminement ne devait-il
pas aboutir logiquement à cette réflexion sur la conscience émotionnelle, avant
d’aborder la connaissance de soi ? Et n’y avait-il pas là une forme de
prédestination ?
P : je te remercie pour ces « deux
dernières » questions, il est possible que l’on soit reparti pour un
certain moment !
C : on a le temps.
P : c’est vrai, on a le temps.
C : alors, allons-y. Enfin, vas-y...
P : j’y vais. A la base, on peut définir l’existence
comme une suite de choix servis par des inclinations ou des aversions. Cela
fixe le cercle dans lequel s’inscrira cette existence.
C : oui.
P : avec le temps, les options peuvent se diluer,
disparaître, remplacées par d’autres, ou se renforcer. Il est évidemment
possible de suivre une trajectoire particulière, de la décrire, éventuellement
de vouloir l’analyser et l’expliquer.
C : je te suis.
P : petite digression.
C : ah, enfin !
P : c’est un aphorisme bien connu : un long
voyage commence toujours par un premier pas...
C : ...et il arrive parfois que c’est le premier pas
qui coûte !
P : ça arrive, ça arrive !...Une fois bien
engagé, et bien avancé sur le chemin, on apprécie de faire une pause et prendre
le temps de contempler le panorama, notamment si un point de vue en hauteur est
atteint. Après ces quelques instants de scrutation, observant l’endroit d’où la
randonnée débuta, un sentiment mêlé d’étonnement et de satisfaction s’empare du
promeneur, et l’on pourrait traduire sa pensée par ces mots : « Quel
chemin parcouru ! Jamais je n’aurais cru pouvoir parvenir jusqu’ici ! »
C : et il en est de même des « chemins » de
l’existence ?
P : exactement. Tu connais l’arbre des choix ?
C : oui. Sur une feuille de papier : on trace un
trait horizontal, figurant le début du modèle, à partir duquel on accole deux
traits divergents (un à gauche, l’autre à droite) représentant un choix ;
ces deux traits supportant chacun deux autres segments opposés, et ainsi de
suite...
P : tout à fait. Eh bien l’arbre des choix illustre
admirablement le sentiment que l’on peut éprouver en découvrant le parcours
d’une personne, particulièrement si l’on se focalise sur la situation actuelle,
ignorant tous les éléments et les circonstances qui ont rendu cela possible !
C : d’où l’étonnement parfois lorsque l’on ne connaît
qu’une partie du cheminement, que l’essentiel des informations retraçant les
étapes de formation et d’apprentissage sont inconnues.
P : sur cette même base, il faut rester très prudent
en matière de jugement.
C : c’est entendu. Et donc on peut bien affirmer que
la conscience émotionnelle, assez pressante chez toi, t’a conduite à cette
recherche.
P : la conscience, c’est le champ des possibles, une
multitude d’occasions. Il convient donc d’avancer prudemment et de bien
vérifier tous les aspects d’un point de vue avant d’affirmer quoi que ce soit.
On peut simplement déclarer que parmi l’ensemble des évolutions possibles
émanant d’une conscience émotionnelle ardente, l’une d’elles pouvait
occasionner une réflexion sur sa nature.
C : une réponse appropriée qui permet d’embrayer sur
la prédestination. Etait-ce le cas pour toi ? Estimes-tu avoir été voué à
cette recherche particulière ?
P : vaste sujet ! Et pour tenter de
l’appréhender à une plus juste mesure abandonnons immédiatement l’aspect
personnel, qui de toute façon serait inconvenant et biaisé car trop subjectif.
Donc, de façon générale, que dire de la prédestination ?
C : très bien, élargissons le débat !
P : lorsque l’on observe les capacités des personnes,
il est indéniable qu’il existe des facilités et des prédispositions pour
l’apprentissage de certaines matières ou techniques. Ceci étant posé, la
question immédiate concerne l’origine de ces aptitudes : capacité du
cerveau, milieu, éducation...
C : ...réincarnation, évolution de la conscience,
mission de vie.
P : pourquoi pas, n’écartons rien a priori.
C : ça devient intéressant !
P : ne serait-ce pas là le signe d’avoir opté pour un
biais, une explication particulière, plus à partir d’un signal émotionnel qu’un
véritable désir de connaître ?
C : tu gâches tout !
P : c’est pour essayer de recadrer les choses afin de
parvenir à une réponse globale, non contaminée par une aspiration personnelle.
C : bon, je me reprends.
P : poursuivons l’investigation sur ces fameuses
prédispositions. On peut distinguer celles qui nécessitent des connaissances
spécifiques, complexes, et d’autres plus accessibles. Formulons une hypothèse :
la première catégorie concerne tout ce qui implique la maîtrise de techniques
spécifiques, tandis que la seconde se rapporte à la connaissance de soi.
C : oui.
P : la première classe de connaissances est bien
définie car inscrite dans le modèle éducatif et culturel de la société. Parmi
l’ensemble des étudiants qui suivent les cursus proposés, des distinctions se
manifestent dans l’aptitude à intégrer les savoirs, on parle de facilités, de
talents, voire de génie.
C : et ce n’est pas identique pour la connaissance de
soi ?
P : il y a deux éléments fondamentaux qui distinguent
ces connaissances, formant une véritable séparation, une cloison pratiquement
étanche dans leurs approches respectives : l’origine et l’apprentissage.
C : commençons par l’origine, cela semble logique.
P : chaque matière qui relève d’un domaine
particulier nécessite d’assimiler un langage, une technique spécifique pour
maîtriser le sujet. Par exemple, les bases nécessaires à la connaissance des
mathématiques ou de la psychologie diffèrent totalement. Bien sûr, des
similitudes existent lorsque les disciplines appartiennent à un domaine identique ou proche, c’est le concept
de tronc commun (les mathématiques pour les enseignements scientifiques).
C : l’apprentissage, maintenant.
P : il découle de cette quasi-exclusivité que les
méthodes d’assimilation des connaissances s’en trouvent singulièrement
limitées, pour ne pas dire unique dans certains cas. Cela est commandé par la
matière et l’auditoire : s’assurer que les futurs médecins, quelles que
soient leurs origines géographiques, disposent d’un savoir identique pour
exercer leur art.
C : et la connaissance de soi ?
P : examinons ces deux aspects.
C : donc, le premier, cette connaissance en
elle-même.
P : bien qu’elle semble multiforme dans son
expression, elle est unique par sa nature même : la connaissance de soi,
au-delà de la conscience ordinaire, celle qui justement manifeste cette
diversité...et finalement sépare ! C’est ce que révèlent tous les enseignements
traditionnels, émanant de cultures dissemblables, mais délivrant un message
identique : ce qui EST, ce qui subsiste lorsque le voile des apparences
tombe, c’est l’unité.
C : et « l’étude » de la connaissance de soi ?
P : contrairement à l’ensemble des disciplines
formant la totalité du savoir humain, dont on a vu qu’à l’exception d’un
éventuel tronc commun, elles finissent par diverger, l’approche de la
connaissance de soi, dont la finalité est unique, peut se faire par des voies
multiples. Ce que l’on peut résumer par : de nombreux chemins mènent à la
connaissance de soi, mais ces chemins ne sont pas cette connaissance.
C : qu’importe et tant mieux, à chacun le sien !
P : plus concis et sans équivoque, parfait !
C : j’en rougis !
P : c’est le moment de rester vigilant pour ne pas
basculer dans la conscience émotionnelle !
C : j’allais l’oublier celle-là ! Pour s’y
soustraire, un complément d’information.
P : oui.
C : même si présentée ainsi, la connaissance de soi
semble plus accessible : nombreuses voies, certaines simples et naturelles
car reposant sur des capacités inhérentes de l’être humain (attention,
respiration), il n’en demeure pas moins que cela peut demeurer inaccessible à
certaines personnes, et qu’ici aussi les prédispositions existent. Comment
répondre à cela ?
P : par le silence...
C : certes, mais j’aurais espéré autre chose !
P : toujours le duo de questions, donc...
C : ...commençons par la première !
P : comme il n’y en a pas d’autres avant !
C : on est d’accord là-dessus !
P : les difficultés rencontrées. La multitude des
voies possibles simplifie l’accès à la connaissance de soi, mais la simplicité
ne signifie pas l’aisance. C’est le même processus à l’œuvre lorsque l’on dit à
une personne, après lui avoir expliqué plusieurs fois un exercice que l’on
maîtrise parfaitement : « Mais c’est simple ! Comment ça se
fait que tu ne comprennes pas ? »
C : ça fait vraiment plaisir quand on s’entend dire
ça !
P : voilà ! De même que pour tout apprentissage,
celui de la connaissance de soi peut s’avérer insurmontable. De plus, la
barrière est autre, il faut le savoir et en tenir compte. En effet,
l’apprentissage d’une technique passe par la réflexion, l’intellect, alors que
la connaissance de soi suppose certes la compréhension d’éléments qui
nécessitent l’approche intellectuelle, mais agit essentiellement sur la
conscience émotionnelle.
C : et l’on sait qu’elle n’est pas commode, qu’elle
se rebelle facilement si on la sollicite de trop !
P : c’est le nœud du problème. Donc, simple dans son
approche, oui, facile dans la pratique et la durée, cela dépend de chacun.
Autant de consciences, autant de perceptions du changement apporté.
C : la différence des obstacles rencontrés entre
l’étude d’une matière académique et l’accès à la connaissance de soi
n’offre-t-elle pas aussi des avantages ?
P : oui. Voyons cela. L’approche intellectuelle des
connaissances implique au moins deux conditions : la préparation
psychologique à l’assimilation des connaissances par le choix du lieu et du
moment ; le préalable ou l’effort avant l’effort, se replonger dans la
matière étudiée, solliciter la mémoire. Observons maintenant ce qu’il en est du
côté de la connaissance de soi. Pour fixer les idées, considérons son abord par
l’attention ou la respiration consciente...
C : ...tiens, c’est étonnant, je ne m’attendais pas à
cette approche...
P : il est bon parfois de surprendre.
C : en effet, pour une surprise, ça c’en est une !
P : laissons passer quelques instants pour que tu te
remettes de cette stupéfaction...
C : ça y est, je suis disponible à l’écoute.
P : bien. Ces techniques peuvent être pratiquées à
tout moment de la journée sans préliminaire, si ce n’est la simple décision de
s’y appliquer. La difficulté réside dans l’état mental où l’on se trouve, si la
conscience émotionnelle est omniprésente, des obstacles ne manqueront pas de se
manifester. Un autre facteur reste à considérer.
C : lequel ?
P : le temps. A chaque nouvel accès, l’étude suppose
une durée minimum avant d’être efficace. Etre attentif ou respirer consciemment
se fait dans l’instant. La difficulté consiste souvent à persister dans cette
attitude. Si cela semble insurmontable, il est possible de multiplier et
répartir dans la journée les accès à ce type de pratique, l’abandonnant dès que
les désagréments apparaissent. Quoi qu’il en soit, il est une phase que l’on ne
peut exclure : la volonté.
C : d’accord. Et les prédispositions ?
P : les nier serait absurde, elles existent
indubitablement.
C : et donc, indubitablement, que faut-il en penser ?
P : qu’elles proviennent des acquis développés dans
les vies antérieures.
C : ???...
P : c’est bien toi qui as évoqué le concept de
réincarnation dans cet aspect des choses ?
C : oui, mais...
P : tu es surpris que je m’y réfère d’emblée aussi
promptement.
C : pour le moins !
P : c’était pour attirer l’attention sur cette notion
de prédisposition...
C : ...ça fait beaucoup de sons en
« tion ».
P : tu trouves aussi ?
C : c’est mes oreilles surtout !
P : bien sûr. Peut-être faudrait-il songer à
introduire une part de rimes et de poésie dans ces dialogues ?
C : je ne te suivrais pas sur cette voie.
P : tu as raison, un moment d’égarement. Reprenons.
C : c’est ça, reprenons.
P : donc, en prenant l’exemple de la réincarnation,
qui est loin de faire l’unanimité pour expliquer les aptitudes particulières,
il s’agissait en quelque sorte de frapper un grand coup !
C : c’est bien ce que j’ai ressenti !
P : mais en fait, qu’importe l’origine que l’on
accorde à ces prédispositions, notamment en matière de connaissance de soi. Car
le sentiment que l’on cultive sur ce thème finira toujours par se loger dans la
conscience émotionnelle, un mode de fonctionnement qu’il faut absolument éviter
d’attiser lorsque l’on a choisi de se consacrer à cette voie. Donc, oui les
prédispositions et les facilités qu’elles octroient existent, mais : ne
nous y arrêtons pas, ne les prenons pas en considération, soyons simplement
présent dans ce que nous faisons pour avancer dans la voie que nous avons
choisie.
C : effectivement, ça éclaircit la situation. Quelque
chose à rajouter ?
P : le thème fondamental abordé dans l’ensemble des
textes présentés sur ce blog se rapporte au changement de niveau de conscience.
L’observation du changement, c’est pour les autres...ou pour soi lorsque la
conscience émotionnelle s’en empare.
C : ça suscite des questions...Mais j’arrêterais là,
disant simplement que c’est cohérent. Place aux textes alors.
P : (garde un instant le silence)
C : oui ?
P : je souhaite rajouter quelque chose.
C : bien sûr, quoi ?
P : des éléments qui, à mon sens, permettraient
vraiment de « solder » tout ce qui gravite autour de la notion de
particularisme.
C : particularisme qu’est-ce à dire ?
P : qui se rapporte exclusivement à la personne dans
sa façon de s’approprier un sujet et de le gérer.
C : c’est plus clair.
P : tu as dit : « on peut bien affirmer que la conscience émotionnelle, assez pressante
chez toi, t’a conduite à cette recherche. »
C : je confirme. C’est sur ce point que tu veux
rajouter quelque chose ?
P : oui.
C : je te prête une oreille attentive...Allez,
j’irais même jusqu’à deux !
P : je ne sais pas si je le mérite ?
C : on verra !
P : bon. L’idée que les déboires occasionnés par la
prédominance de la conscience émotionnelle puissent inciter à réfléchir sur son
mode de fonctionnement, d’en savoir un peu plus sur ses mécanismes, d’observer
les conséquences sur sa manière d’être et tenter d’y remédier s’avère une piste
logique et sérieuse.
C : jusque-là j’ai bon alors !
P : jusque-là...Maintenant, que peut-on aligner face
à cette déduction ? Une possibilité et des alternatives : l’absence
de déclic et de réflexions sur les causes du problème ; la volonté de
s’atteler à la question, et une multitude de réponses propres à la
personnalité, au vécu de chacun.
C : deux voies se distinguent, mais bien reliées à la
cause première.
P : naturellement, ce sont les alternatives qui
provoqueront l’intérêt. Elles appartiennent en propre aux personnes qui les
manifestent, participant ainsi à la compréhension et l’évolution de chacune
d’entre elles.
C : ce que tu appelles le
« particularisme ».
P : oui. Il ne faudrait donc pas s’attarder à juger
cela. C’est comme la propagation des ondes produites par la pierre tombant au
milieu d’un lac : si un seul caillou est lancé et l’étendue d’eau vaste,
les ondes se propageront sur toute la surface ; en cas de jets multiples
et de nombreux obstacles, des interférences apparaîtront, annulant ou
renforçant cette propagation. Ce qui importe, c’est la « résonance »
des ondes avec la conscience qui les reçoit, comment elle interagit avec elles.
Tout le reste relève de la conscience émotionnelle, évitons de l’activer.
C : donc, pas de commentaires sur la façon dont cela
s’est manifesté chez toi, et son aboutissement ?
P : non, car on tomberait rapidement dans
l’expression de la conscience ordinaire (réflexion, émotion), l’important c’est
la finalité : cela peut-il aider d’autres personnes ? Et dans
l’affirmative, le partager.
C : j’aimerais évoquer une autre situation, qui
s’intègre parfaitement dans ce contexte, et
qui m’intéresse tout particulièrement parce que j’y étais partie
prenante.
P : je t’écoute...
C : j’ai remarqué que lorsque tu répondais à des
questions sur des thèmes se rapportant à la connaissance de soi, ou à propos
des difficultés que l’on rencontre au quotidien, les éléments de réponse
venaient assez spontanément, correspondaient bien à l’attente, et se
comprenaient aisément...
P : j’en rougis d’émotion !
C : manque d’attention, je suppose !
P : certainement.
C : et donc, je voulais savoir comment cela se
construisait ?
P : tu veux dire l’agencement des éléments de réponse ?
C : oui. Quelle est la part respective de la
recherche, de la réflexion et de la mémoire.
P : on peut s’amuser à un petit jeu qui consisterait
à disséquer le contenu d’une réponse à une question, d’un raisonnement,
espérant y trouver un processus bien huilé respectant des étapes précises
aboutissant aux propos énoncés.
C : c’est l’idée. Et peux-tu distinguer ces étapes ?
P : désolé, je ne peux y répondre, étant dans
l’incapacité de les identifier.
C : Oh...
P : mais je peux dire ceci...
C : Ah !...
P : il n’y a pas de réflexion ou de stimulation de la
mémoire, du moins consciemment, mais la perception que les éléments de réponse
se présentent et s’enchaînent d’autant plus facilement que l’attention portée à
la personne qui pose la question est intense.
C : comme ce qui te vient spontanément à l’esprit, et
que tu notes sur tes carnets ?
P : oui concernant la survenue de ces éléments de
pensée, mais avec une différence essentielle : les textes intuitifs
ne préviennent pas, et leur teneur est inconnue alors que les réponses suivent
le questionnement et lui correspondent.
C : c’est vrai. D’ailleurs, j’avais remarqué pour le
contenu des réponses. Donc, cela ne s’apprend pas ?
P : suivant le sens commun attribué à l’apprentissage :
éducation, efforts, études...Non. Mais une évolution a pu être constatée.
C : des éclaircissements...
P : si tu m’avais posé cette question il y a quelques
années...
C : je la pose rétrospectivement alors !
P : après quelques mois consacrés à la connaissance
de soi par la voie de l’attention, ce que tu as observé dans l’agencement des
réponses se manifestait de façon sporadique, et servait plutôt de support à des
réflexions ultérieures.
C : il y a donc progression des effets produits par
l’attention dans cette voie !
P : je dirais des changements, il faut se méfier des
conclusions trop hâtives, souvent motivées par le désir.
C : que dire, alors ?
P : que la stimulation de l’attention maintenue
régulièrement transforme très certainement la conscience, et que cela est perçu
par la personne et son entourage, du moins inconsciemment. Mais que les effets
ne peuvent être dirigés ou connus par avance, notamment lorsqu’ils ne sont pas
soutenus à l’origine par une demande particulière, qu’ils ne résultent pas du
désir d’obtenir certaines facultés.
C : et si c’était le cas ?
P : attention jeune homme...
C : jeune ?!
P : c’était pour renforcer l’apostrophe !
C : dans ce cas...
P : donc, attention ! En effet, le champ de la
conscience est tellement vaste, on part en terrain inconnu. Vouloir imposer une
volonté pourrait avoir des conséquences regrettables.
C : n’est-ce pas là une mise en garde sur la
recherche de l’attention ?
P : tu fais bien de poser cette question. Pour que
cela soit clair et ne souffre d’aucune ambiguïté : pas de problème avec
l’attention car la vigilance qu’elle instaure guide naturellement la conscience
sur des chemins fiables ; mais vouloir s’immiscer, lui prescrire des buts,
c’est inviter la conscience émotionnelle, comme l’on introduirait le loup dans
la bergerie. Les réponses intuitives sont une facette de l’attention, pas
nécessairement reproductible chez toutes les personnes qui la cultiveraient.
C : donc ?
P : simplement accueillir avec bienveillance ce qui
se présente, sans désir ni attente.
C : c’est dans ce sens qu’il faut comprendre que
cela ne s’apprend pas ?
P : tout à fait.
C : pour résumer : l’essentiel, c’est la réponse
que chacun porte en lui-même et le soin qu’il apporte pour la saisir, la faire
évoluer et la partager lorsqu’il comprend que cela peut aider d’autres
personnes. Tout cela à sa façon !
P : c’est bien résumé.
C : très bien. Bon, cette fois, c’est vraiment fini,
place aux textes !
P : place aux textes...l’attention, pas
nécessairement reproductible chez toutes les personnes qui la cultiveraient.
C : donc ?
P : simplement accueillir avec bienveillance ce qui
se présente, sans désir ni attente.
C : c’est dans ce sens qu’il faut comprendre que
cela ne s’apprend pas ?
P : tout à fait.
C : pour résumer : l’essentiel, c’est la réponse
que chacun porte en lui-même et le soin qu’il apporte pour la saisir, la faire
évoluer et la partager lorsqu’il comprend que cela peut aider d’autres
personnes. Tout cela à sa façon !
P : c’est bien résumé.
C : très bien. Bon, cette fois, c’est vraiment fini,
place aux textes !
P : place aux textes...si c’était le cas ?
P : attention jeune homme...
C : jeune ?!
P : c’était pour renforcer l’apostrophe !
C : dans ce cas...
P : donc, attention ! En effet, le champ de la
conscience est tellement vaste, on part en terrain inconnu. Vouloir imposer une
volonté pourrait avoir des conséquences regrettables.
C : n’est-ce pas là une mise en garde sur la
recherche de l’attention ?
P : tu fais bien de poser cette question. Pour que
cela soit clair et ne souffre d’aucune ambiguïté : pas de problème avec
l’attention car la vigilance qu’elle instaure guide naturellement la conscience
sur des chemins fiables ; mais vouloir s’immiscer, lui prescrire des buts,
c’est inviter la conscience émotionnelle, comme l’on introduirait le loup dans
la bergerie. Les réponses intuitives sont une facette de l’attention, pas
nécessairement reproductible chez toutes les personnes qui la cultiveraient.
C : donc ?
P : simplement accueillir avec bienveillance ce qui
se présente, sans désir ni attente.
C : c’est dans ce sens qu’il faut comprendre que
cela ne s’apprend pas ?
P : tout à fait.
C : pour résumer : l’essentiel, c’est la réponse
que chacun porte en lui-même et le soin qu’il apporte pour la saisir, la faire
évoluer et la partager lorsqu’il comprend que cela peut aider d’autres
personnes. Tout cela à sa façon !
P : c’est bien résumé.
C : très bien. Bon, cette fois, c’est vraiment fini,
place aux textes !
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